Chapitre 9 - Partie 2

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Erid le regarda attentivement avant de sourire, puis se tourna vers Océane, et toujours avec le même sourire en coin déclara :

— En garde !

Les deux combattants se saluèrent puis se mirent en garde. Durant de longues secondes, chacun jaugea son adversaire. Finalement, ce fut Erid qui attaqua le premier. Des passes simples pour juger la technicité de la jeune femme. Il ne trouva rien à redire. Il poursuivit par un enchainement d'assauts de plus en plus complexes qu'Océane para simplement. Elle était dans une optique de défense simple et pure, sans superflu, comme le lui avait appris William. Elle apprécia la maitrise des attaques d'Erid, concises et directes. Elle savait que c'était uniquement pour la juger et que pour chacun ce n'était qu'un entrainement. Le vrai combat n'avait pas commencé. Il essaya ensuite de percer son cercle de défense, sans résultat, Océane était concentrée et absolument pas prête à lui céder du terrain. Décidant qu'il était temps pour elle d'attaquer à son tour, en observant la technique de son adversaire, elle passa à l'action. Erid avait une faiblesse au niveau de la jambe gauche, qu'il cachait bien en s'appuyant sur la droite, et en faisant un maximum de passes qui ne la sollicitait pas. Il n'empêche qu'Océane l'avait vu et qu'elle comptait l'exploiter. Elle attaqua en ce sens. Mais l'homme était habile et il ne se laissa pas faire, rivalisant de virtuosité pour ne pas avoir à s'appuyer sur sa jambe fragile. Cela avait un prix, il commençait à fatiguer. Il avait cependant l'avantage de l'expérience sur Océane, et l'avait presque acculée sur l'un des bords de la pièce. La jeune femme savait que si elle voulait frapper, elle devait le faire rapidement. Elle tenta donc une passe risquée, faisant croire à son adversaire qu'il y avait une possibilité de feinte sur son bras gauche. Erid perçut la faille dans la défense de la jeune femme et, du plat de la lame, voulut lui fouetter le bras. Juste avant que la lame ne s'abatte, Océane passa son épée dans sa main droite et frappa, elle aussi, le genou d'Erid. Il poussa un cri de douleur et, dans une grimace, s'effondra sur le sol.

— Très bien, il me semble que j'ai gagné, déclara Océane froidement après avoir repris contenance.

Elle fit demi-tour et traversa le terrain pour sortir de la pièce, face à elle, William souriait. Elle songea un instant à lui faire ravaler son sourire, mais il le fit de lui-même. Un étrange rictus naquit sur son visage, et la jeune femme sentit qu'on s'approchait rapidement d'elle, dans son dos. Dans un demi-tour rapide, elle vit Erid arriver droit sur elle, l'épée levée. D'un pas fluide sur le côté, elle esquiva son attaque, et avant qu'il n'ait eu le temps de relever son arme, elle le frappa de toutes ses forces au visage avec son poing. L'homme sonné, lâcha sa lame. Océane l'attrapa par le col avant de s'écrier :

— Une fois ne vous a pas suffi ? Vous en voulez encore ? Quel idiot attaquerait par derrière alors qu'il vient de perdre un combat. Vous n'avez aucun honneur ?!

D'un geste furieux, elle lui jeta un nouveau coup de poing dans la figure, Erid tomba par terre, sonné. D'un pas enragé elle se dirigea vers la sortie, s'arrêtant d'abord vers son maître.

— Quant à vous, William, je vous conseillerai de bien choisir vos amis, sinon je vais finir par croire que vous êtes aussi crétins qu'eux.

Et sous son regard médusé elle sortit de la pièce. William se tourna éberlué vers son ami qui se massait la mâchoire en riant. Il s'approcha de lui et l'aida à se relever.

— Elle a une sacrée détente, il faut l'avouer, s'exclama-t-il ravi.

— Et tu l'as mérité. Mais par la Lune, Erid, qu'est-ce qui t'a pris ?

— J'avoue que cela a de quoi surprendre, allons nous assoir, déclara-t-il en se massant le genou.

William aida son ami à s'assoir sur un fauteuil avant de reprendre la parole.

— A moins que tu sois devenu féru d'affrontement durant mon absence, je ne comprends pas ton geste.

Erid, se massant le genou, le regardait un sourire vissé aux lèvres.

— En es-tu vraiment sûr ? Parce que j'ai vu ta fierté quand elle m'a battu et ton regard quand je me suis approché d'elle dans son dos. William...

— Elle t'a bien sonné, hein ? Pourtant je ne suis pas sûr de lui avoir appris tout ça, fit le jeune seigneur songeur.

— C'est certain qu'elle est devenue plus douée que toi, mon ami, mais je ne parlais pas de ça. William, que ressens-tu pour elle ?

Le jeune homme resta pensif et silencieux pendant que son ami se massait le genou. Il avait relevé son pantalon et une grande cicatrice striait sa jambe. Erid laissa réfléchir son ami. William avait toujours eu besoin de temps pour mettre en ordre ses sentiments et ses pensées, il le savait. Cependant il insista quand il vit que son camarade n'était pas prêt à répondre.

— Bon sang, tu l'as ramenée ici, ça veut bien dire quelque chose non ?

— C'est la Fille de la Lune, déclara simplement William.

Erid resta abasourdit quelques secondes avant de prendre la parole

— Je comprends mieux la réaction de Lysianna tout à l'heure. Mais pourquoi l'as-tu emmenée ici, dans la Forêt des Songes ?

— Je ne pouvais simplement pas la laisser derrière moi, avoua le jeune homme.

Erid sourit, et passa sa main dans le dos de son ami. Il comprenait ses sous-entendus et savait ce que cela impliquait pour lui. Mais la fille de la Lune ici, avec la fille du Soleil. Voilà quelque chose qui n'était pas arrivé depuis la mort de Ninnië et Lyssa. Il ignorait ce que cela pouvait présager.

— Je vais te laisser méditer. Quant à moi, je vais aller soigner ma jambe et présenter mes excuses à une charmante créature.

— Que vas-tu lui dire, demanda William.

— La vérité, que je l'ai provoquée pour savoir ce que tu pensais d'elle et que sans ça, je n'aurai jamais su que tu l'aimais...

— Si tu fais ça...

— Ne t'inquiète pas, ton secret est en sécurité. Mais je pense qu'elle se pose des questions, et je suis prêt à parier que tant que tu seras dans ces bois, tu n'y répondras pas. Alors je vais aller donner quelques réponses.

— Merci, fit simplement William au bout de quelques instants.

— Et toi tu devrais parler avec Lysianna...

Erid quitta la pièce en boitant, laissant William seul et désemparé.

La légende des deux royaumes [TERMINÉ]Where stories live. Discover now