IV. Toujours plus (1)

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On a connu la hass, traîné dans les même squares. Toujours dans les émeutes, on caillaissait les même shtars...

Plus qu'une heure... Une petite heure qui, à mes yeux paraissait colossale. Nous étions toujours sur la route. Mes jambes étaient engourdies et j'en avait assez d'entendre Abdelkader nous raconter sa vie.
Je ressentis le besoin soudain de me couper du monde, d'enfiler mes écouteurs et m'allumer un zdeh... Le besoin de s'évader.

J'avais proposé à Morgan de conduire à sa place, mais il a été intraitable : sa Merco, c'est lui et uniquement lui qui la conduit.
Je laissais mon regard se perdre dans le paysage qui défilait par la fenêtre tout en pensant aux événements qui hantaient mon esprit.

Quatre années plus tôt...

« Prêts ?

Slimane remonta la fermeture éclaire de sa veste.

- Attendez les gars, intervint Brams en fouillant dans sa poche. J'vous ai trouvé ça.

Il nous tendit deux petits appareils.

- Des oreillettes. Y'a des micros intégrés, donc à la moindre merde vous nous prévenez.

Moha et moi même nous saisissâmes de ses oreillettes, avant de les enfiler sous nos masques.

- Ok. On récapitule une dernière fois. Moha, Hichem et Lamine, vous êtes en première ligne. Slimane et moi, on vous couvre. Idriss, au volant. À la moindre merde, vous tirez. On fait pas de quartier, c'est un gros casse cette fois-ci. C'est plus les petits braquo de l'épicerie du tiek les gars, c'est du sérieux cette fois.

- C'est bon, Brams. On est prêt, intervint Idriss.

- Merdez pas sur ce coup là les mecs, reprit Brams en nous fusillant chacun du regard.
Si y'en a un qui tombe, on tombe tous.

[...]

Ça y est.

On y est vraiment.

Du haut de mes 20 piges, je contemplais la bijouterie luxueuse qui s'élevait devant moi. Une bijouterie qui contenait sûrement plusieurs millions d'euros... et cet argent sera bientôt à moi. Putain, j'vais être blindé en sortant d'ici. Si j'en sors vivant, du moins.

- Allez, foncez. J'ai retardé l'alarme, dit Idriss en tapotant sur son ordinateur. Vous avez exactement 15mn, pas une de plus. À moins que vous voulez vous faire coffrer par les shtars.

Hichem ricana mais se reprit bien vite, conscient que ça pourrait bien lui arriver.

On sortit du fourgon et nous dirigeâmes vers la porte en face de nous, qui donnait sur l'arrière de la bijouterie.

Hichem enfonca la porte qui s'ouvrit directement.

- Putain ! fit-il, surpris. C'est quoi ce bordel ? On dirait que la serrure a déjà été forcée.

- On s'en fout, s'exclama Moha. Faut se bouger !

Malgré la méfiance qui commençait à grandir en moi, je brandis mon M4 et rentra en trombe dans la bijouterie.

- LES MAINS EN L'AIR ! BOUGEZ VOS CULS ET METTEZ VOUS EN LIGNE EN FACE DU MUR ! ON HÉSITERA PAS À TIRER SI VOUS COOPÉREZ PAS ! hurlais-je.

La vendeuse et les quelques clients présents se précipitèrent derrière le comptoire.

- OH ! PUTAIN IL A DIT EN FACE DU MUR, PAS DERRIÈRE LE COMPTOIRE BANDE DE TROU DU CUL ! s'écria Slimane.

Il braqua son arme sur le sol et tira, histoire de les dissuader de désobéir.

L'appât du gain // GuizmoWhere stories live. Discover now