Noir et doré |12|

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Elle ouvre la grosse armoire en bois à sa gauche et je vois des milliers de boîtes noires sur lesquelles sont inscrites les initiales de l'organisation. Émilie commence à appeler les servantes chacune à leur tour et quand elles reviennent se placer dans leur rang, elles peinent à contenir leur excitation en ouvrant leur boîte.

— Rowens Aurore !

Je me dirige vers Mme Delphine en paraissant neutre. Je n'ai pas envie d'avoir l'air idiote en m'esclaffant. Je ne supporte déjà pas d'être au centre de l'attention, ça me déstabilise, et justement les regards de toutes mes « camarades » sont posés sur moi. Qu'on fasse vite. J'essuie mes mains moites contre mon tablier. La gouvernante me sonde de ses yeux gris et me tend la fameuse boîte noire en souriant.

— Tu le mérites, ma chérie, me chuchote-t-elle.

Je souris à mon tour et la serre dans mes bras. Elle ne réagit pas tout de suite, surprise. Elle me caresse le dos et je retourne à ma place, impatiente d'essayer mes nouvelles chaussures et de brûler mes ballerines.

J'écoute l'appel des autres sans vraiment faire attention, à part quand c'est le tour de Lina. Quand son nom est cité, je lui serre la main, aussi heureuse pour elle que pour moi.

Quand c'est enfin fini, Mme Delphine fait encore un petit discours et sort du Salon. Les groupes séparés se mélangent alors pour n'en former plus qu'un seul. Pour ma part, je préfère être dans ma chambre pour ouvrir la boîte. Zaria et Lina me suivent. Les chambres des servantes sont réparties sur deux étages, on peut trouver une fille par chambre, si la pièce est vraiment petite, comme la mienne, ou trois, voire quatre partenaires de chambre. J'ai la chance d'être seule pour l'instant, mais je vais demander à Mme Delphine s'il est possible de me placer avec Lina et Zaria. Elles partagent une chambre qui se trouve au même étage que la mienne et elles ont un lit de libre.

Je me jette sur mon matelas, Zaria et Lina en font de même. Il grince et s'affaisse bien trop sous notre poids.

— Vous voulez que mon lit se casse en deux ou quoi ? m'exclamé-je en riant.

— Oh, on s'en fout. De toute façon t'auras un autre lit quand tu emménageras dans notre chambre, me dit Lina en s'esclaffant.

— Il faut déjà que Mme Delphine accepte, je te rappelle.

Elle hoche la tête et reporte son attention sur la boîte noire qu'elle tient dans les bras. Je fais de même et glisse ma main sur le couvercle.

— Alors vous attendez quoi, lance Zaria avant de tchiper en balançant ses jambes déjà munies des talons qu'elle a reçu il y a quatre mois.

— Tu me mets la pression là, c'est comme si je recevais mes premiers Louboutins ! lui dis-je à moitié sérieuse.

Elle explose de rire jusqu'à en venir aux larmes.

— Des Louboutins ? Carrément ?

Et elle reprend son fou rire. Lina et moi nous lançons un sourire puis ouvrons nos boîtes. J'y découvre de magnifiques escarpins noirs avec une couronne dorée incrustée sur le flanc de la chaussure. Je les essaie immédiatement et une fois debout, je suis presque prise de vertige.
Je dois vraiment avoir l'air d'un géant.

— Aurore, si tu faisais un concours avec la tour Eiffel pour voir qui est la plus grande, je t'assure que tu gagnerais, me dit Zaria à moitié sérieuse.

— Moi je trouve qu'elle a de la chance. J'aurais aimé être plus grande, me défend Lina.

— Ah non Lina ! Tu es magnifique comme tu es, toute mignoooonne ! lui dis-je en lui pinçant les joues.

Au-delà des limites Where stories live. Discover now