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Kate serrait fermement les accoudoirs de son fauteuil alors qu'ils amorçaient leur décente. Sa respiration s'accélérait alors qu'elle se sentait littéralement déscendre en enfer. Une bouffée de chaleur la consumma lorsque la porte s'ouvrit en un "ding" des plus trivial. Elle se sentait damnée. Et c'est le rouge au joue, qu'elle laissa Castle la guider vers l'extérieur. Le froid la percuta et contrasta avec la chaleur qui l'habitait, la douce et effrayante chaleur de la peur... Elle se força à inspirer profondément et à paraître la plus naturelle possible.

Les rues de New-York étaient déjà pleine de monde. La ville qui ne dort jamais était en plein mouvement. La journée s'annonçait chargée pour de nombreuses personnes. Castle sentait le détresse de sa muse. Elle peinait à la cacher malgré tous ses efforts. Il souhaitait pouvoir la rassurer, lui dire à quel point elle était belle, désirable, même dans ce fauteuil. Mais elle ne le croirait pas. Ce n'était pas par les mots qu'il devait le lui montrer, mais par les sentiments... Il s'engagea donc sur le chemin, vigoureusement.

Kate était figée sur son fauteuil, incapable de se focaliser sur autre chose que sur son coeur battant la chamade, sa nausée et leur regard... Elle les sentait sur elle, fuyants, brefs. Ils n'osaient pas faire attention à elle de peur d'en faire trop... ou peut-être pas assez. Elle ne savait pas vraiment, finalement. Ce qu'elle savait c'était que chaque coup d'oeil sur sa personne laissait comme une brûlure derrière elle... Elle ferma les yeux, plissant les paupières au maximum. Elle cherchait en elle-même ce courage qui la caractérisait tant...

- On y est, s'exclama la voix joyeuse de son acolyte.

Elle sursauta en ouvrant les yeux. Le lieu s'offrit, dans toute sa splendeur, à sa vu. Une scène des plus communes... Et pourtant ... C'était ce lieu. Ce parc de jeux, ces balançoires, elle en aurait mis sa main à couper.

- Castle, s'étrangla-t-elle presque face au nombre d'enfants jouant sur les lieux.

L'écrivain passa devant elle et s'agenouilla pour se retrouver à sa hauteur.

- Ce ne sont que des enfants, Kate, chuchota-t-il. Ils sont innocents et ne porteront jamais sur toi un regard aussi sévère que les adultes. Pour la simple et bonne raison que la plupart du temps, où nous voyons un facteur de discriminations, ils ne voient qu'un homme.

Elle ouvrit la bouche pour le contredire mais finalement la referma. On disait bien que les enfants étaient terribles entre eux... Mais elle n'était pas une enfant ! Elle n'avait aucune raison de craindre le regard candide d'un gamin, il avait raison. Elle parcourut le lieu des yeux, tentant de faire abstraction des mamans assises, contemplant distraitement leur rejeton se battre pour accéder aux jeux tant désirés. Elle suivit des yeux une petite rouquine qui lui faisait penser à Alexis.

- Tu voudrais faire de la balançoire, demanda subitement Castle.

Kate parut surprise.

- Euh...je ne pense pas...

- Allez, on va s'amuser, ajouta-t-il en s'avançant déjà.

Une boule d'angoisse se forma dans la gorge de Kate et elle sentit les larmes poindre. Elle ne pouvait pas... Non... Son coeur accélèra brutalement ses battements et elle sentit ses mains être agitées de tremblements.

- Castle, gémit-elle en protestation lorsqu'il la saisit pour l'installer avec douceur sur la balançoire.

Elle attrapa les cordes et les serras de toutes ses forces. Ses jambes inertes traînaient sur le sol. Elle tenta de les bouger dans un ultime effort vain. Son acolyte lui saisit doucement le menton.

- Fais moi confiance, Kate.

Se noyant désespéremment dans le réconfort de ses yeux bleus, elle hocha la tête. Elle avait confiance en lui, c'était indéniable. Il sortit de son champ de vision malgré le fait qu'elle tentait vraiment de le suivre des yeux. Elle paniqua. Où était-il ? Elle agita la tête frénétiquement, dans tous les sens, pour le retrouver, complètement terrifiée à l'idée d'être seule. La brunette eut brusquement conscience d'être exposée eu centre du parc, seule et incapable de se débrouiller. Son coeur sembla sortir de sa poitrine, tellement elle avait peur. Une douce pression s'exerça alors sur ses hanches, libérant en elle une sensation de soulagement et de bien-être. Il était là... La chaleur de son corps la fit reprendre pied et elle inspira profondemment. Il était là... Tout allait bien...

