Chapitre 5

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Appartement de Achil, 8:34 p.m.

- On sort ce soir ? je demande à Isac. Comme on n'a rien à manger...

Il hoche la tête avant de demander :

- Où tu veux qu'on aille ? Personne ne nous acceptera !

- Je connais un endroit. Les gens me connaissent, et en plus on va bien s'amuser. J'ai besoin d'argent.

Il me dévisage un instant et ses yeux s'éclairent. 

- Billard ? me demande-t-il avec un sourire.

- Billard !

J'attrape mon long manteau et on part.


Lorsqu'on arrive devant le pub, Isac rabat sa capuche et je replace mon manteau avant d'entrer. Le propriétaire, Marco, m'accueille avec un grand sourire et a l'intelligence d'ignorer les ecchymoses qui ornent mon visage. Il me donne une grande tape dans le dos avant de s'exclamer :

- Ça fait longtemps que je ne t'ai pas vu Ash ! Tu as été détrôné depuis le temps ! 

Un rictus apparait sur mon visage et je rétorque :

- Je viens reprendre mon trône, et j'ai amené un ami.

D'autres gars viennent me saluer en me mettant quelques tapes dans le dos ou en me gratifiant de légères bourrades. Quelques uns sont même des clients de mon petit trafique.

Isac s'avance et plusieurs gars écarquillent les yeux en le voyant. Je les foudroient du regard et leur intime de se taire. L'un des plus courageux lance à Isac :

- Je te paie un verre ?

Isac finit par se décontracter et acquiesce en souriant. Marco nous conduit vers la salle  des jeux  où un match est en cours. Ici, la règle est simple. Tant que tu gagnes, tu joues. Les paris sont ouverts, et en général, je me fais pas mal d'argent car je suis un habitué. 

Je traine Isac à la table de billard et m'empare d'une canne. Un gars me tend un verre de whisky et je demande à Marco :

- C'est lequel qui a gagné ?

Marco me désigne un grand gaillard à l'iroquoise rouge et verte. Je me dirige vers lui et Marco annonce le prochain jeu. Les paris sont ouverts, et Marco commence à les noter sur le tableau à craie du fond de la salle. Si je gagne ce jeu, je peux me faire un bon pactole. Je passe un peu de craie sur le bout de ma canne et on commence. 

Isac est à côté de moi, jetant de temps à autre un coup d'oeil aux clips qui défilent sur l'écran plat de la salle. Soudain, des exclamations retentissent et le gars contre qui je joue me bouscule d'une bourrade à l'épaule. 

- Mais c'est toi à la télé ! T'es célèbre dis-donc !

Je le repousse et me fraie un passage jusqu'à l'écran. La vidéo qui passait aux informations hier et avant hier est encore une fois diffusée. Ma mâchoire se crispe en voyant que nous sommes même recherchés. Il est même précisé que nous sommes dangereux. Plusieurs gars se retourne vers nous, dont Marco.

- Écoutez ! Vous me connaissez pour la plupart ! Est-ce que je suis vraiment dangereux ? demandé-je à la cantonade.

Un murmure se fait entendre et quelques personnes secouent la tête. 

- Vous me faites confiance non ? Alors n'appelez pas la police ! C'était juste un incident ok ?

Le grand à l'iroquoise sourit avant de rétorquer :

- Alors c'est quoi tout ça ? 

Il désigne l'éclat vert, puis les têtes de gondoles qui valsent de part et d'autre de l'écran, sans que personne ne les ai touchées.

- C'est rien du tout, tentais-je. Juste des effets, sans doute quelqu'un qui les a rajouté. Franchement ! Vous y croyez vraiment ? demandé-je en riant. 

Certains gars commencent à rire et l'ambiance se détend un peu. La plupart des gens présents me connaissent depuis longtemps et me font confiance. Le jeu reprend, mais je sens le regard méfiant de mon adversaire sur mon dos.


Après ma superbe victoire, je le vois s'éclipser en douce, mais je suis trop occupé à récupérer mon argent pour m'en soucier. Je compte les billets et lance à Isac :

- Quatre cent soixante-quinze dollars ! 

Puis je lance à la cantonade :

- Qui c'est le chef ici ?

Les gars crient et je lance une tournée générale avant d'entamer le prochain jeu.


On joue depuis quelques minutes à peine lorsque j'entends une vois forte retentir de l'avant du bar.

- On vient pour une arrestation ! 

J'entends un gars protester, mais le policier ne l'écoute pas. 

- On nous a prévenu qu'ils étaient ici !

Marco se précipite vers nous pendant que je foudroie du regard le gars à l'iroquoise qui me regard avec un sourire amusé.

- On n'en a pas fini toi et moi, craché-je en passant devant lui. On se reverra, je te le promets !

Marco nous fait sortir par la porte arrière et nous courrons jusqu'à la voiture avant de rentrer en trombe à mon appartement.




Green Man : Le commencement [PAUSE]Where stories live. Discover now