Nightmares | GOT

Chapitre 30 ➳ Une peur frustrante

Mes pas s'accéléraient, se faisant de plus en plus sûrs au fur et à mesure que je m'approchai de ma quête, plus déterminée qu'avant. Les dernières paroles de Jojen résonnaient encore dans ma tête, me poussant à aller l'aider. Il pensait m'avoir persuadée mais c'était tout l'inverse. Les mots durs qu'il avait utilisés m'avaient poussée à y aller, malgré qu'ils aient été blessants. Car en me disant tout ça, il avait réveillé le sentiment que j'éprouvais à son égard, qui me ferait soulever des montagnes rien que pour le revoir, le serrer dans mes bras.... L'Amour.

Je repensais à toutes les épreuves que j'avais traversé depuis toute jeune. Elles m'avaient endurcie, m'apprenant à vivre en solitaire et me méfiant de tout le monde. Mais il avait fallu qu'il arrive, et tout ce qui faisait de moi une personne forte avait volé en éclat. Désormais, je m'inquiétais pour des personnes, que je ne connaissais que depuis quelques mois, et j'étais devenue plus sensible et démonstrative grâce à eux. Alors j'étais bien décidée à le sauver, lui qui m'avait tant apporté.

Mystic me suivait, aussi déterminé que moi, sa fourrure se hérissant de plus en plus au fur et à mesure que nous approchions. Quant à moi, des fourmillements se faisaient ressentir dans tout mon corps, signe d'une adrénaline trop longtemps contenue. J'allais me battre contre des Marcheurs Blancs. Et je les tuerais tous. En pensant à cela, un sourire s'étira sur mes lèvres gercées. La bonne vieille Luna, celle qui ne doutait pas d'elle, était revenue.

***

PDV de Jojen

Je jetais un caillou avec toute la frustration que je ressentais, et il vint s'écraser contre l'arbre le plus proche. Je fulminai contre moi-même. Qu'est-ce qui m'avait pris ? Je m'étais promis de ne pas céder et pourtant, dans ma dernière phrase, c'était arrivé. Je devais rester froid jusqu'à la fin de notre conversation mais non, je n'avais pas réussi !

- Bon à rien..., grommelai-je en m'insultant.

Je passais mes mains sur mon visage gelé en raison du froid qui était présent à Winterfell. Je m'assis et fus surpris de sentir quelque chose de chaud couler sous mes mains. Bientôt, mon dos se soulevait énergiquement, en raison des spasmes qui me parcouraient. Je sus à cet instant que j'étais détruis. Elle me manquait... Et je ne pourrais plus jamais la revoir. Dans quelques heures, je mourrais, loin d'elle, celle qui avait maintenu mon cœur à l'abri de tout durant ces derniers mois.

J'aurais dû me douter plus tôt qu'elle aurait vu ce rêve. J'aurais dû m'empêcher d'elle pour éviter cela. Mais j'avais cédé. Pourtant, l'Arbre Sacré m'avait mis en garde contre ses pouvoirs, plus puissants que ceux des autres vers-vue, plus puissants que les miens.

Je n'en avais fais qu'à ma tête, aggravant ma chute. Cela faisait longtemps que je connaissais mon destin, je l'avais su à l'instant même où j'avais décidé d'aider Bran. Mais j'avais accepté cette idée car en aidant Bran, j'aidais le Nord. Sauf que personne ne m'avait préparé à elle. Personne ne m'avait mis en garde contre la personne qu'elle était. Non, tout ce que j'avais su d'elle c'était qu'elle possédait des pouvoirs hors-normes. À part ça, rien. Et j'avais fini par me brûler.

Des bruits de pas crissant dans la neige se firent entendre mais je ne bougeais pas. Une main vint bientôt se poser sur mon épaule.

- Jojen ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

Je relevais lentement la tête, essayant tant bien que mal de cacher les larmes qui se trouvaient encore sur mes joues. Ma sœur était debout à côté de moi, une expression inquiète sur le visage, tandis que Cora me dévisageait avec insistance, attendant des explications.

- Je... Elle me manque. C'est tout, mentis-je.

- Tu vas la revoir Jojen, ne t'en fais pas, me répondit ma sœur avec un sourire qui se voulait rassurant.

- J'en doute..., soupirai-je si bas qu'elle je m'entendit pas.

Néanmoins, les oreilles de Cora frétillèrent et elle me lança un regard noir. Rien n'échappait à cette louve. Elle avait vu que je mentais. Je me mordis la lèvre, espérant qu'elle ne le montrerait pas devant ma sœur.

Meera se pencha en avant et déposa un tendre baiser sur ma joue, me faisant légèrement sourire.

- Ça va aller petit frère, je veille sur toi. On veille sur toi, précisa-t-elle.

Et elle s'éloigna, allant voir si Bran et Osha avaient besoin d'elle. Je croisais le regard de Cora. Je ne fis rien, continuant à la fixer comme si une bataille de regards était engagée. Puis, comme si elle pensait gagner cette bataille, elle s'asseya, me montrant ainsi qu'elle resterait tant qu'elle ne saurait pas la véritable raison de mon tourment. Je soupirais.

- J'ai peur, finis par avouer en fixant l'horizon.

Du coin de l'œil je la vis pencher la tête de côté. Elle semblait me dire : "pas assez explicite. Développe".

- J'ai peur de ne pas avoir le temps de faire ce que je voulais faire. De contredire mon avenir, de tout perdre. De la perdre.

J'entendis la louve se lever et je n'eus pas besoin de tourner la tête. Elle était déjà contre moi, pressant sa fourrure noire contre mon torse, me fixant de ses grands yeux bleus. "Je ne t'abandonnerai pas. Et tu la reverras", semblait-elle me dire. Je souris un peu, soulagé de l'avoir auprès de moi, me rappelant chaque détail de Luna grâce à elle. En pensant à elle, je sentis les larmes me monter de nouveau aux yeux et je reniflais pour les chasser.

Je n'avais pas le droit. Je n'avais plus le droit. Mon destin était tracé, depuis longtemps déjà, et je l'accomplirais, pour le bien du Nord.

***

Je posais un pied sur la petite clairière, ma gorge se nouant aussitôt. Je ne pouvais plus reculer maintenant. Bran, Osha, Hodor et Meera avançaient devant moi, ne se doutant de rien. Cora, en revanche, ne me lâchait pas d'une semelle. C'était la seule à avoir compris, et heureusement. Je ne voulais pas qu'on me protège plus que Bran. D'ailleurs, ce dernier fit tourner Hodor, me faisant maintenant face, quelques mètres plus loin.

- C'est bien par là Jojen ? me demanda-t-il.

- Hodor ? dit le géant.

- Oui, c'est bien ça, confirmais-je.

Ils reprirent alors leur chemin, pressés de voir l'Arbre Sacré. Mes pas se faisaient de plus en plus lourds mais j'essayais de suivre le rythme. Je me retournais régulièrement, guettant leur arrivée. Ou bien une arrivée imprévue, telle que celle de Luna par exemple. Mais rien. Jusqu'à ce que nous arrivions au centre de la clairière et qu'un grondement ne se fasse entendre. Juste avant que le sol ne se dérobe sous mes pieds, annonçant le début de la fin.