Chapitre 4 - Partie 2

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Gabriel acquiesça d'un hochement de tête, puis sortit une couverture de son sac. Inwë sentit que, même si elle avait dormi plusieurs heures, elle était encore épuisée. Tous ses muscles étaient tendus par la journée éprouvante qu'elle venait de passer. Elle s'endormit à l'instant ou sa tête toucha la banquette pour ne se réveiller qu'au petit matin.

Elio somnolait toujours, cependant il ouvrit les yeux alors qu'elle se tournait vers lui.

— Bonjour.

— Bonjour, répondit-il avec une voix plus rauque qu'à l'habitude. Où-suis-je ?

— Dans une cabane. Nous sommes sur la route pour rejoindre la Forêt des Songes. Tu t'en souviens ? demanda patiemment Inwë.

Le jeune homme acquiesça en fronçant les sourcils, signe qu'il réfléchissait et se frottant machinalement le cou.

— Je crains qu'avec le temps tu ne gardes cette voix éraillée. Mais ça devrait ajouter à ton charme et plaire aux demoiselles, le taquina-t-elle.

— Je me souviens que l'homme m'a tranché la gorge et que Gabriel a ralenti ma perte de sang. Ensuite, je t'ai vue sur moi, et j'ai senti ton don se répandre en moi, puis plus rien jusqu'à ce que je me réveille il y a quelques instants.

— Tu ne te souviens rien d'autre ? demanda la Fille de la Lune, songeant à la jeune femme qui avait eu l'air de le bouleverser.

— Non, pourquoi ?

— Pour rien, l'important est que tu vives.

— Merci, dit-il gravement. Encore une fois, je te dois la vie.

— Ce n'est rien. J'aurais tout fait pour te garder vivant.

Ils n'ajoutèrent rien, Inwë aida le jeune homme à manger, puis il se recoucha et s'endormit presque instantanément. La Fille de la Lune se leva et enfila sa veste avant de sortir dehors. Gabriel était devant la porte, sa cape sur les épaules. Il semblait guetter les environs et ne se tourna pas pour la saluer.

— Comment va-t-il ?

Cette fois-ci, il se tourna vers elle et elle fut surprise de voir de l'inquiétude dans ses yeux. Puis elle se souvint de la terreur lointaine qui avait voilé son regard la veille. Il semblait réellement soucieux de la santé d'Elio. Pourtant, il n'était pas le genre d'homme à dévoiler ses émotions, encore moins pour quelqu'un dont il se méfiait. Il y avait quelque chose de plus, elle le sentait. Mais elle ne parvenait pas à comprendre quoi.

— Il est encore fatigué, mais il est sorti d'affaire, il se remettra vite.

Un poids sembla se libérer des épaules de Gabriel. Décidément, c'était troublant. Cela ne dura pas longtemps et il remit bien vite son masque sans expression qui paraissait toutefois la juger, ce qui l'exaspéra au plus haut point.

— Je hais ce regard. Chaque fois que vous me regardez ainsi, j'ai envie de prendre ma dague et de vous la planter dans les yeux.

Ils parurent surpris tous les deux des mots qui lui avaient échappé.

— Je le sais très bien.

Et voilà qu'il continuait. Elle devait se taire, pourtant, la digue était rompue et elle ne parvint pas à se contrôler.

— Et je hais votre ton si pondéré. Je vous hais. Vous avez tué William, vous m'avez regardé abandonner mon enfant. Vous me voyez mariée au monstre à l'origine de tout ça et chaque jour, vous me jugez. Je vous hais.

Enfin. Elle avait enfin craché toutes ces paroles qu'elle avait sur le cœur depuis des années et pourtant, elle ne se sentait pas plus soulagée pour autant, au contraire. Elle était hors d'elle et Gabriel continuait à la dévisager impassible.

La légende des deux royaumes [TERMINÉ]Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz