p.s : je ne t'oublierai jamais

Chapitre Un

Est-ce que quelqu'un peut m'expliquer pourquoi dans tous les livres que je lis, la fille ou le garçon n'est jamais content d'aller en colo ? Pourquoi il faut toujours que la personne se demande des choses du genre "Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?".

Une chose est sûre, je ne comprendrai jamais ces gens.

La voix mélodieuse d'une de mes artistes préférées parvient à mes oreilles et je me détends contre la paroi du bus de ville. J'aime tellement ce sentiment, celui d'être là mais en même temps transporter à des années lumières, tout cela grâce à de simples paroles ou une partition. Et après tout, Kant l'a si bien dit, « la musique est la langue des émotions ». C'est pour cela que j'aime tant en écouter. Pas besoin d'être un génie pour comprendre la détresse d'un auteur, la frustration d'une jeune chanteuse ou la félicité d'un compositeur.

Face à moi, l'écriteau STOP clignote et je me redresse automatiquement. J'attrape ma valise par le manche, mon étui de guitare et parviens à me faire un chemin parmi les nombreux voyageurs présents dans le transport. Dehors, l'air frais me frappe et je souris. Cet endroit m'avait tellement manqué.

L'intérieur de la gare est toujours aussi bondé, comme à chaque vacances d'été. Je me fais bousculer, encore, et râle. Certains n'ont aucune politesse.

- Emma !

Alors qu'un sourire s'inscrit rapidement sur mon visage, je plisse des yeux et me mets à la recherche de la personne qui m'a appelée. Maria apparait à ma droite et je lâche ma valise pour entourer ses épaules de mon bras gauche.

- Salut, je la presse contre moi et elle frotte mon dos de ses mains. Ça fait tellement longtemps !

- Un an maintenant. En fait ça remonte au dernier été !

Depuis maintenant trois ans, Maria dirige avec beaucoup de succès l'équipe des animateurs du camp de vacances où je me rends. Nous sommes bonnes amies, même si elle se doit de rester à sa place d'employée.

- Moi aussi je suis content de te revoir Emma.

Aussitôt que je lâche Maria, mon cousin s'approche de moi et me tire la langue. Je lève les yeux au ciel et viens le prendre dans mes bras. John a toujours été comme ça, blagueur mais aussi attentionné que pourrait l'être mon meilleur ami. C'est d'ailleurs grâce à lui que j'ai découvert ce camp de vacances musical.

- Tu m'as manqué cousin !

- À moi aussi. Allez va rejoindre le groupe là-bas.

Il me montre du doigt le groupe d'environ 40 adolescents, comme moi, passionnés de musique.

Vingt minutes plus tard, mes bagages sont enregistrés et comme le reste du groupe, je suis installée dans le train avec mes écouteurs dans les oreilles. Je me mets à fredonner sans m'en rendre compte et ferme les yeux. Ma nuit a été courte pour arriver jusqu'ici et j'ai bien l'intention de la rattraper maintenant.

J'entends quelqu'un parler à côté de moi. Sur le moment, je n'y prête pas attention mais lorsque j'entends que la personne parle à nouveau je décide d'enlever mes écouteurs et de lever la tête en direction de la personne qui parle. Une fille de mon âge se tient devant moi, remettant une mèche de ses cheveux derrière son oreille.

- Est-ce que tu me parlais ?

- Oui, elle me sourit timidement, je t'ai entendu fredonner les paroles de No Diggity.

- Oui j'écoute cette musique en boucle, je lui apprends et elle glousse.

- Moi aussi. Depuis que je l'ai entendu dans un film, je ne m'en passe plus.

Lorsqu'elle redresse sa tête et fouille le train du regard, j'enlève discrètement mon sac à dos de mon siège voisin et me racle la gorge.

- Tu veux t'assoir ?

La fille aux cheveux roux me sourit à nouveau et s'installe à mes côtés dans le silence. Je lui tends un écouteur et ensemble nous fouillons dans mon répertoire de chansons pour trouver une chanson à écouter. Finalement nous passons le trajet à se passer des tonnes d'albums, à discuter pour en apprendre plus l'une sur l'autre. Luna m'apprend que c'est sa première fois ici et qu'elle est un peu nerveuse à l'idée de se sentir seule au camp. Malgré ma propre anxiété, je la rassure et tente de lui changer les idées.

*

Tout le monde s'agite. Nous sommes arrivés.

Bienvenue dans le Colorado !

Arrivés au camp, nous descendons du bus qui nous y a conduit et écoutons les animateurs parler.

- Vous allez choisir vos dortoirs et allez par la suite vous faire enregistrer au bureau d'accueil du camp. Soyez à 18h près de la scène ouverte pour la fête d'arrivée de notre colonie. Jusque là vous avez champ libre pour vous balader dans le camp et faire connaissance les uns avec les autres.

Luna et moi nous dirigeons vers un dortoir. Nous ouvrons la porte et découvrons notre chambre pour les deux prochains mois. Il y a quatre lits, un pour moi, un pour Luna et les deux restants pour mes deux autres de mes amies dans ce camp, Jessie et Alysson. Je compte les présenter à Luna, je sais qu'elles vont très bien s'entendre.

Luna et moi allons nous faire enregistrer au secrétariat. Arrivée, je m'avance vers la secrétaire et lui demande les papiers à vérifier. Elle me demande confirmation :

- Emma Parks. 18 ans. Née le 24 août. Pas d'allergies. Dortoirs partagés avec Luna, Jessie et Alysson. Repas tous les jours au self. Arrivée le 27 juin. Départ le 25 août. C'est bien ça ?

Je lui confirme et la vois soupirer pour se tourner vers un autre pensionnaire. Les joies de la colo...

*

Avec les filles nous sommes devant la scène ouverte. J'avais raison les filles se sont très bien entendues. Il faut dire que si le courant passe avec moi, il passe normalement avec mes deux meilleures amies du camp.
Il commence déjà à faire nuit tandis que Maria arrive sur la scène. Elle hurle dans son micro :

- Bienvenue à tous ! Nous sommes très heureux de vous accueillir encore cette année pour certains. Avec les animateurs, nous avons décidé de changer le programme. Vous aurez le matin, comme prévu, votre petit-déjeuner puis une activité sportive. Vous avez donc après, votre repas de midi au self puis l'après-midi une activité musicale. Toutes les semaines vous aurez au moins une scène ouverte ici même pendant laquelle vous allez pouvoir vous produire devant tout le monde, un peu comme dans les films.

Nombreux sont les rires qui se font entendre autour de moi. Je souris et me balance sur mes pieds tout en écoutant la fin de son discours.

- Nous avons cette année la chance d'avoir à nouveau un invité du monde de la musique. Il y a deux ans, il s'agissait d'un vieux chanteur dont je n'avais jamais entendu parler. Il s'agit donc cette année du chanteur Wen Wilson.

Autour de moi, j'entends des filles hurler de joie et chuchoter des choses comme "Ce mec est un dieu vivant!" ou encore "Comment se concentrer quand on a le plus beau mec de la terre à ses côtés!". Je dois dire que ce Wen ne m'impressionne pas tellement. D'accord, il a déjà une belle carrière devant lui pour seulement dix-huit ans mais je trouve qu'il a trop la grosse tête. Je n'ai jamais vraiment regardé à quoi il ressemblait et ça m'importe peu. Il est aussi très égoïste et de ce que j'ai entendu, il débutera l'écriture d'un nouvel album très prochainement. Luna, Jessie et Alysson sont plus heureuses que moi de son arrivée au camp.

- Nous comptons sur vous pour ne pas l'énerver et ne pas le déranger lorsqu'il souhaitera être seul, nous dit John.

Sur ces paroles, nous partons en direction du réfectoire pour manger puis partons nous coucher.