— Non ! Je ne bougerai pas.

— Comme tu veux, fit-il en haussant les épaules et commençant à défaire son pantalon.

— Ça suffit, explosa Océane en giflant la surface de l'eau. Pour une fois, prenez en compte ce que je vous demande.

Elle poussa un cri de rage avant de continuer.

— Ne pourriez-vous pas me prendre ne considération pour une fois ? Non, bien sûr que non ! Vous faîtes ce qui vous chante et peu importe ce que je pense ? C'est ça ?

William se referma après ce soudain accès de violence. Il se contenta de la regarder avec un air buté.

— Bien sûr, vous ne dîtes rien ! Je dois deviner que vous êtes un Prince, que vous avez perdu votre famille. Qu'une chose semble vous pousser à partir loin de chez vous et affronter ce Finwë que vous semblez mépriser. Je dois deviner que vous désirez de nouveau fuir Somgysaï avec moi. Sans Erid, je crois que je ne saurais rien de tout cela. De vous ! continua-t-elle à bout, déversant enfin toute la rancœur accumulée ces dernières semaines.

— Erid, répéta-t-il le regard noir.

— Oui parfaitement. Votre ami Erid. S'il n'avait pas été là, peut-être que vous m'auriez oubliée là-bas, continua-t-elle sur le même ton. Il a été un véritable ami pour moi et il m'a épaulé durant ces moments difficiles, alors que ce n'était pas à lui de le faire !

— Alors pourquoi n'es-tu pas restée avec lui ? lâcha-t-il amèrement.

— C'est tout ce que vous avez à dire ? demanda la jeune femme déçue.

— Manifestement. J'avais énormément de choses à exécuter, tu ne comprends pas ce que notre voyage implique.

— La faute à qui ? Avez-vous pris la peine de m'expliquer ? Non. Et je dois vous suivre partout sans rien dire ? J'en ai assez, fit-elle en le foudroyant du regard.

— Moi aussi, déclara-t-il sur le même ton qu'elle. Je vais donc profiter de cette eau gelée et me relaxer !

— Dans ce cas, fit Océane en se levant et sortant de l'eau, se révélant nue devant lui. C'est moi qui m'en vais.

Et avec toute la dignité qu'elle put, elle attrapa la première tunique venue, celle de William, l'enfila et s'enfuit à travers le couloir.

Plus tard, lorsqu'il remonta, William la vit assise, les bras enroulés autour de ses genoux, près du feu qu'il avait allumé un peu plus tôt. Les cheveux humides de la jeune femme, avaient été rabattus sur une épaule. La tunique encore trempée, collait son corps fin et ferme, dévoilant ses jambes.

Le jeune Prince passa une main sur son visage, fatigué. Il s'était montré idiot, brusque et maladroit. Irréfléchi. Et c'était bien là le nœud de son problème. Il avait refusé de songer aux changements que la jeune femme lui avait apportés. Il se refusait la vérité parce qu'il était trop lâche pour l'affronter. Mais il savait à cet instant précis que s'il ne prenait pas une décision, il perdrait Océane. Même l'embrasser avait été une impulsion prise pour de mauvaises raisons qu'il regrettait désormais. Il devait lui faire une place au milieu de tous les spectres de son passé qui rongeaient son existence. La voir si proche d'Erid, comme il aurait aimé être proche d'elle l'avait rendu fou. Il avait eu l'irrépressible besoin de se retrouver seul avec elle. Et cet endroit était parfait. Il voulait retrouver ce lien qui le faisait vivre dans le présent, qui l'emplissait de vie. Il voulait Océane parce qu'elle le rendait vivant. Parce qu'il aimait la façon dont elle embellissait sa vie.

— Océane, commença-t-il en s'avançant.

— Ne vous approchez pas, fit-elle furieuse en se relevant.

La légende des deux royaumes [TERMINÉ]Where stories live. Discover now