Je les gratifiai d'un sourire, soit cinquante cents chacune, en les voyant en plus se taper dans la main par-dessus Damien. Sébastien s'allongea sur le dos, se tenant uniquement sur ses coudes pour rester en contact visuel avec nous.

« En parlant de glaces, j'ai faim, déclara Claire sagement assis en tailleur. On fait ça à pierre/papier/ciseaux ? »

Je mis ma main derrière mon dos sans poser de question pour imiter mes camarades.

« Un, deux, trois...

- Attendez ! nous coupa Sébastien.

- Quoi ? rugit Tammy en l'assassinant du même regard vert que précédemment.

- Oh ! Calme-toi ! »

Cette phrase eut le mérite de l'énerver un peu plus, mais elle serra simplement la mâchoire et ne dit rien.

« On est d'accord que y'a pas de puit, pas de bombe, pas de fée shootée aux enphet' qui fait tout disparaitre et nique tout le monde ? On utilise que la pierre, le papier et les ciseaux ! OK ?

- Ouai, ouai, ta gueule j'ai faim, répondit Claire.

- Un, deux, trois, pierre, feuille, ciseaux ! »

Au bout de plus de cinq minutes de débats et de cris auxquels je n'ai pas pris part, on a finalement décidé de jouer ça à la courte paille. S'en est suivi un débat sur le fait que c'était ceux avec les trois plus petits morceaux de bois qui devaient y aller et non pas ceux avec les trois plus grandes. Il a finalement été décidé après de nouvelles protestations que ce devait être à Claire, Roy et moi d'y aller puisque nous avions les trois plus courtes, ce qui était assez logique vu le nom du jeu. Mais l'Homme est trop feignant pour se lever gratuitement alors que d'autres pourrait le faire, qu'y pouvons-nous ?

« Tu retiens pour Damien, tu retiens pour Tammy et je retiens pou Seb. OK ?

- Si tu veux soupira, Claire visiblement déçue d'avoir eu à se lever. »

Tammy voulait deux boules, noix de coco et rose, on pouvait le retenir facilement. Nous étions remontés jusqu'à la route longeant la jetée, puis avions traversé jusqu'au camion glace qui avait trouvé sa place sur deux places de parking. Seulement trois enfants faisaient la queue devant nous puisqu'un snack, deux cafés et un dernier camion de confiseries proposaient des glaces et des gaufres. D'ici la fin de la semaine, le camion allait disparaitre et redescendre la côte ouest jusqu'au sud de la Californie, là où les plages sont garnies en toutes périodes de l'année et les cafés et les snacks allaient ranger leurs présentoirs à crème glacée pour les remplacer par les habituels panneaux publicitaires de frites, de fish'n'chips et de formules petit déjeuner et autres. Les trois enfants partirent avec leurs glaces titanesques, le sourire aux lèvres, et nous laissèrent la place pour nos commandes.

« Bonjour, une deux boules fruits rouges vanille et une autre chocolat fraise, commanda Claire, devançant Roy de peu.

- Tout de suite mademoiselle. »

Elle la servit, Claire paya, prit les glaces puis repartit vers la plage.

« Tu ne nous attends pas ? s'étonna Roy.

- J'ai faim ! répondit-elle simplement en traversant la rue, surveillant que les boules de glaces ne s'échappaient pas du cornet. »

Le jeune homme se tourna vers la glacière et parcourut rapidement chaque parfum des yeux.

« Cassis, spéculos et vanille, chewing-gum.

- On n'a pas de spéculos, désolé, s'excusa la vieille femme de petite taille de l'autre côté de la vitre protégeant les bacs de crème glacée.

L'Équilibre d'EvangelineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant