Chapitre 19 - partie 1

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— Elle était Fille de la Lune, continua Océane. Peut-être... a-t-elle vu des choses dans son esprit et elle est venue te sauver ?

Soudain, plusieurs choses firent sens chez la jeune femme. Si Grand'ma Nora pouvait savoir ce qui allait se passer, alors peut-être qu'elle aussi. Et ce rêve récurent qu'elle faisait ? Si c'était une prémonition ? Gemma l'avait dit elle-même, elle n'avait pas été formée à recevoir l'héritage qui était sien. Ce qui voulait dire que – possiblement – son don cherchait à la prévenir d'une façon détournée et qu'ils étaient en danger ! Elle se releva précipitamment.

— Il faut partir tout de suite ! s'exclama-t-elle complètement paniquée. Pendant qu'il en est encore temps.

William se leva à son tour, inquiet de voir un tel saut d'humeur chez Océane.

— Ne me demande pas comment je peux en être aussi certaine, je l'ignore. Si ma grand-mère a pu savoir ce qui allait se passer pour toi, alors je sais ce qu'il arrivera pour nous si nous traînons ici. Nous devons partir, le plus vite possible !

— Ecoute-moi, Océane, fit-il en lui prenant les mains pour la rassurer. Nora a peut-être été au courant de choses, entendu des bruits, des rumeurs et venir me sauver. Après tout, c'est comme ça que tu es venue aussi.

A ce souvenir, le cœur de la jeune femme se serra. C'est avec ce geste qu'elle avait causé la destruction de sa famille. Semblant comprendre la bévue qu'il venait de commettre, William la serra dans ses bras.

— C'est pour cela que nous devons rester ! Nous avons encore une chance de pouvoir tuer Finwë et Mordrais, de leur faire payer ce qu'ils nous ont fait subir.

— William, dit-elle en s'écartant. Si tu m'avais dit ça tout à l'heure avant que je sache qui tu es réellement, je t'aurais suivi dans ta vengeance les yeux fermés. Mais ça serait de l'inconscience, Finwë est ici, Danector est mort et tu es certainement le prochain sur la liste. Nous allons mourir si nous suivons cette route ! Je te jure que nous nous vengerons, promit-elle. Finwë et Mordrais mourront un jour, j'en fais le serment. Mais pas à un prix si élevé, je te veux à mes côtés jusqu'à la fin de ma vie... Je suis enceinte, avoua-t-elle à son tour, sachant que c'était là la seule raison capable de le faire changer d'avis.

Ils restèrent figés un instant, comme suspendus dans le temps. William la regarda un instant éberlué, semblant essayer de comprendre si ce qu'il avait entendu était vrai, puis, enfin, il se mit à rire heureux, oubliant tout de la situation actuelle. Il se jeta sur elle et l'embrassa encore et encore, la serrant dans ses bras, la faisant tournoyer avant de la reposer au sol, chancelante. Comment le monde tournait pour permettre à un homme de passer du plus grand désarroi à la plus grande joie ?

Il l'aida à s'assoir, puis lui demanda, comme pour se rassurer.

— Es-tu certaine de ça ?

— Il n'y a plus de doutes possibles, affirma Océane.

— Oh, par la Lune ! C'est fantastique. Je vais être père ! s'écria-t-il avant de reprendre pour lui. Quand Erid va savoir ça... Dire que j'avais parié qu'il le serait avant moi.

Océane lui sourit, radieuse. Enfin, William se tourna à nouveau vers elle, le regard sérieux.

— Nous partirons demain. Mais avant je veux parler à mon frère, le comprends-tu ?

La jeune femme hocha la tête positivement.

— Si tu savais comme je t'aime, déclara-t-il avant de prendre ses lèvres d'un baiser ardent.

Bientôt, l'embrasser ne lui suffit plus. Il avait besoin de sentir sa peau nue contre la sienne. D'un geste habile, il défit les attaches de la robe d'Océane. William caressa enfin sa peau si douce et embrassa les moindres parcelles de son corps. Il y avait quelque chose de presque désespéré dans ses baisers. Il posa ses mains sur le ventre de la future mère, en signe d'adoration.

— Ça sera une fille, je le sens ! s'exclama-t-il.

Océane éclata d'un rire cristallin.

— Et si c'est un petit garçon ?

— Ça sera une fille ! affirma-t-il avant de la goutter à nouveau.

Cette nuit-là, tous deux firent voluptueusement l'amour, s'accrochant l'un à l'autre. Ils s'aimèrent, s'unirent pour ne pas sombrer.

Plus tard, alors que l'aube faisait son apparition, aucun des deux ne dormait. William se tourna vers Océane.

— Il faut que tu me promettes une chose, fit-il avec un regard si sérieux que la jeune femme su que c'était très important pour lui.

— Laquelle ? demanda-t-elle en s'allongeant sur le flan pour mieux le voir.

— Si jamais il m'arrivait quoi que ce soit, ce que je ne souhaite pas, ne t'inquiète pas ! ajouta-t-il en voyant qu'elle allait répliquer. Si jamais il m'arrivait quelque chose, je veux que tu me promettes que tu feras n'importe quoi pour vivre. Que tu mettras au monde notre fille et que tu la mettras en sécurité. Il n'y a rien de plus important que ta vie et la sienne, affirma-t-il durement.

— William, écoute je...

— Il faut que tu me le promettes, insista-t-il. Je ne compte pas mourir, mais si ça devait arriver, je veux savoir que vous vivrez, je veux savoir pour partir en paix, reprit-il surement.

Océane resta un instant silencieuse, elle n'imaginait pas le perdre, ne voulait pas le perdre et encore moins penser à ce qu'elle deviendrait s'il n'était plus là. Cependant, il avait l'air d'attendre son accord, il l'implorait presque, comme si sa vie dépendait de sa réponse. Il était bouleversé par les derniers évènements, si bien qu'elle céda.

— Je te le promets.

— Merci, fit William visiblement soulagé en lui déposant un baiser sur les lèvres. Mais je compte bien vivre et je tuerai Finwë.

— Une fois qu'il sera mort, il se passera quoi ? demanda la jeune femme.

— Je deviendrai Roi. Avant de mourir, Danector a eu le temps de me reconnaître comme son neveu. Et toi, tu deviendras ma Reine !

— Bien sûr ! s'exclama Océane en riant, mais son amant avait l'air sérieux.

— Sauf si tu ne veux pas, évidemment, reconnut William. Jamais je ne te forcerai à prendre cette place.

— Là n'est pas la question, le corrigea-t-elle. Je ne suis qu'une pauvre paysanne, je ne peux pas devenir Reine.

— Si je le dis, tu le peux, affirma le jeune homme. Mais tu n'es pas qu'une simple paysanne. Tu es la Fille de la Lune et cela te place au-dessus de toute noblesse de sang. De plus, tu es la descendante de Ninnië, et voyons voir... Ninnië était une...

— Reine, finit par dire Océane. On verra à ce moment-là, grommela-t-elle.

La légende des deux royaumes [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant