Chapitre 8

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''C'est aussi ce que je pensais, mais apparemment non, si je te dis que j'ai pas de problème c'est que j'ai pas de problème! Je me suis pas débarrassée de tout ça pour pas qu'ils pensent que je ne mange pas, mais je ne suis pas malade!

-Sophie, regarde toi! Regarde tes bras, tes cuisses, tu es trop maigre.

-Je suis élancée, c'est tout. Mais regarde ce qui pend sous mes bras, et mes mollets, j'ai encore de la marge! 

-Non! Tu es maigre. Sophie putain admet que tu es anorexique! Je suis là pour t'aider à affronter ça.

-Tu es comme les autres! Je te croyais mon ami, je croyais que tu me faisais confiance! Je suis pas malade alors putain dégage d'ici!''

Et sans un mot il est sorti, il a même pas claqué la porte. Il m'a regardé longuement, avec des yeux encore plus abyssaux que d'habitude. Il a tort! Je ne suis pas malade, il est comme tous les autres, il se trompe. Quel con.

Et merde je pleure, mon maquillage doit plus ressembler à grand chose. Et c'est là, à ce moment précis que je me rends compte que pour me voir dans un miroir il faut aller dans la salle de bain, là où il y a une petite glace, juste assez grande pour voir mon visage. Mais surtout lui faisant face, un grand miroir que j'évite depuis si longtemps. Ça fait 4 mois que je ne me suis pas regardée entièrement, et d'un coup, ça me manque, je ne sais pas à quoi ressemble mon corps. Je cours dans le couloir, avec ma petite robe bleue à bretelle, et me retrouve dans la salle de bain commune. Après un instant d'hésitation je me décide à me regarder. C'est vrai que mes bras sont assez fins, mais sinon... enfin... Je retire une bretelle, respire longuement, ferme les yeux et fait glisser l'autre de mon épaule, sentant le tissu se froisser à mes pieds. Et là, nue, dans une salle de bain sombre avec un néon clignotant, j'ouvre les yeux et... je vois un cadavre, une morte. Seul son visage semble humain, ses cheveux sont soignés bien que très fin, son maquillage lui donne des couleurs et des joues plus vraies que nature. Mais son corps, tous ses os sont apparents, elle aurait pu servir pour un cours de médecine dans un amphi bondés d'étudiants curieux. Je me regarde bouche ouverte, souffle suspendu, larmes coulant silencieusement, je vois la mort, sans capuche ni faux, juste la mort nue, avec un tissu bleu à ses pieds.

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 11, 2016 ⏰

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