- « On est sur un campus », expliqua-t-elle devant le regard interrogateur de son compagnon. « J'ai été étudiante ici, et j'ai gardé une carte d'accès pour pouvoir continuer à profiter de leur bibliothèque. Si on traverse ce bâtiment », poursuivit-elle avec un geste de la main en direction d'un couloir voisin, « on devrait pouvoir se retrouver de l'autre côté du pâté de maisons en deux fois moins de temps et en restant au sec. »

- « Excellente idée », approuva Adrien, ôtant son bonnet avant de secouer la tête pour en faire tomber les dernières flocons de neige, s'ébrouant tel un chat qui se serait malencontreusement prit une gerbe d'eau. « Par contre, ça ira ? On a le droit d'être ici en pleine nuit ? »

- « Oui », répondit aussitôt Marinette. « Enfin, je suppose », reprit-elle avec un petit sourire contrit. « Je suis déjà passée plusieurs fois par ici à des heures pas vraiment... conventionnelles, et je n'ai jamais eu d'ennuis. Hey ! » s'exclama-t-elle alors qu'Adrien la dévisageait d'un air goguenard, visiblement amusé par sa réponse. « Ce n'est pas de ma faute si ce campus est pile sur le trajet entre le meilleur restaurant italien de Paris et le plus proche métro pour rentrer chez moi. »

Renonçant à se renseigner sur la fréquence des incursions nocturnes de sa compagne entre ces murs, Adrien éclata de rire, puis saisit sa main tendue pour la suivre dans les entrailles du bâtiment.




L'écho de leurs pas résonnait dans les couloirs déserts, se réverbérant contre les murs pour mieux briser le silence qui régnait sur les lieux. L'atmosphère de l'endroit était presque irréelle, les longs couloirs n'étant illuminé que par des éclairages clairsemés qui projetaient de rassurantes flaques de lumières dans la pénombre ambiante. D'immenses baies vitrées permettaient aux deux jeunes gens d'apercevoir la neige qui continuait de tomber à gros flocons au dehors, les blanches particules poursuivant leur hypnotisante danse tandis que les lueurs du bâtiment les faisaient ressortir de façon stupéfiante dans la nuit noire.

Alors qu'ils arrivaient dans un hall que desservaient une demi-douzaine de couloirs, un objet massif attira aussitôt l'arrention d'Adrien, tant sa présence lui paraissait incongrue.

Un piano.

Un gigantesque piano à queue fait de bois clair, et qui semblait être en parfait état, à l'exeption de l'un de ses pieds qui avait été grossièrement réparé à l'aide d'une cale disgracieuse.

Adrien jeta un regard surpris à Marinette, stupéfait de trouver un tel instrument à cet endroit, mais la jeune femme haussa les épaules en signe d'ignorance.

- « Je l'ai toujours vu ici », expliqua-t-elle en réponse à la muette question de son compagnon. « Le foyer des étudiants est là-haut », poursuivit-elle en désignant un escalier qui s'élevait à peine quelques mètres derrière l'imposant piano. « Je suppose qu'il devait y aller, mais que personne n'a eu le courage de le porter plus loin. »

- « Et tu crois que je...? » commença Adrien en agitant machinalement les doigts dans les airs, les yeux brillants de convoitise.

- « Tu peux, chaton, tu peux », acheva Marinette dans un éclat de rire, tout en le poussant affectueusement en direction du piano.

Le jeune homme s'approcha de l'instrument avec déférence, soulevant délicatement le couvercle qui protégeait le clavier aux couleurs d'ébène et d'ivoire. Il appuya sur une touche, et un son clair s'éleva aussitôt dans la pièce, résonnant encore une fraction de seconde après qu'Adrien ait retiré sa main. Tirant le banc qui avait été installé pour le bénéfice des musiciens de passage, le jeune homme s'installa à ce qu'il jugea être une distance convenable, avant de poser enfin ses mains sur le clavier.

Un soir d'étéHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin