Abréaction

R e s p i r e

Elle

On a souvent tendance à penser que les dépressifs sont toujours au fond. Mais ce n'est pas vrai. Il y a quelques bouffées d'air pur qui parviennent à faire revivre les anges déchus. La première que j'ai reçue fut un fou rire avec Elliot. Non, ce ne fut pas la première fois que nos regards se sont croisés car lorsque c'est arrivé je n'ai vu que deux iris chocolats, comme des millier d'autres sur cette planète. Ces moments n'ont de l'importance qu'à la fin de l'histoire.
La seconde fut lorsque je l'ai empêché de se noyer. À cet instant-là, je n'étais plus celle qui foutais sa vie en l'air, mais bien la fille qui en sauvait une.
La troisième, je suis en train de la vivre.

- Cette fois-ci, je vais vraiment mourir ! Hurle Elliot sans m'adresser un regard.

Pour toute réponse, j'éclate d'un rire franc, retentissant.
Le vent gifle nos joues et fait claquer nos vêtements tandis que nous filons dans la nuit à toute vitesse, les pieds ancrés sur le toit d'un bus.