Doucement, il entreprit de provoquer le doux balancement de l'engin en la poussant doucement d'une légère pression. Mais il l'accompagnait dans tout le cheminement répétitif de la balançoire, prêt à faire face à toutes éventualités. Il veillait également à ne pas mettre les jambes de son aimée dans un position dangereuse ou inconfortable pour elle, la couvant amoureusement du regard. Il assista donc à la lente détente des muscles du dos de la jeune femme, perdant de leur rigidité face à l'adpatation de Kate à la nouvelle situation. Elle prenait confiance...

- Vous me poussez aussi, demanda soudain une voix fluette derrière eux.

Tous les deux reprirent brusquement conscience de la réalité, éclatant leur bulle de solitude réconfortante. Kate se retourna pour voir la petite rouquine de tout à l'heure, regarder Castle de ses grands yeux bleus.

- Bien sûr ma grande, sourit le jeune père.

Kate regarda son acolyte pousser la petite fille de plus en plus haut. Elle criait en riant "plus haut, plus haut" ! Puis Catsle vint réinstaller sa muse dans son fauteuil et la plaça derrière l'enfant. La petite semblait triste que tout cela s'arrête ici. Mais l'écrivain la rassura d'un sourire.

- Vas-y, encouragea-t-il Kate.

La jeune femme, encouragée par son ami, d'abord timidement, entreprit de pousser l'enfant dans le dos. Cette dernière restait silencieuse, un peu tendue et Kate le sentait bien. La brunette était gênée.

- Tu devrais le faire, Castle, finit-elle par déclarer, atteignant le paroxysme de son malaise.

- Je vous z'ais pas fait mal, s'inquièta brusquement la petite fille. Je suis désolée.

Kate ouvrit de grands yeux surpris.

- Oh non, pas du tout, rétorqua Kate, d'une voix légèrement altérée mais ferme. Je n'ai pas mal.

La rouquine sembla soulagée.

- Je ne voulais pas vous faire mal, expliqua-t-il, ennuyée par la situation. Ma maîtresse dit qu'il faut toujours être gentil avec les gens comme vous.

Le visage de Kate blémit de manière brutale. Elle venait de recevoir un magistrale coup de cet enfant, inconsciente de l'ampleur de ses paroles. Immobile, le souffle brusquement erratique, le lieutenant ne disait plus rien. Ses mains s'agrippaient aux accoudoirs de son fauteuil et elle blanchissait de plus en plus. "Les gens comme vous", la périphrase tournait en boucle dans sa tête, cataclysme de mots la blessant profondément. Castle se pencha vers l'enfant.

- Tu sais ma grande, Kate n'a pas besoin qu'on soit gentil avec elle. Il faut juste être normaux. Pas en faire trop, la laisser être comme tout le monde. Car elle n'est pas différente des autres, elle a juste, parfois, besoin qu'on l'aide pour des choses qui paraîtront banales pour toi. Mais au fond, on a tous besoin d'aide un jour, non ?

La petite fille hocha la tête.

- Moi j'ai toujours besoin d'aide pour enlever le papier de la sucette que maman me donne quand je fais pas pipi dans mon lit, murmura la gamine. Vous z'aussi ?

Kate avait suivi la conversation à travers un brouillard épais qui disparaissait doucement alors que les mots de Castle appaisaient ses plaies. La question de la petite fille la fit sourire.

- Non, pas vraiment, répondit-elle alors qu'elle ne savait absolument pas quoi dire.

- Vous avez de la chance alors.

De la chance ? Kate n'avait jamais pensé avoir de la chance ! Mais d'une certaine façon, tout aurait pu être pire...

- Vous me poussez encore, demanda l'enfant pleine d'espoir.

Castle accpeta et une coopération nouvelle apparut. La petite rouquine criait en riant "plus haut, plus haut", et lorsque la balançoire se trouvait hors de portée de la détective, l'écrivain prenait naturellement le relais. C'était un petit moment doux et apaisant pour la brunette.

- Marie, On y va, cria brusquement une jeune femme, un peu plus loin.

La gamine sauta en bas de son jeu préférée et partit en courant, agitant la main en signe d'aurevoir vers ces deux nouveaux compagnons de jeux. Kate et Castle se sourirent.

- Je vous invite au restaurant, proposa alors l'écrivain plein d'espoir.

Accident de parcoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant