Chapitre 12 : Un samedi comme les autres II

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  - On est encore loin ? je demande à Lee tandis que je sens mes poumons peiner à m'apporter l'oxygène nécessaire.

  Nous courons à vive allure dans le Complexe, et évitons de foncer dans les personnes et de traverser leur activité. Ce n'est pas toujours réussi et malgré les excuses, les insultes pleuvent sur nous parfois.

  - Non, mais si tu ne te dépêches pas, on va manquer tout le spectacle ! fais Lee qui trépigne d'impatience.

  Je suis traversé par un mélange de peur, d'excitation, et de fatigue intense, mais cette dernière est due à ce sprint en continu. Leïla doit être sacrément puissante pour détruire un bâtiment entier comme celui de la piscine qui, après le stade, est de loin le plus grand de tous. Pire encore, Lee m'a dit qu'elle n'avait alors que huit ans ! Je me demande quelles sont ses capacités maintenant. Et pourtant, malgré les risques qu'il peut y avoir avec ce « match » pas comme les autres, j'ai très envie d'y assister. On parle là d'un combat de Facultés, et pour une fois que ce n'est pas contre moi qu'on l'utilise, je veux voir cela de mes propres yeux. Et puis cela me permettra de retrouver Mélanie, du moins je l'espère.

  - Parce que tu peux... courir plus vite... que ça toi... peut-être ?

  Ma diction est ponctuée de grandes inspirations stratégiques. Je suis à bout de souffle, la sueur coule sur mes joues, dans mon cou et descend dans mon dos. Ce n'est pas des plus agréables. Lee quant à lui n'a pas l'air de souffrir le moins du monde c'est même le contraire, il se porte mieux depuis que nous avons commencé notre course.

  - Bah, évidemment, pour qui me tu me prends ? me répond Lee après un petit rire bien arrogant. Tu veux que je te montre ?

  Et il disparaît. Il va aussi vite qu'une tornade, aussi rapide que mon Instructeur. Non, plus encore. Mais il ne revient pas. Il me laisse seul, perdu en plein milieu du gigantesque Complexe. Ça me surprend tellement que je m'arrête, yeux grands ouverts et bouche béante.

  - Quel abruti de crâneur.

  Je marche. C'est fini pour moi la course, qu'importe si j'arrive en retard. Mon corps ne supporterait pas. Je mesure à quel point je suis fatigué, physiquement. J'ai encore besoin de repos, même si moralement, ça va un peu mieux depuis ce matin.

  Je croise une personne et lui demande le chemin de l'endroit des combats de Facultés. J'ai la chance d'être juste à côté. Je m'élance. J'entre à l'intérieur du bâtiment que l'on m'a désigné. Et surprise, il n'y avait personne d'autre qu'un homme en train danser sur sa musique en passant la serpillière dans la salle. Je ressors discrètement avant qu'il ne m'aperçoive.

  Je mets du temps à comprendre. Je suis dans la salle de combat mais aucun match n'est prévu dans ce bâtiment. Mais comme Leïla semble être une grande guerrière, ils ont probablement dû transférer la rencontre dans une optique de sécurité. Comme un endroit un ciel ouvert, comme le stade. Comment n'y ai-je pas pensé plus tôt ? C'est une véritable cacophonie qui provient de cet endroit. Et je constate qu'encore beaucoup de monde rentre à l'intérieur.

  Je trottine donc vers ma destination et me dirige ensuite vers les gradins. Je suis à l'endroit où l'événement du siècle va se dérouler ; toute la communauté se retrouve ici. Plus de la moitié des places sont déjà prises.

  - Romain !

  Quelqu'un répète mon prénom, mais je n'aperçois pas l'interlocuteur. Mélanie me fait signe de la main et m'appelle une nouvelle fois. Je la rejoins, content et soulagé de la retrouver. Essoufflé, je m'assois à côté d'elle.

  - Dis donc, tu aurais pu m'emmener avec toi tout à l'heure plutôt que de me laisser en plan tout seul, dis-je sur un ton qui faisait transparaître plus la piété que le reproche.

Blue Angels - Tome 1 : L'OrganisationWhere stories live. Discover now