21 - Two Princes - Part 1

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Je repris conscience petit à petit, à mesure que la douleur s'intensifiait.

J'avais l'impression d'être une piñata géante qui avait subi les assauts d'un champion du monde de boxe. Le moindre centimètre de mon corps me faisait souffrir atrocement. Et surtout, je me sentais tellement fatiguée... comme si je n'avais pas dormi depuis des siècles. Mes yeux peinaient à s'ouvrir, même un tout petit peu, au moins pour que je sache où j'étais.

Le bip constant d'un électrocardiogramme me soufflait que j'étais dans un environnement médicalisé, mais l'odeur ambiante m'était très familière. Après une grande lutte, je réussis enfin à bouger mes paupières de quelques millimètres. Mes sens ne m'avaient pas trahis, j'étais bien dans l'endroit le plus familier du monde pour moi, ma chambre. Je voulus bouger mon bras gauche, mais il était bien trop endolori et engourdi pour le moment. Je pus tout de même tourner légèrement la tête. Je vis des tuyaux allant jusqu'à la machine que j'entendais depuis le début, ainsi que plusieurs poches contenant un liquide transparent.

Alors que je baissai les yeux, Noah et Sam apparurent dans mon champ de vision. Ils dormaient assis sur mon canapé, près de mon lit. Celui-ci avait d'ailleurs changé de place, pour faciliter l'accès aux deux côtés du lit. J'essayai de parler, mais aucun son ne sortit de ma gorge. Elle était bien trop sèche et bien trop irritée. Bien que la douleur fût insupportable, je pris mon courage à deux mains pour essayer de me redresser un peu. Ma main gauche, toujours engourdie, se trouvait en réalité blottie dans celle de Sam. Au prix d'un effort surhumain, je réussis enfin à la faire bouger péniblement. Mon cousin se réveilla aussitôt et se redressa, sur le qui-vive, malgré ses yeux endormis et les larges cernes qui les bordaient. Un large sourire accompagné d'un soupir de soulagement trahirent l'angoisse qui l'avait dévoré.

- Ma poupée ! S'exclama-t-il doucement en s'approchant de moi. Je ne te demande pas si ça va ? Plaisanta-t-il, malgré la compassion qui régnait dans son regard.

Je voulus de nouveau parler, mais aucun son ne réussit à sortir, une fois de plus. Il comprit immédiatement et saisit un verre d'eau pour que je puisse m'hydrater. Il le porta à mes lèvres. Le contact du liquide dans ma gorge intensifia la douleur avant de l'apaiser un peu.

- Ça ne se voit pas ? Plaisantai-je à mon tour. Je suis dans une forme olympique aujourd'hui, murmurai-je, d'une voix rauque.

- Si ton sens de l'humour n'a pas souffert, c'est que ton cerveau va bien! Constata-t-il en souriant, visiblement rassuré.

Noah se réveilla à son tour, sans doute attiré par nos voix. Dès que son regard croisa le mien, je vis toute son inquiétude s'évaporer, me voyant consciente.

- Abby ! S'exclama-t-il d'une voix tremblante. Comment te sens-tu ?

- J'ai mal... soufflai-je en fermant les yeux un instant. Des pieds à la tête...

- C'est normal et plutôt bon signe. Si tu sens tes pieds, ça veut dire que ta moelle épinière n'a pas été touchée ! Constata-t-il, l'air vraiment soulagé. Je vais chercher tes parents et le médecin, annonça-t-il en se levant d'un bond avant de quitter la pièce.

Sam me serra de nouveau la main et se pencha pour m'embrasser le front, semblant ne pas oser me toucher ailleurs de peur de me faire mal. Lorsqu'il me regarda de nouveau, ses yeux reflétaient toute l'inquiétude qu'il avait ressenti.

- Tu reviens de loin, souffla-t-il en se rasseyant. On a bien failli te perdre tu sais, m'expliqua-t-il, les larmes aux yeux. Tony t'a trouvé étendue sur la route après que cette voiture t'ait percutée. Il a aussitôt hurlé pour avertir quelqu'un, et lorsque je suis sorti de la maison, je t'ai vu là, étendu sur le sol, du sang de partout autour de toi. J'ai tellement eu peur, si tu savais, lâcha-t-il, la voix étranglée et les larmes coulant sur ses joues. Il s'est jeté sur toi et a hurlé qu'il ne sentait plus ton pouls et là, ça m'a fait comme un électrochoc. Mon cerveau et mon corps se sont remis en route. Je vous ai rejoins en courant et je t'ai fait un massage cardiaque. D'ailleurs... pardon pour tes côtes, c'est moi. Avoua-t-il en baissant la tête. J'ai eu tellement peur que j'y ai mis trop de force.

Reality - Tome 2 - Abby aux Pays des Merveilles... ou pas (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant