Blue Angels - Tome 1 : L'Organisation

Chapitre 13 : Un samedi comme les autres III

Le coup d'envoi est lancé, on y est. Mon sentiment d'appréhension disparaît dès les premiers instants et se transforme en curiosité. Qu'est-ce que ces deux personnes sont capables de faire ? Qui va l'emporter ? Je sais que je ne vais pas tarder à le savoir.

Nathan attaque le premier. Ses bras font deux tours durant lesquels, jaillissant du sol, de l'eau se regroupe sur ses poings. Ensuite il projette ses mains vers son adversaire. Et deux puissantes et rapides balles de liquide foncent droit sur Leïla. Cependant, celle-ci n'oscille pas d'un cheveu. Cela m'inquiète, alors que les projectiles sont simples à esquiver. À cette distance, il est facile d'anticiper leur trajectoire.

Au dernier moment, elle disparaît. Rectification, elle semble le faire. L'attention était tellement mobilisée qu'elle a réussi à la détourner, pour donner l'illusion de s'évaporer, de courir plus vite que Lee, de se téléporter derrière Nathan. Car c'est pile l'endroit où elle se trouve actuellement. Sans attendre, elle lui envoie un coup de pied.

Son adversaire a tout juste le temps de s'en apercevoir. Il parvient à se retourner, à se protéger et à s'éloigner d'un bond en arrière. Une attaque dans chaque camp, aucun dégât de part et d'autre. Puis vient le second tour.

Une pluie de coups de pieds et poings se déchaîne sur Leïla. Nathan donne tout ce qu'il a. Je suis impressionné par la technique dont il fait preuve. Il va tellement vite que je ne vois pas les détails de ses actions. Cependant, je vois qu'il n'a pas l'avantage. En effet, l'Élue du Vent se contente de parer et d'esquiver, ni plus ni moins, tout en gardant une posture calme. Et je suis trop médusé par ce spectacle pour poser ne serait-ce qu'une question. Les deux combattants se rapprochent dangereusement de l'extrémité de l'arène, mettant à mal Leïla.

Nathan fait un croche-pied, que son adversaire esquive en prenant appui sur les épaules du garçon. L'Élue se retrouve une deuxième fois dans son dos mais celui-ci pivote déjà, plus réactif encore. Et les enchaînements reprennent de plus belle.

Ils rejoignent le centre du terrain lorsque Nathan lève subitement les bras et qu'un gigantesque geyser sort du sol. Il monte très haut dans le ciel et Leïla est prise à l'intérieur. Soudain, il se courbe, à la manière d'un tuyau d'arrosage dont on aurait obstrué une partie. Le jet d'eau change de direction et enveloppe le garçon à son tour, le projetant jusqu'au mur. Il ne réapparaît qu'une fois que tout a disparu.

Le plus intriguant est que Leïla est sèche, aucune goutte ne transparaît. Et elle flotte ! Elle n'a plus d'attache sur le sol. Aussi légère que l'air lui-même. Lorsque j'y réfléchis, cela me parait évident pour une Élue du vent.

Cependant, Nathan est remonté. Il pose la main sur le sol et de l'eau apparaît sur tout le terrain. Je n'ai pas l'impression que le niveau subit une élévation intense ; Leïla reste en élévation constante, et l'écart entre elle et la mare est identique. Mais le garçon accroupi disparaît. La piscine – et c'est la seule manière de désigner cet endroit – est prise de violents remous. Je ne parviens plus à voir au travers.

Son adversaire reste calme, malgré le fait qu'un danger invisible la guette à chaque instant. Soudain, à l'endroit où se trouvait Nathan, une puissante gerbe d'eau parcours les hauteurs du mur invisible. Il va lancer une attaque sous-marine, tandis que la profondeur de la piscine atteint plus d'un mètre.

Leïla regarde partout autour d'elle, et continue de s'élever au rythme du niveau de l'eau. Je salue la prestation aquatique de Nathan et de ses branchies. J'ai un peu peur dès qu'une action se déroule sous le niveau de la mer. Je pensais que cela concernait juste les films et les jeux vidéo mais je constate que cette situation ne me laisse pas très à l'aise, à l'instar de Mélanie qui s'inquiète toujours autant pour son amie. Celle-ci effectue un vif mouvement du bras et une bourrasque vient déloger son adversaire et le projette haut dans le ciel. Il est plaqué violemment contre le mur, juste en face de nous. J'ai eu peur que la paroi invisible ne l'arrête pas dans sa course.