Abréaction

N u i t d ' é t é

Elle.

Je grimpe sur le toit après avoir enfilé une veste et lancé des couvertures et quelques oreillers sur les tuiles. Certaines plaques de terre cuite craquent sous mon poids et je me balance sur le côté pour soulager la toiture. Je n'ai pas envie qu'un de mes parents me découvre. Je m'enroule dans mon plaid après avoir finalisé mon installation nocturne et plonge mon regard dans la nuit. Ouais, je fais ce truc cliché de regarder les étoiles. Sauf que ma vie n'est pas un film à l'eau de rose, c'est juste un enchaînement d'événements plus nuls les uns que les autres. Le moment que je préfère est la nuit. C'est comme si le monde était sur pause. Enfin, là où j'habite. Ce n'est pas une grande ville bruyante et lumineuse. Non, ici le ciel est noir. Quand je tourne la tête à droite, les nuages sont teintés d'orange ; c'est la ville. Mais au-dessus de moi, c'est sombre. Et j'aime ça. Les étoiles n'en sont que plus brillantes. Lentement, je m'abandonne à l'engourdissement du sommeil, Bon Iver dans les oreilles.

J'oublie que mon père est au chômage, que ma mère me rend dingue, qu'ils me prennent pour un danger public, que je suis malade.

Que je suis malade.

Que mon cerveau est en train de me tuer.

Que ça n'ira jamais bien.