Que la guerre commence

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Mon plan n'était en rien difficile. Il me suffisait de la faire craquer, faire en sorte de lui rendre la vie impossible pour qu'elle veuille que cela cesse. S'il suffisait que ma famille me reconnaisse pour que tout redevienne normal, alors il fallait juste qu'Elisa se résigne à l'idée de nous laisser imperceptibles aux yeux de mes proches. Si cela ne suffit pas, alors je devrai pourrir ce qui la pousse à rester dans ma peau.

Ma conversation avec Elisa n'a, une fois de plus, pas aboutit à grand-chose. Elle ne me laisse pas le choix. J'ai voulu lui laisser une dernière chance de se raviser, elle n'a pas sauté sur l'occasion. Qu'elle regrette maintenant. Je monte dans mon ancienne chambre pendant que Shayne essaie encore de raisonner son amie dans le salon. De l'étage, je perçois quelques phrases, Elisa tente d'allier l'apollon à sa cause en lui disant que s'il m'aide il disparaîtra, malgré cela l'apollon campe sur sa position.

A l'instant où je franchie le seuil de ma chambre tous les souvenirs que j'y ai vécu me reviennent en une fraction de seconde, me faisant ainsi m'écrouler en sanglot. Cela faisait si longtemps que je n'étais pas revenue ici, ce lieu qui renferme les plus beaux moments comme les plus sombres. C'est sur ce lit que je racontais mes journées à celui qu'autrefois j'appelais « mon cœur ». C'est sur ce bureau que je me suis évadée toutes les fois où je me battais contre cette réalité maussade. C'est sur ce tapis que, pour la première fois, nos corps n'ont fait plus qu'un. C'est devant ce miroir que j'ai voulu mettre un terme à ce cauchemar en commettant l'impardonnable. On y voit encore la fissure après que j'en ai brisé une partie car la souffrance était trop forte. Et au sol, on distingue encore la trace rouge que j'avais tenté, en vain, de faire disparaître pour ne pas que Nathan ou bien mon père comprennent ce que j'avais eu derrière la tête à ce moment-là. Et c'est à cette fenêtre que cet inconnu à bouleverser ma vie à tout jamais.

Une main chaude vient se poser sur mon épaule, je ne réagis que lorsque la personne s'accroupie pour avoir son visage face au mien. Je détourne la tête aussitôt que je l'aperçois me sourire tendrement, comme pour me réconforter. Je ne veux pas qu'il me voit dans cet état. Je déteste être vue dans mes moments de faiblesse. Je suis inconsolable, je me contente de fixer le sang, sec depuis maintenant des années. Mon ami dirige son regard dans la même direction que le mien afin de savoir ce qui m'intéresse tant.

- Merde, c'est... C'était déjà là avant ? me demande-t-il.

Je me contente d'hocher la tête pour répondre à sa question.

- C'est toi qui a...Tu t'es...

Je vois qu'il ne trouve pas les mots car il comprend vite ce qu'il s'est passé. Il ne faut pas être bête pour se douter de la raison de la présence de ce sang sur le sol.

Malgré que j'ai une irrémédiable envie de me plonger dans ses bras et d'hurler car je ne sais plus ce que je veux, entre retrouver ma misérable vie d'ancienne dépressive et perdre ces deux hommes qui me sont vite devenus indispensables ou garder cette vie rêvée et parfaite, entourée de gens parfaits et perdre mon identité... Je suis face à un dilemme. Malgré cela, je ne bouge pas, je ne parle pas. Je n'aurais jamais cru que revenir dans cette pièce aurait déclenché une vague d'émotions insupportables.

- C'est pour ça les cicatrices sur tes poignets, enfin, sur les poignets d'Elisa ? Je les ai vu lorsque je lui ai parlé toute à l'heure.

Il attend quelques secondes afin de voir s'il va obtenir une réponse de ma part. Mais là encore, je ne montre aucune réaction. Je suis comme paralysée sur place, simplement capable de fixer ce sol en clignant des yeux, laissant ainsi couler une larme entre chaque battement de cils. Je m'en veux d'avoir été faible. Aujourd'hui encore je chercher la raison de ce besoin de partir. J'étais dans mes mauvaises années, juste après le départ de ma mère.

My Perfect LifeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant