quatrième sünde.

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Les aliments à Cheonjin semblaient si différents de ceux trouvés en Chine. Luhan s'en rendit compte dès qu'il commença à essuyer les tomates grises. Elles ressemblaient à de petites pierres molles qui répandaient un liquide noirâtre une fois pressées. Et Luhan, au lieu de poursuivre son travail, s'obstinait à admirer avec fascination le jus se faufiler entre ses doigts.

Il n'y avait rien de tel dans son pays. Fils d'une famille paysanne, Luhan avait grandi dans la Chine rurale du sud-ouest, sans jamais s'en plaindre. Petit, il aimait courir, sauter, et se rouler dans l'herbe fraîchement tondue, et plus grand, il apprécia davantage se coucher sur celle-ci en jouissant de la douce compagnie des sérénades des oisillons. Tout naturellement, il aidait son père dans les champs et connaissait, sur le bout des doigts, tous les produits de la nature, et en toute évidence, toutes les différentes variétés de tomates. Et jamais, oh jamais il n'avait vu des tomates aussi surprenantes. Il avait pensé, pendant un court instant, que ces mêmes légumes étaient tout simplement malades d'où cette couleur répugnante mais il chassa rapidement l'idée car ceux-ci semblaient parfaitement comestibles.

- Hé le chinois, tu ferais mieux de te remettre au travail au lieu de jouer. Une voix fatiguée se fit entendre.

Elle était assise, devant la porte du magasin, une glace à l'eau entre les doigts. Elle contemplait, avec amertume, la ville, sans horizon de Cheonjin. La jeune fille n'avait même pas daigné se retourner pour lui adresser ces quelques mots.

Luhan, au lieu de faire rapidement ce qu'elle lui demanda, vint s'approcher lentement d'elle. De derrière, il pouvait admirer, sans gêne, ses longs cheveux qui tombaient en cascade sur son frêle petit dos ainsi que ses subtils reflets cuivrés entre cette avalanche de jais. Sans même voir son visage à couper le souffle, on pouvait facilement deviner à quel point la jeunette était d'une grande beauté. Et, comme à son habitude, le même sourire dérangeant prit place sur le visage du jeune homme.

- Hyemin-ah, pourquoi les tomates sont-elles grises ? Demanda-t-il en venant s'asseoir près d'elle. Il tacha néanmoins de laisser un espace entre eux, de peur qu'elle ne s'échappe.

La jeune fille en question se demanda alors à son tour s'il était sérieux ou tout juste sot.

- Toutes les tomates sont grises, idiot. Tu t'attends peut-être à ce qu'elles soient rouges, si ? Dit-elle avec ironie.

- Mais oui, elles sont censées être rouges. Dit-il innocemment.

Hyemin se demanda à nouveau si l'homme aux cheveux colorés tentait de se moquer d'elle à son tour ou s'il était tout simplement stupide, pleinement stupide. Elle se remit à mordiller sa glace qui commençait à fondre, en concluant que la deuxième option était la plus raisonnable.

Même ignoré, Luhan restait assis près d'elle, occupé à s'émerveiller devant ce qui se présentait à lui. Cette dernière finit sa glace avant de se relever et d'essuyer ses mains maintenant collantes contre ses vêtements. Elle s'arrêta et posa son regard curieux sur Luhan. Celui-ci sentit son cœur prendre vie, ces beaux yeux bruns le mataient enfin et il ne savait plus où se mettre. Devait-il soutenir son regard ? Devait-il se relever ou rester ainsi à sa merci ? Était-ce ses joues qui étaient maintenant en feu ?

- Dis, comment connais-tu mon prénom ? Je n'me souviens pas te l'avoir donné.

L'excitation fut vite chose oubliée, et l'affliction prit alors place.

- Oh, j'ai juste vu ton badge. Dit-il en lui montrant son propre prénom qu'il avait sur son blouson de caissier.

A son explication, Hyemin fronça davantage les sourcils tout en le reluquant. Elle finit par hausser les épaules avant de retourner à son précieux poste, le comptoir des caisses.

Si elle avait été plus attentive, la jeune brune aurait su qu'elle ne portait pas de blouson ce matin-là, ni même les jours qui précédaient.



Malgré tout, Luhan avait ses avantages. Avoir un jeune chinois comme  employé permettait au moins à Hyemin de se prélasser tout au long de la journée. Elle pouvait fredonner de temps à autre et se trémousser au rythme des chansons pendant que Luhan passait la serpillière, rangeait les condiments, lavait les vitres sans même se plaindre de sa condition ni de la chaleur oppressante. Hyemin le regardait, un sourire aux lèvres, se débattre avec le balai deux fois plus grand que lui.

- Tu veux de l'aide, peut-être ? Demanda-t-elle, avec gaieté.

- Oh oui, j'veux bien ! Répondit-il jovial, après avoir essuyé la sueur excessive sur son front.

- Dommage, tu n'en auras pas. Répondit-elle, toujours en souriant.

- Mais tu—

- Les employés n'ont le droit de parler qu'en pause. Remets-toi au travail. Ordonna-t-elle une seconde fois avant de quitter le magasin.

Luhan la regarda partir en traînant des pieds, avant de se remettre à balayer la poussière qui lui semblait infinie. A chaque fois qu'il s'en débarrassait, elle réapparaissait avec un nouveau régiment. Il se réconforta en se répétant qu'il avait au moins réussi à lui arracher un sourire.

Chaque chose en son temps, Lu.


(in)convenience store // [LUHAN]Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon