Chapitre 9 : Premières découvertes

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    Après avoir lavé, nettoyé, récuré, essuyé, absorbé et épongé le sol, les meubles, les tissus et la moindre surface de chambre dégoulinante et ruisselante, Mallory et moi nous accordâmes une pause, bien qu'imbibées d'humidité et barbouillées.

    Lorsque le Soleil eut une basse inclinaison (qui signifiait chez moi le rassemblement sur la place du village pour faire les offrandes à notre bien-aimée déesse, Zahania et chanter en dansant autour d'un feu de joie), nous descendîmes pour prendre le repas. Je m'apprêtais à sortir par la porte que je venais de repérer, quand, avisant ma nouvelle amie qui s'asseyait devant une table aux côté de son père, je me ravisai. Apparemment, ici, on mangeait sous un toit, comme si le regard de Zahania importait peu. Je songeai que, peut-être, la déesse des Eaux Pures n'existait pas dans ce monde, et une bouffée de panique m'envahit : si elle ne veillait pas sur moi, qui le ferait ?

   J'écartai ces sombres pensées pour me concentrer sur ce que Mallory servait dans mon assiette.Il s'agissait sans conteste d'une soupe, mais les ingrédients m'en étaient parfaitement inconnus. D'une vive couleur orange, le liquide embaumait l'air d'une odeur indescriptible. Mallory répondit à mon interrogation muette, me faisant un clin d'œil :

    - C'est de la soupe de potiron, préparée maison. Tu m'en diras des nouvelles.

    Je goûtai, un peu méfiante, et une farandole de saveurs envahit mon palais. Je reprit une cuillerée, et encore une autre, jusqu'à vider mon assiette, ravie. Le "gratin de courgette et chou-fleur aux lardons grillés" (d'après mes hôtes) s'était révélé tout aussi succulent pour mes papilles avides de saveurs nouvelles. Les plats se succédaient, se présentant en une gamme d'odeurs exotiques et chamarrées.

    Mais la véritable découverte fut le chocolat. Sa douceur sucrée mais légèrement amère... Humm... "Un véritable dé-li-ce !" comme aurait-dit maman. Le seul fait d'y repenser me faisait saliver ! Comment avais-je pu survivre sans cela durant toutes ces années ? Sans cette sensation délicate qui effleure vos sens, sans cette texture d'une douceur incroyable et surtout sans ce fumet parfumé et tout simplement exquis !

   Je fus tirée de mon exaltation admirative par la voix de celui de j'appelais, faute de connaître son nom, M. Le-père-de-Mallory. Il demanda :

   -Alors, mademoiselle, d'où venez-vous ? Ce n'est pas tous les jours que l'on croise une jeune fille habillée style rococo qui ne sait même pas que traverser la 33° rue de notre belle ville de New York est du suicide ! Vous habitez dans la forêt amazonienne, ou quoi ?

   J'ouvris la bouche pour le détromper, bien que je ne sache ni ce qu'était le style rococo ni la forêt amazonienne, mais Mallory me devança :

   -Papa, Eilowny vient d'un petit village... euh...français. Sa famille est comédienne et... et elle est venue en tournée ici. Elle allait à une des représentation et... hum... elle s'est perdue. Comme chez elle il n'y a que peu de voitures, elle a été surprise par la circulation, et elle s'est faite renversée par notre taxi, voilà. N'est-ce pas, Eilowny ? fit-elle en me regardant intensément.

   Je ne comprenais rien à ce qu'il se passait, mais je hochai la tête en signe d'affirmation. Son père réagit immédiatement avec fougue :

-Oh une partisane de la République ?! Bienvenue dans notre humble demeure mademoiselle la comédienne.

     Il ajouta que son souper devait alors me rappeler ma patrie, qu'il disait dotée d'un grand savoir gastronomique.

     Visiblement rassurée par ces réponses plus que farfelues, la jeune fille reprit, se retourna vers lui en fronçant légèrement les sourcils  :

-Et arrête d'insulter les peuples d'Amazonie. Ils sont aussi humains que nous, ils ont juste une culture différente.

   L'homme ne semblait que partiellement convaincu, mais ne dit plus rien.

   En remontant dans la chambre de Mallory qui serait temporairement également la mienne, celle-ci me murmura :

-Pas question de te laisser seule avec lui demain. Comme je le connais, il va essayer d'en savoir plus et tu n'en sais pas assez sur ce monde pour mentir. Tant pis : demain tu viens au collège avec moi !

   Même si je ne comprenais pas vraiment pourquoi elle cachait mon "elfitude", comme elle disait, à son père, j'acquiesçai.

Demain, j'irais donc au "collège" ! Je pense que je n'imaginais pas vraiment à quoi allait aboutir la journée suivante et que je m'endormis cette nuit-là avec une certaine appréhension.


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Que va-t-il se passer au "collège" ? Comment Eilowny va-t-elle prendre les découvertes faites en ce lieu à la fois terrible et indispensable ?

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DEHORS [projet inachevé]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora