I. Et j'retournerais chercher l'pactole...

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Et de un, de deux, de trois... Les verres je les vide, les teilles j'les enfile.

J'vois flou, la musique me tape dans les oreilles. J'essaye de me lever, je tangue et je m'écroule sur mon gava Brams qui me rattrape de justesse.

- Oh khoya ! Khoya ! Putain... il est complètement défoncé.. T'as eu la main forte sur le Jack hein?

- Monte-le dans la caisse on le ramène, il tient même plus ses jambes !

Je les laisse faire, de toutes façons j'étais ko.

J'entrevoyais des silhouettes floues mais familières... Mon père, ma soeur... ma famille.
Je les voyais s'éloigner, ou alors c'étais moi qui partais ? J'essayais de réfléchir mais l'alcool avait déjà pris possession de tout mon être, mon cerveau marchait au ralenti.

Et ça recommence...











J'me réveille avec un putain de mal de crâne et une envie pressante de me faire un joint.

On change pas nos bonnes habitudes...

Je jette un oeil sur mon bigo, il est un peu plus de 14h.

Sa mère, qu'est ce que j'ai foutu hier pour dormir autant ?

J'me dirige vers la salle de bain et me plante devant le miroir. Ouais, rien a faire. Je me passe de l'eau sur le visage, espérant que l'eau puisse faire disparaître les cicatrices et les cernes qui ornaient ma face, sans succès.
D'ordinaire les gens portent leur sale passé à l'intérieur, essayant tant bien que mal de le cacher, de le camoufler aux yeux des autres.
Pour moi c'est différent. Chaque ride, chaque balafre représentait une facette de moi, comme si mon vécu était gravé sur mon visage.
Parce que oui, j'étais une épave. Une épave ambulante, un gars qui a foutu sa vie en l'air contre quelques substances illicites et qui le reflétait aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur.

Zebi...

Je détournais mon regard de ce triste spectacle et enfilais rapidement un survet, mes inséparables TN, une casquette et sacoche, équipement de base d'un pur banlieusard.

J'verrouille ma porte et descends rapidement les escaliers.
Je tchek quelques gars, franchis la porte et respire à plein poumons.
Ma migraine n'était pas encore partie que je rallumais déjà un joint.

Putain qu'est ce que ça fesait du bien !

-LAMINE ! OH ENFOIRÉ RAMÈNE TOI !

Je tourne la tête, sourcils froncés. C'était Hichem. Un gars qui me suit depuis toujours, mon bras droit. C'est l'une des rares personnes dans ce tieq' sur qui je peux compter.
Mais ça ne m'empêcha pas de lui jeter un sale regard.

- Tu m'les casses de bon matin là. Tu veux quoi ?

Je tire une taffe en attendant qu'il réponde. Il avait l'air hors de lui.

- Mais tu fous quoi ? Daninho il a envoyé Nessim vendre à ta place, tu devais être là 9 heures putain !

- Tranquille, je bouge.

Il repart aussitôt, sur les nerfs. Ce gars il aime trop faire les choses carrées, il s'énerve pour des histoires qui le concernent même pas. J'prends le temps de bien finir mon joint, j'aime le risque moi haha.
Daninho, c'est le gars qui contrôle le réseau par chez nous. On dirait qu'il était destiné à faire ça, il a commencé en guettant comme nous tous, sauf que lui il est allé très, très loin. Il avait une bête de détermination et il a gravi les échelons jusqu'à ce qu'il atteigne le sommet, guidé par sa seule obsession : l'argent.
Toujours, toujours brasser plus d'euros, on est jamais satisfaits de toutes façons, non ?

L'appât du gain // GuizmoWhere stories live. Discover now