Douloureuse solitude |7|

Depuis le début
                                    

- Votre Majesté, il est l'heure de vous lever.

Toujours rien. Je reprends encore une fois d'une voix forte.

- Monsieur, veuillez vous lev-

- C'est bon fermez-la, vous allez réveiller tout le château !

Je me racle la gorge, au moins il est réveillé... Le prince se redresse pour s'adosser au lit. La couverture lui arrive jusqu'au cou et ses cheveux sont en bataille, il est vraiment trop mignon, je n'en crois pas mes yeux.

Avec lui c'est noir ou blanc, soit sexy soit mignon, il n'y a pas de juste milieu. Après quelques secondes durant lesquelles il semble revenir à la réalité, il lève les bras en l'air pour s'étirer, faisant tomber la couverture qui lui couvrait le torse par la même occasion.

L'image du prince mignon est subitement remplacée par une beauté sans nom. Ce qui n'est pas pour me déplaire. Instinctivement, comme n'importe quelle jeune fille hétérosexuelle le ferait, mes yeux dérivent vers son buste bien entretenu.

Je peine à me concentrer sur un autre chose. Mais j'y arrive éventuellement. Je recule de quelques pas et l'œuvre d'art sort enfin de son lit, l'air totalement épuisé. On ne dirait pas qu'il vient de se réveiller, mais plutôt qu'il est resté éveillé toute la nuit. Serait-ce le cas ? Il n'a pas dormi du tout ?

Le prince passe sa main dans ses cheveux qui ont l'air de sortir de chez le coiffeur et se dirige enfin vers sa salle de bain. Salle de bain qui, entre parenthèses, fait six fois et demi la taille de ma chambre.

Je lâche un soupir de soulagement et commence à faire le lit de l'héritier. Au moment où je place les coussins soyeux à leur place, le fils du roi sort de la salle de bain déjà habillé.

Je me place près de la porte, attendant qu'il finisse de se coiffer les cheveux une dernière fois. Il porte un jogging noir et un t-shirt de la même couleur. Enfin, il se dirige vers la porte. Je me demande s'il va me demander quoi que ce soit sur ce qui s'est passé hier.

L'héritier sort et je ferme la porte derrière lui. À mon grand étonnement, au lieu de prendre l'ascenseur, il se dirige vers les escaliers. Après tout pourquoi se simplifier la vie quand on peut se la compliquer, c'est logique... En même temps, je préfère prendre les escaliers, je ne me serais pas sentie à l'aise seule dans un ascenseur avec le prince de Manésie pour seule compagnie. Il descend en premier suivi par moi-même. Je me dois de toujours être à trois marches derrière lui, comme je l'ai appris. Je ne peux pas me mettre à la même marche que lui ou descendre à la même hauteur.

Un silence pesant s'installe où seul le bruit de nos pas se fait entendre. Ça m'étonne qu'il ne m'ait toujours pas parlé de l'événement d'hier. D'un côté c'est logique, je ne suis que sa servante, pourquoi daignerait-il m'adresser la parole ? Ce n'est pas aussi grave que je le pensais finalement. Je continue donc de descendre les marches en silence. J'en ai fait des tonnes pour rien. Il faut vraiment que j'apprenne à moins sur-analyser et arrêter de trop réfléchir.

- À propos de ce que vous avez vu hier, n'en parlez à personne. C'est un ordre venant de votre prince alors si vous l'enfreignez, vous serez accusée de trahison. Croyez-moi, vous ne voulez pas savoir ce qu'on fait aux traîtres de la couronne, dit-il soudainement sans me regarder.

Ah. Finalement, j'avais raison de m'en faire...

- Ne vous en faites pas. Je n'en ai parlé à personne et jamais personne ne le saura. En tout cas, pas venant de moi. J'ai prêté serment après tout. Ce qui se passe sous ce toit y reste. Vous pouvez me faire confiance. Je veux seulement garder mon travail, dis-je en fixant sa nuque.

Après quelques secondes, il reprend à mon grand étonnement.

- Pourquoi tenez-vous autant à ce job ? demande-t-il sur un ton neutre en tournant légèrement la tête vers moi.

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