Chapitre n°20 - Tout est cycle, cercle vicieux, éternel retour

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Mercredi 21 Février 2018, Cancún

Je me réveille lentement, incapable d'ouvrir les yeux. J'ai l'impression que de la glue maintient mes paupières closent. Comme si j'avais l'entière interdiction d'ouvrir un œil. J'ai mal au bassin, au ventre, aux jambes, au cœur aussi. Je peine à bouger, à respirer. J'ai l'impression que mon corps entier est cassé, déchiré. C'est comme si mon cœur avait été déchiqueté, que mon bassin avait été brisé en milles morceaux.

Mes sourcils se froncent et je toussote alors que mes yeux s'ouvrent enfin. Mes paupières s'ouvrent et se ferment rapidement, mais lorsque je réussis à garder les yeux ouverts, mon sang se glace. Les machines se mettent à biper à côté de ma tête et des sueurs me parcourent entièrement. Suis-je en train de rêver ?

Je tends la main vers lui, et il me la prend. Sa main est froide et tremblante. Ses petits yeux émeraudes sont gonflés, rouges, débordant de larmes. Il me sourit et lève les yeux au ciel, chuchotant un remerciement à Dieu. Une larme m'échappe également. Je n'arrive pas à croire qu'il soit ici, réellement.

« J'ai cru que tu ne te réveillerais jamais, murmure t-il en venant plaquer son front contre le mien.

- Logan... j'articule difficilement.

- Je suis là, je ne pars plus je te le promets. Je suis désolé, désolé de t'avoir abandonné...

- Le... le bébé...

- Ton bébé va bien, il est même en pleine forme. »

Je réussis à sourire et il me sourit en retour. Il me dit qu'il revient et lâche ma main, décampant de la pièce. Celle-ci est blanche, seul le mur derrière moi est d'un bleu pâle foncé. Les stores à ma droite sont du même bleu, une banquette est disposée juste en dessous et un fauteuil est à ma gauche. Devant moi il y a une télévision accrochée au mur, et un immense placard en bois, ainsi qu'une porte. La chambre n'est pas si moche que ça.

Je tousse et ma mère entre avec Chris, Logan et le docteur Coleman. Ma génitrice se jette à mon chevet et pleure toutes les larmes de son corps. Elle me fait mal mais qu'importe, je suis heureuse de la voir. Elle pose son front contre le mien et me l'embrasse ensuite, ses mains sur mes joues. Elle me dit que je leur ai fait un sang d'encre et qu'ils ont cru me perdre à jamais. Je lui souris et le médecin vient m'examiner.

« Tu as fait ce qu'on appelle une hémorragie de la délivrance, m'explique t-elle. C'est une complication redoutable de l'accouchement, qui touche je crois 5 % des femmes. Tu as perdu beaucoup de sang après la naissance de ton bébé, à cause du placenta, et comme ton corps était faible, cela a été un peu plus difficile. On t'a directement amené en soins d'urgence et on a réussit à stopper l'hémorragie. Tu as eu beaucoup de chance, car peu de femmes y survient.

- Mon... mon bébé va bien ?

- Ton bébé va très bien. Il est avec une certaine Hailey qui le surveille sans relâche depuis sa naissance. Il est en pleine forme et a de très bons réflexes. C'est une très bonne chose. »

Un sourire se dessine sur mon visage puis le médecin termine de m'examiner. Lorsqu'elle a finit, elle sort et va parler avec mes parents dehors, Logan se rapprochant de moi. Il se met à côté de moi sur le matelas, et m'embrasse le front.

« Je suis désolé d'être partit... Mais... j'avais peur. J'avais peur de te perdre à cause de ce bébé qui n'est pas le mien... Je n'ai plus donné de nouvelles, à personne. Je suis partit vivre chez mon oncle pour me ressourcer... Mais quand ta mère m'a laissé un message sur mon répondeur pour m'annoncer la naissance de mon fils, et me dire que tu étais dans un état critique, j'ai tout de suite prit le premier bus et je suis venu aussi que possible. J'avais tellement peur de te perdre à tout jamais... J'ai eu peur de perdre alors que j'étais partit juste avant... il marque une pause. J'ai vu ton petit garçon, que tes parents pensent être le mien, et j'ai compris que je ne voulais plus partir. Que je voulais être là pour toi. Que je voulais être là pour lui aussi. Il rigole, la tête baissée. Si tu savais comme il te ressemble. Il a tes yeux et ton nez, une bouille d'ange. »

❝𝐀bîmée❞Where stories live. Discover now