L'identité en déshabillé

Le temps des fêtes et ses malaises

Rencontrer sa famille lors des soupers de Noël peut être assez déstabilisant quand on a fait notre coming-out récemment et même encore plus quand on ne l'a pas fait.

Répondre aux fameuses questions du genre: «As-tu un petit ami, ma chérie?» ou «Je parie que tu la trouve super jolie, elle, mon garçon.» Et quand on a fait son coming-out on peut sentir une forme de malaise entre quelques-uns de nos membres de la famille. Comme s'ils ne savaient pas quoi nous dire ou qu'ils nous voyaient différemment qu'avant. Et quand on est trans, on peut se faire encore prendre pour notre ancien sexe et ça, ça me ferait figer.

Pour éviter ces dits malaises, je vous propose d'abord et avant tout d'avoir confiance en vous et d'être confortable avec votre orientation, votre identité. On ne sait jamais quelle sorte de bêtise sortira grand-papa Claude autour de la table le soir de Noël. Il vous partagera peut-être son admiration pour Donald Trump ou son opinion sur le mariage pour tous. Il vous faut être assez solide pour «dealer» avec ces genres de commentaires. Et je me dois de vous poser cette question: «Est-ce vraiment nécessaire d'essayer de résonner une personne qui ne veut rien savoir de la communauté LGBT+ ?» Sûrement, oui (bah dans certains cas, non) mais pas le jour de Noël, pas dans une circonstance aussi festive. Gardez votre énergie pour autres choses. Même si, bon, je ne suis pas là pour vous dire quoi faire et si vous avez envie de partager votre point de vue avec grand-papa Claude, vous avez tous les droits du monde.

Afin que votre ou vos soirées soient plus agréables, je vous propose quelques petits trucs pour que vous soyez le plus confortables possibles et que vous ayez autant de fun que tout le monde. (Même si c'est rare qu'on s'amuse vraiment dans ces soirées-là.)

- 1. Comme je l'ai dit plus haut, soyez confiants envers vous-même, ne laissez pas des commentaires comme ceux de Claude vous affecter gravement. Ces personnes-là ne savent pas vraiment de quoi elles parlent.
- 2. Vous savez probablement déjà qui se présentera à vos soirées, alors pensez déjà à lequel ou lesquels de ces invités seraient les plus susceptibles de vous énerver. Évitez-les du mieux que vous le pouvez.
- 3. Tenez vous avec les membres de votre famille avec qui vous vous entendez le mieux et qui sont ouverts d'esprit. C'est peut-être votre cousin qui joue de la batterie dans un groupe punk ou votre vieille tante Mathilde, ancienne hippie.
- 4. Tenez-vous avec des enfants. Ils n'ont pas la jugeote facile et seront sûrement hyper contents que vous vous teniez avec eux. Parlez leur du père-Noël et ils risquent de vous avoir de leur côté toute la soirée. Et souvent des jeux de poupée c'est bien plus plaisant que des discussions de grands.
- 5. L'humour peut vous être un important allié. Quand une conversation prend une tournure que vous ne désirez pas vraiment engendrer, sortez une bonne vieille blague. Si on vous questionne sur votre orientation sexuelle et que vous êtes déstabilisés, juste, riez-en. Ça ne fait de mal à personne.
- 6. Tenez-vous loin des personnes qui ont trop bu. Elles peuvent être vraiment désagréables et impolies. Et je crois qu'à Noël personne n'a vraiment besoin de «dealer» avec ça.
- 7. N'ayez pas peur de vous habiller de la manière qui vous plaît. Je sais très bien que devant certains membres de votre famille vous vous ferez juger. Mais entre vous et moi, qui ne juge pas le vieux gilet gris de tante Pauline? Ça revient au même. Et l'important c'est que vous soyez bien, vous, dans votre corps et votre esprit avec ce que vous avez envie de porter. Exactement comme Pauline.
- 8. Je vous propose un jeu qu'il m'arrive souvent de faire à Noël. Ce n'est pas quelque chose qui peut plaire à tous parce que c'est un peu risqué côté confiance, mais c'est tellement drôle. Si vous n'êtes plus capables de répondre toujours à ces mêmes questions répétitives, tante après tante et ainsi de suite, je vous propose alors de vous inventer une vie! Oui, oui, vous avez bien lu. Je m'explique. Quand grand-mère Thérèse que ne voyez qu'à Noël vous posera «Quel âge as-tu déjà?» ou «As-tu un amoureux, toi?» ou bien encore «Qu'est-ce que tu veux faire plus tard?». Inventez, inventez n'importe quoi. Et quand votre tante Aline vous posera ces mêmes questions, inventez une histoire totalement différente. Faites ça avec plusieurs personnes. Imaginez leurs faces quand elles se parleront de vous et qu'elles réaliseront qu'elles ont toutes une image différente de vous. Moi, je trouve ça hilarant.
- 9. Voici une bouée de sauvetage pour ceux qui n'ont pas fait leur coming-out. Si un cousin ou cousine vous demande si vous avez un «celebrity crush», répondez Chris si vous êtes une fille. La personne vous donnera le nom d'un célèbre Chris, et vous n'avez qu'à dire oui. Si vous êtes un garçon, répondez Jennifer.
- 10. Amusez-vous, surtout. Je ne sais pas si j'ai dramatisé tout ça, mais c'est souvent moins pire que dans votre imagination. Le temps des fêtes c'est fait pour relaxer, s'amuser et pour aimer. Alors ne vous inquiétez pas trop.

Bon temps des fêtes à tous et un joyeux Noël.

-money-in-my-jeans , 23 décembre 2016, «Le temps de fêtes et ses malaises» pour Le Placard.