Chapitre 20 ➳ Rapprochement

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   Je ne sais combien de temps nous restons là, mais ça me paraît très court. Nous sommes restés un peu comme ça, lui avec ses mains entourant ma taille, me collant à lui. Puis on s'est détachés pour se faire un câlin, un vrai. Ces câlins qui durent, mais jamais assez à votre goût. Ces câlins réconfortants où vous humez l'odeur de la personne que vous aimez... J'ai dis quoi là ?

- Hum hum... Je voudrais pas vous déranger mais... Ce n'est pas très prudent de rester ici.

   Je me détache de Jojen en grognant avec mécontentement. Il me semble entendre Jojen soupirer, mais j'ai dû rêver. Ou alors, il a soupiré parce qu'il en avait marre de moi et était soulagé d'arrêter ce câlin... J'espère que ce n'est pas le cas.

   Je regarde Tyrion et Mystic, un peu plus loin devant nous, qui nous regardent, les yeux pétillants de malice. Un fin sourire étire les lèvres de Tyrion, et on dirait que c'est aussi le cas chez mon loup, ce qui ne laisse rien présager de bon...

- Je crois qu'il va falloir que nous discutions tous deux, me dit Tyrion toujours avec le même sourire. Il semblerait que tu aies oublié de me dire certaines choses.

- De quoi tu parles ? je lui demande, perdue.

- Ne fais pas l'innocente, dit-il en s'avançant. Tu sais bien que je remarque tout.

J'ouvre la bouche pour lui demander une nouvelle fois de quoi il parle, mais je comprends soudain. Il parle du câlin... Je rougis instantanément et fuis son regard perçant. Si je le regarde dans les yeux, il va comprendre de suite.

- Allons-y. Les gardes pourraient nous tomber dessus à tout moment, je dis en m'éloignant.

Je sens le regard amusé de Tyrion dans mon dos et j'accélère, m'éloignant au plus vite de lui, pour éviter les questions embarrassantes qu'il meurt d'envie de me poser.

Un peu plus loin, attachés à des arbres, trois chevaux attendent patiemment. L'un d'eux, un magnifique étalon Lipizzan à la robe gris pommelé, attire immédiatement mon regard. Je souris et m'avance rapidement jusqu'à lui, n'en revenant pas.

- Precioso ? je murmure en m'avançant.

L'étalon, qui avait jusque là la tête baissée, à moitié assoupi, la relève brusquement et pose son regard sur moi. Un échange se fait entre nos deux regards, et j'avance doucement ma main de son chanfrein, car je sais qu'il aimait que je le caresse à cet endroit. Il se laisse faire, se collant même un peu plus à ma main. Mon sourire s'élargit à cette marque de tendresse. Il m'a reconnue.

- Tu lui as manqué.

Je tourne la tête vers Tyrion, toujours avec le même sourire. Mes yeux pétillent. Je suis enfin heureuse, j'ai retrouvé un être cher. Même si ce n'est qu'un cheval, il renferme bien plus de souvenirs qu'il n'y paraît.

- Je pensais ne jamais le revoir, je dis avec émotion.

- Je savais que tu serais heureuse de le revoir. Alors j'ai demandé à Jaime de me le donner pour toi.

- Je ne sais pas comment te remercier..., je commence avant qu'il ne me coupe.

- C'est moi qui te remercie en te le rendant. Tu m'as sauvé la vie aujourd'hui, c'est amplement suffisant.

Je lui souris et continue à caresser le cheval. Je passe à son encolure, jusqu'à son garrot. Je pose ensuite mes mains sur la selle et remarque que mon carquois, mon arc et mes flèches sont accrochés à celle-ci. Je les mets sur mon dos, me sentant mieux avec mes armes sur moi. Puis je met le pied à l'étrier et monte sur le dos de Precioso, que j'ai au préalable détaché de l'arbre.

Je le fais tourner, faisant ainsi face à mes deux amis. Tous deux sourient, tout comme moi. Jojen s'avance pour venir se placer à côté de moi, levant les yeux pour me parler.

- Tu as fière allure dessus, me fait-il remarquer en tapant gentiment l'encolure de mon cheval et en me souriant sincèrement.

- Merci, je répond en baissant la tête avec un sourire gêné.

Il s'éloigne après avoir déposé une rapide tape sur ma cuisse, et détache son cheval avant de se mettre en selle à son tour, juste après avoir aidé Tyrion à monter sur son propre cheval. Et nous voilà partis, loin de Port-Réal et de ceux qui nous traquent.

***

J'arrête Precioso devant un arbre et m'apprête à descendre lorsqu'une tête blonde apparaît à côté de mon cheval. Je baisse les yeux et vois Jojen, qui attend pour m'aider à descendre.

- Je sais descendre de cheval tu sais, je lui fais remarquer.

- Je sais. Mais laisse-moi me sentir utile pour une fois.

Je souris et commence à descendre tandis qu'il me rattrape et me pose par terre. Je peux bien lui accorder ça pour une fois. Mais ça ne se reproduira pas ! Je ne suis pas assistée non plus... Je lui fais face, et d'un coup, le prenant par surprise, je dépose un baiser sur sa joue. Il semble surpris mais un immense sourire ne tarde pas à se dessiner sur son visage et je lui tourne le dos, car je sais que je rougis, ce qui n'est pas dans mes habitudes. Ce garçon me perturbe bien plus qu'il ne devrait...

J'aide Tyrion à descendre de son cheval et nous accrochons les chevaux pour ensuite nous diriger vers l'auberge qui se tient au milieu de la forêt. Tyrion nous accompagne, mais je m'arrête et me racle la gorge, les faisant se retourner. Ils me lancent des regards interrogateurs et j'appuie mon regard sur Tyrion.

- Quoi ? me demande ce dernier, visiblement étonné par mon comportement.

- Tu ne peux pas venir avec nous. Tout le monde sait ce qu'il s'est passé avec le roi, et ils vont tous vouloir t'assommer ou te tuer.

- Pourquoi faire ? Après tout, même si ce n'est pas moi, j'ai tué le fardeau qui les empêchait de vivre non ?

- Peut être. Mais tout ce qui compte pour les hommes, c'est le cul et l'argent. Alors ils n'hésiteront pas à te rendre à Cersei pour toucher une petite somme d'argent néanmoins considérable s'ils te voient.

- Et vous pourriez nous apporter des ennuis de par ce fait, ajoute Jojen pour le convaincre. Et Luna pourrait être capturée et ramenée à la reine, qui la tuerait aussitôt qu'elle la verrait.

- Je suppose que je vais devoir rester garder les chevaux alors, dit Tyrion en repartant dans l'autre sens.

- Mystic va rester avec toi, je lui dis en lançant un regard à mon loup qui comprend et ne semble pas d'accord mais obéit tout de même.

- À tout à l'heure. Nous ne serons pas long, je promets en m'éloignant déjà.

Si seulement j'avais su à ce moment là...

Nightmares | GOTWhere stories live. Discover now