Abréaction

P e r d u e

Elle

Ma langue claque contre mon palais lorsque la secrétaire m'appelle. Je jette un dernier regard vers la porte, évaluant mes chances de m'échapper, constatant qu'elles diminuent à chaque pas que je fais. Je finis par croiser les iris bleus de ma psychiatre.

- Comment ça va ce matin ? s'enquit-elle.

- Comme demain.

- Tu ne peux pas prévoir comment tu te sentiras demain.

- Croyez-moi, je le sais.

La quarantenaire soupire et sort un dossier où je peux lire mon nom à l'envers sur le haut de la page.

- De quoi veux-tu parler aujourd'hui ? me demande-t-elle avec douceur.

- De combien de séance il me reste avant que je n'ai plus jamais à refoutre les pieds ici.

Le capuchon de son stylo s'enfonce dans un petit clic sonore qui contraste avec la dureté de mes mots.

- Autant qu'il le faudra pour que tu te sentes bien, Victoire.

- Vous me donnez envie de mourir, soupiré-je en me levant.

J'attrape mon sac à dos qui était posé à mes pieds et le lance sur mon épaule.

- Et ne m'appelez plus Victoire alors que je ne suis qu'une putain de défaite.