Chapitre IX

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Les minutes me paraissent des heures pendant que j'attends Katia, assise, attachée dans un coin de ma cellule.

Soudain des pas résonnent dans le couloir, quelqu'un approche, mais il m'est impossible de déterminer s'il s'agit d'une infirmière ou non.

Un clef s'introduit dans la porte, je prie intérieurement pour qu'il s'agisse de Katia, sinon, on risque fort de me conduire hors de cette cellule à cause de ce que j'ai fait.

La lourde porte est poussée et je vois la silhouette de mon amie se profiler dans la pénombre. Mon amie... L'est-elle vraiment après tout ? Je ne peux en être sûre de toute manière.

- Surtout ne parle pas, annonce-t-elle.

Elle s'approche de moi et entreprend de dénouer mes liens. J'ai été bien naïve de penser que la flaque de sang présente au beau milieu de la chambre allait l'impressionner : en effet, il n'en est rien, je suppose que pour une femme ayant froidement assassiné sa famille, la mort d'une simple partenaire de chambrée est plus qu'insignifiante.

- D'après l'agitation qui règne dans tout le bâtiment et ce que je peux voir au sol, je pense que tu as fait un travail grandement efficace, me chuchote-elle à l'oreille. Tu as plus de courage que ce que je pensais.

- J'ai pris énormément de plaisir à réduire à néant Gigi, répondis-je, provocatrice.

Je vit les muscles des lèvres de Katia se contracter en un sourire magnifiquement malsain. Elle se relève et me tend la main. Sans hésiter, je la prend.

Elle penche sa tête à travers la porte entrebâillée. Involontairement, on estomac se noue : que ce passera-t-il si jamais nous nous faisons remarquer en chemin ? Peut-être nous emmèneront-ils dans la salle... Cette simple pensée suffit à me glacer le sang. Je n'ai pas le temps de réfléchir davantage car déjà Katia me tire par le bras et m'entraîne en courant le long des longs couloirs. Elle semble bien les connaître, bien mieux que moi, sans doute parce qu'elle a passé plus de temps ici.

Je réalise alors que je ne connais pas vraiment tous les détails du plan, j'ai fait eu une confiance aveugle en Katia. Elle m'a dit qu'on sortirait, mais elle n'a pas précisé par quelle entrée ni même comment nous allions accéder au conduit d'évacuation des eaux. Je me met à espérer en mon fort intérieur qu'elle sait ce qu'elle fait.

J'ai tellement hâte d'être dehors pour à nouveau sentir l'air nocturne et glacé me fouetter le visage. Un avant goût de liberté. Une fois sortie, je ne sais encore exactement de quelle manière je veux assouvir ma vengeance et sur qui elle va s'abattre impitoyablement. Sur ma mère la première. Je trouverais les autres personnes de ma liste  supprimer ensuite.

Je sors de ma rêverie et me rend compte que nous nous sommes arrêtées. Je tourne sur moi même et découvre que nous sommes dans notre salle de repos où chaque jour nous nous rencontrions. Katia appuie sur la poignée d'une fenêtre, la pousse et celle-ci s'entrebâille. Je remarque immédiatement qu'elle ne peux s'ouvrir plus. Elle passe la première et tout en posant son pieds sur le rebord, elle tente de se glisser à travers la fine fente. Je me félicite intérieurement de n'avoir jamais été très épaisse, cela me permettra au moins facilement de sortir.

Sans aucune peine, Katia est sortie. Elle est maintenant dehors et me fait signe de la rejoindre.

A mon tour, je pose mon pied gauche sur le rebord glacé de la fenêtre. Je sens déjà l'air frais. Plus rapidement que ma camarade, je passe la fenêtre. La sensation de mes pieds dans l'herbe fraîche est divine. C'est quand l'être humain est privé de quelque chose qui lui semblait banale qu'il se rend compte de sa vraie valeur. Jamais, même dans mes divagations les plus extrêmes je n'avais ne serait-ce qu'émis l'hypothèse que je serai un jour privée de liberté comme je l'ai été ici. Me promener dans un jardin m'avait toujours parut quelque chose de normal, quelque chose qu'on ne pourrait jamais m'enlever. Cela me fait mal de l'admettre, mais je me suis trompée.

Sans me laisser davantage de temps pour me perdre dans mes pensées, Katia me saisit le poignet et me tire vers elle. Nous traversons en courant la pelouse, passons au travers des buissons, contournons des arbres, pour finalement arriver devant une dalle de pierre. C'est alors qu'elle me lâche la main, se baisse et soulève la lourde plaque au centre de la dalle. Un trou rond semblant descendre dans les profondeurs de la terre s'ouvre alors devant nous.

- A toi l'honneur, me dit-elle.

J'inspire profondément une dernière bouffée d'air pur et frais puis me baisse pour me laisser ensevelir par ce tunnel.

Sachant que nous n'avons pas de temps à perdre, je me dépêche de descendre à l'échelle. Ce fut rapide, après une minute à peine, je touche le sol froid et humide du conduit d'évacuation des eaux usées, un égout somme toute.

Je me frotte les bras car le froid me mord la peau. Je ne tarde pas à être rejoint par Katia qui a pris soin de fermer la plaque derrière nous. Quelque peu inquiète, je demande :

- Penses-tu qu'ils ont commencé à nous chercher ?

- S'ils ont fini de s'occuper de Gigi, sans doute, répondit-elle.

- Vont-ils réussir à nous retrouver ?

- Pas si tout fonctionne comme prévu.

Nous cheminons maintenant plus lentement dans ce tunnel. J'ai rarement vu une femme aussi sûre d'elle que Katia. Pour elle, ce plan ne peut échouer, c'est évident. Plus prompte au doute, j'émet toujours l'hypothèse qu'il y ait un problème et que cela ne fonctionne pas correctement. Je sais que nous n'avons rien à perdre, mais si l'on nous retrouve, je serai terriblement déçue : avoir touché la liberté du bout des doigts et devoir y renoncer si vite est tout bonnement impensable pour moi.

Pendant je ne sais combien de temps, nous avons avancé dans un silence pesant le long de ce conduit. Aucune de nous n'osait dire un mot. Tout c'est ainsi déroulé jusqu'à ce que le tunnel prenne fin. Nous nous somme devant un mur avec simplement une échelle. Prenant les devant, Katia la gravit la première.

Lorsque qu'elle ouvre la sortie, alors encore au bas de l'échelle, je sens un vent frais et salé me frapper en plein visage. Cet air est celui que je rencontrais chaque fois que je me rendais à la plage.

Je me dépêche donc de monter cette échelle et arrivée en haut, je sens enfin le vent marin sur ma peau.

Aussitôt, nous nous précipitons vers la mer. Avide de liberté, nous nous jetons à l'eau. J'aperçoit la côte non loin d'ici. Intérieurement, je réalise que c'est une chance que j'ai de savoir nager, elle n'est pas donnée à tout le monde. Nous entamons notre longue progression vers les côtes anglaises. Bientôt, ma vengeance prendra forme.



Bonjour, bonsoir !

Je suis désolée si ce chapitre à pris du temps à arriver. J'ai eu une semaine très chargée et en plus de cela, non satisfaite de ce chapitre, je l'ai recommencé deux fois.

Bref, il est enfin là et c'est le principal.

Je vous souhaite une bonne fin de week-end et à bientôt pour le dixième chapitre !

Raven.

L'île du SilenceWhere stories live. Discover now