Reality - Tome 2 - Abby aux Pays des Merveilles... ou pas (Terminé)

07 - Tabloid Junkie - Part 1

Le lendemain matin, je me levai tôt pour préparer un petit-déjeuner royal. D'abord parce qu'après la sortie de l'article nous allions en avoir besoin pour réfléchir à une stratégie gagnante, et enfin parce que j'avais envie de faire plaisir à mes invités. J'étais donc dans la cuisine avec Tony, lui aussi lève-tôt, en train de sortir tous les ingrédients nécessaires, lorsque j'entendis la porte d'entrée s'ouvrir. Étonnés par cette intrusion, Tony et moi nous regardâmes un instant, en alerte. La voix de Nell m'appelant retentit bientôt, ce qui nous rassura immédiatement. Elle apparut sur le seuil de la cuisine avec son frère et je vis immédiatement son beau sourire. Ce n'était pas un sourire forcé pour faire bonne figure, mais un sourire sincère qui lui illuminait le visage. Elle semblait être en forme et de bonne humeur...

- Ça va ? Me demanda-t-elle en me prenant dans ses bras un instant.

- C'est plutôt à moi de te poser la question. Répondis-je, à la fois heureuse et étonnée de la voir ainsi.

- Et bien... je dirais que je me porte comme un charme. Mais c'est grâce à Marilyn Manson et sa chanson The Speed Of Pain. Expliqua Nell en s'approchant de nous.

- Ah ouais, quand tu déprimes, tu envoies du lourd ! Souligna Tony, épaté.

Il serra mon amie un instant dans ses bras pour la saluer avant d'échanger une poignée de main chaleureuse avec mon voisin.

- On n'est pas amies pour rien, lui assurai-je en faisant un clin d'œil complice à Nell. Moi, c'est la voix de Jonathan Davis qui me fait son petit effet, ajoutai-je avec un petit sourire espiègle. Mais j'avoue que Marilyn Manson est vraiment une pointure dans son genre.

Nell m'approuva avec un petit rire gêné. Elle comprenait parfaitement ce que je ne disais pas à voix haute. Noah et Tony, eux, ne pigèrent rien du tout et le regard qu'ils échangèrent me fit rire. Vu qu'ils avaient sans doute envie de comprendre « le nébuleux esprit féminin », si vous me permettez cette licence poétique plus que discutable, nous allions le leur expliquer. Mais quitte à user des clichés jusqu'au bout, autant qu'ils aient le ventre plein pour être certain de tout bien assimiler.

Car ils ne demeurent que des hommes, n'est-ce pas ?

Nell et Noah nous proposèrent leur aide, mais je déclinai l'offre et leur demandai de s'asseoir au comptoir en attendant. Tony attrapa un saladier et le posa devant lui, bien décidé à me donner un coup de main, que je le veuille ou non.

- Ça va ? Tu as bien dormi ? Lui demanda Nell en le voyant bailler à s'en décrocher la mâchoire.

- Comme un bébé, bien que je me sois senti un peu seul dans ce grand lit glacial sans toi pour le réchauffer à mes côtés ! Répondit-il en surjouant l'homme énamouré, et en m'entourant de ses bras tandis que je sortais les œufs du frigo.

- Stop ! Le calmai-je en riant. Tyler n'est pas levé alors ce n'est pas la peine de taper dans ce registre ! James n'ai même pas là pour te mettre de calotte derrière la tête, ce n'est pas drôle !

Je le poussai gentiment, amusée par son attitude grotesque de « lover ». Il ria de bon cœur et me fit un bisou sur la joue en guise d'excuses. Nous étions parfaitement sur la même longueur d'ondes. Noah fronça les sourcils, semblant tiquer devant notre complicité, mais ne se permit aucun commentaire face à mon absence de réaction violente envers Tony. Il savait que j'étais le genre de fille à envoyer sur Mars un type qui oserait me jouer la sérénade alors que j'étais déjà prise. Pourtant je laissais faire, car je savais que ce n'était qu'un jeu pour nous faciliter les choses. Et puis, pour que notre relation paraisse crédible aux yeux des experts de la presse people, nous devions nous habituer à avoir certains gestes naturels de couple. Déjà qu'on s'était fait griller, car on n'avait pas suffisamment fait attention à notre communication sur les réseaux sociaux !