Chapitre 4 - Partie 2

Depuis le début
                                    

Le bruit des larmes des deux combattants qui s'entrechoquaient venaient se marier avec l'activité matinale du château. Océane eut du mal à parer l'attaque du Seigneur William mais au dernier moment, dans un réflexe impressionnant, elle réussit à le contrer mais il n'en fut cependant pas déstabilisé. A dire vrai, elle n'était pas au meilleur de sa forme, William le voyait bien. Cela faisait des semaines qu'ils s'entrainaient et elle commençait enfin à montrer des signes de fatigues. Il trouva rassurant de voir enfin les limites de sa servante qui semblait tendue et épuisée. Pour une fois, il n'abusa pas de sa rigueur habituelle et la libéra plus tôt qu'à l'accoutumée.

Océane accepta avec joie cette délivrance, ce qui n'était pas commun non plus. Elle mettait toujours un point d'honneur à ne pas se montrer faible ou fatiguée. Se sentant coupable d'avoir trop fatigué la jeune femme, William s'approcha d'elle.

- Si tu le souhaites, tu peux prendre un bain dans ma chambre, proposa-t-il.

- En quel honneur ? interrogea la jeune femme suspicieuse.

- Pour le plaisir des yeux ! fit-il taquin, avant de reprendre plus sérieusement. J'ai plusieurs choses à faire et je ne prendrai pas mon bain tout de suite. C'est en récompense de tes progrès accomplis.

A chaque fin d'entraînement, un bain attendait William. Comme Océane, les autres domestiques avaient été surpris de cet excès de propreté, mais tous s'étaient fait à cette excentricité. Océane réfléchit, indécise. Ce n'était pas correct d'accepter, elle ne le pouvait pas. Cependant, elle rêvait d'un bain chaud. Finalement, le désir prit le pas sur la raison et, d'un frêle hochement de tête, elle accepta la proposition de son maître.

William profita de cet instant encore matinal pour fouiller dans les affaires du Seigneur Mordrais. Il n'avait rien obtenu de satisfaisant jusque-là, rien qui ne justifiait sa venue. Il savait que Mordrais laissait traîner ses papiers sur une table dans une des salles qui n'était que rarement gardée. Le jeune espion ne savait pas trop si c'était par inconscience ou, au contraire, excès de confiance. Il avait pensé un instant que cela pouvait être un piège tendu, mais il était prêt à prendre le risque. Il ne supportait plus l'incertitude, les demi-mots. Il avait assez patienté comme cela. Il marcha dans des couloirs vides, croisant parfois des domestiques occupés à leurs tâches. Personne ne se trouvait devant la porte de la pièce qui l'intéressait et comme convenu, elle était ouverte. Il pénétra dans la salle, prenant bien soin de refermer la porte derrière lui. Il commença à fouiller dans les papiers, écartant ceux qui ne l'intéressaient pas. C'était un tel fatras que personne ne remarquerait qu'ils n'étaient pas à leur place.

William faillit désespérer, lorsqu'il trouva enfin ce qu'il cherchait. Au milieu du capharnaüm, une missive attira son attention.

Il s'en saisit pour la lire lorsqu'il entendit des voix s'approcher dans le couloir. Il se figea et tendit l'oreille, ne bougeant plus un seul muscle de son corps. Les voix passèrent et ses épaules se relâchèrent. Il respira à nouveau et lu la lettre avec avidité. Même si elle n'était pas signée, il savait qu'elle venait de Finwë. Ses doutes étaient fondés. À mots voilés, il était dit que tout serait prêt pour les prochaines chaleurs. Soit l'été prochain. William pouvait parier que Finwë, avec l'aide de Mordrais, tenterait de s'emparer du trône du Roi Danector. Il reposa la missive à sa place, remit l'amas de papier par-dessus et quitta la pièce en toute discrétion. Il ne se demanda pas une fois pourquoi Mordrais avait laissé un tel courrier traîner, il le mit sur le compte de sa stupidité.

Océane soupira d'aise quand son corps se glissa dans la bassine d'eau chaud. Un vrai délice pour son corps endolori. Ses muscles ne tardèrent pas à se délier. Etendue, elle profita de cet instant de calme, le savourant pleinement. Elle regarda son corps qui avait changé. Il était devenu plus souple, plus musclé. Pour le moment, il était encore couvert d'ecchymoses dont certaines aussi grosses que son poing. Mais elle passait outre, la douleur se faisait presque oublier. Ce qui n'allait pas de même avec les trois marques qui zébraient son dos. Mais là aussi, elle balaya la grimace qui naissait sur son visage. Elle se focalisa sur la maitrise de son corps nouvellement acquise. Apprendre à se battre lui avait apporté une plénitude qu'elle ne s'expliquait pas. C'était comme si cette faculté avait jailli d'elle, comme si elle avait été enfouie depuis toujours à l'intérieur de son corps, attendant le bon moment pour apparaître. C'était une sensation étrange. Pourtant, Océane se trouvait plus à sa place que jamais. Elle avait acquis une assurance nouvelle qui avait balayé ses craintes du début.

La légende des deux royaumes [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant