Chapitre nº19 - La naissance est le miroir de la mort

140 31 21
                                    


Mercredi 21 Février 2018, Cancún

     Assise dans le fauteuil de la chambre, je me berce doucement, fredonnant une douce mélodie, tout en caressant mon gros bidon tout rond. J'ai tellement hâte que ce petit pointe le bout de son nez, il se fait désirer. Je relève la tête et regarde la petite chambre que nous avons préparé spécialement pour ce petit être. Les murs de la pièce sont tous blancs, sauf un qui est bleu pastel. Il y a de petites étagères qui sont fixées à hauteur d'un enfant, avec quelques premiers livres posés dessus, et un mini dressing à la même hauteur, avec tous les vêtements que nous avons acheté, ou reçut. Un lit cabane est dans un coin, à l'opposé de la fenêtre et du fauteuil dans lequel je suis assise, tandis qu'une guirlande à boules lumineuse est entortillée sur le bois du haut du lit. Dans le coin opposé à ma chaise, est suspendu un ciel de lit dans les tons gris, donnant un aspect princier à la chambre, que je considère comme un coin de repos.
Mon petit diable ne risque pas de s'ennuyer ici, lorsqu'il sera un peu plus grand.

J'entends soudainement la porte d'entrée s'ouvrir et ma mère m'interpeller. Je souris et vais jusqu'au séjour, l'accueillir. Elle pose le sac de courses sur le plan de travail de la cuisine et vient m'enlacer dans ses bras.

« Je n'ai pas été trop longue ? me demande t-elle en posant ses mains sur mon ventre.

- Non ne t'en fais pas, je vais bien, maman. Les jumeaux ne sont pas avec toi ? je demande en remarquant qu'elle est seule.

- Ils sont chez Louisa avec Evan, Chris est au travail.

- Je vois... »

Je soupire. J'avais tellement envie de voir mes frères et sœurs, il faut croire que je vais devoir attendre encore un peu.

Depuis que je vis seule, ma mère vient me voir tous les jours, sans exception. Il lui arrive même de dormir à la maison, afin de vérifier que je vais bien. J'aurais très bien pu rester chez mes parents, mais étant bientôt majeure et maman, j'avais besoin de mon intimité. J'avais besoin de préparer l'arrivée de ce bébé comme il se doit. Maman a décidé de m'aider à financer cette maison, non loin de chez eux, n'étant pas totalement prête à me laisser vivre seule. Bien sûr, cette nouvelle opportunité me contraint à ne plus voir mes frères et sœurs comme avant, et Dieu sait qu'ils me manquent terriblement, mais c'est le mieux pour tout le monde.

Ma mère sourit et sort un pot de glace, que nous commençons à manger toutes les deux. Hailey m'envoie soudainement un message, me prévenant qu'elle ne devrait plus tarder à arriver. Elle devait aller vérifier quelque chose au magasin, m'a t-elle confié plus tôt dans la journée. J'espère que ça c'est bien passé.

« Toujours pas de nouvelles de Logan ? m'interroge subitement ma mère d'une voix douce et inquiète. »

Ces mots résonnent dans ma tête comme un coup de massue. Le sujet "Logan" est encore difficile à aborder. Depuis le combat sanglant dans les toilettes chez Maely, je n'ai plus eu de nouvelles. Logan a coupé les ponts avec moi sans me donner d'explications, sans m'envoyer ne serait-ce qu'un message. Rien. Il m'en veut, je le sais, mais deux mois se sont écoulés depuis cette dispute, et je n'ai toujours rien.
Évidemment, cela fait le bonheur de Marvyn, qui lui ne m'adresse plus tellement la parole non plus, sauf pour parler du bébé. Il me suggère quelques prénoms de temps à autres, mais je n'y fais pas attention. Je ne veux pas qu'il soit impliqué dans cette naissance. Légalement, il est peut-être le père de cet enfant, mais il est hors de question qu'il participe à notre vie.

Ma mère répète sa question, me demandant si ça va, et je hausse les épaules en répondant que non, je n'ai toujours pas de nouvelles.

Hailey entre brusquement dans la maison, un sac de course sous le bras. Elle nous sourit, saluant ma mère, puis pose le sac avant de nous rejoindre sur le canapé. Elle s'affale dedans et soupire, certainement heureuse d'être rentrée. Je souris à ma meilleure amie et lui propose mon pot de glace, qu'elle accepte volontiers, puis nous allumons la télévision, regardant une émission radicalement nulle.

❝𝐀bîmée❞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant