•Gabriel• (Chapitre 108)

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Je suis tellement heureux pour Marguerite, pour Aevin, pour Gaëtan que je connais moins ainsi que pour Tavena et son oncle...

Je souris tout seul dans mon fauteuil. J'ai l'impression aujourd'hui seulement qu'un peu de mes erreurs passées se réparent.

Pourtant, personne ne pourra jamais ressusciter Sady et il me reste encore beaucoup de solutions à trouver. Je n'ai par exemple pas oublié la sphère Acia contenant l'âme de Lydie...

Il faudra bien un jour que je trouve une solution.

Nous entendons alors tous distinctement le tintement de la sonnette. Tavena me glisse un aimable sourire.

Je comprends assez ce qu'elle veut dire. Je réponds en joignant le geste à la parole. Je me lève de mon siège pour aller ouvrir.

Dans la petite entrée aux murs immaculés, j'appuie mécaniquement sur les touches permettant d'ouvrir la porte coulissante. Je suis vraiment totalement ailleurs, complètement plongé dans mes pensées.

La porte s'ouvre. Et je reste silencieux, sous le choc. La demoiselle venue nous voir me tourne actuellement le dos.

Azylis est en train de caresser le museau d'un gigantesque dragon qui a juste assez de place pour tenir sur la petite passerelle. Elle éclate de rire et je l'entends distinctement dire :

-Comment ça, le voyage n'a pas été si catastrophique ?! Bien sûr que si mais considérons plutôt que j'ai de la chance d'avoir le cœur bien accroché... En revanche, je suis certaine que tu aurais un succès fou dans les parcs d'attraction...

Elle éclate de nouveau de rire et acquiesce.

-Ok, c'est ça, va te promener !

Le dragon recule et s'envole, et je ne peux m'empêcher de penser qu'effectivement, être son cavalier ne doit pas être de tout repos.

Azylis se retourne alors enfin vers moi. Elle reste bouche bée, silencieuse.

Lorsque j'ouvre les bras, elle court vers moi et s'y jette en riant. Son sourire va d'une oreille à l'autre et je suppose qu'il reflète assez le mien...

Au lieu de l'inviter à entrer, je sors sur la plateforme et referme la porte. Je la serre contre moi et elle fait de même.

Elle relève ses yeux bleus vers mon visage et je sens ses jolies mèches blondes autour de son visage.

-Tu m'as tellement manqué...!

-Et à moi donc... Je t'aime...

Elle sourit et je sais déjà qu'elle va encore dire une de ses stupide plaisanterie que je ne vais pas pouvoir m'empêcher d'adorer.

-Je sais, tu me l'as déjà dit.

-Azylis ! Le moment est solennel et...

Elle fronce son joli nez avant de poser la tête contre mon épaule.

-D'accord, tu as entièrement raison. Moi aussi je t'aime...

J'ai l'impression d'être de nouveau au moment ou je venais de lire sa lettre. Je suis à la fois comme un volcan en éruption et une terre agitée de séisme... Je la serre un peu plus contre moi.

-Tu les as aimé, mes fleurs ?

C'est tout ce que je trouve à dire... Mais je crois que peu importe les paroles, seule la voix et les gestes comptent sur l'instant présent.

Je sens la malice revenir dans sa voix.

-Ça dépend... J'ai toujours franchement préféré les tulipes.

Je ne réponds rien et me contente de sourire. Elle s'écarte alors légèrement de moi pour me regarder droit dans les yeux. Je ne l'ai jamais vu aussi sérieuse de ma vie.

-Gabriel... Ton bouquet était le plus beau que j'ai jamais vu... Et ton mot ne pouvait pas me faire plus de plaisir... Merci pour tout...

Je n'ai pas de mots pour répondre. J'ai juste la gorge plus serrée encore que tout ce que je pourrais imaginer.

Je murmure pourtant quelques minutes plus tard avec malice :

-C'est vrai que tu préfères les tulipes ?

Elle sourit et je l'entend dans le son de sa voix.

-Oui, ça a toujours été mes fleurs préférées... En tout cas en bouquet ! Peut être juste parce que je les aimais beaucoup quand j'étais enfant... Mais tes roses avaient une signification merveilleuse que jamais des tulipes n'auraient pu avoir...

Je souris moi aussi tendrement.

-Alors je retiens. Promis, dès que je trouve un fleuriste, je penserai à lui en demander un bouquet...

-Moque toi va !

-Oh ! Jamais je n'oserais...

Nous éclatons tous deux de rire. Azylis s'écarte de nouveau légèrement de moi pour reprendre d'une voix sérieuse.

-La dernière fois, nous n'avons pas vraiment eu le temps de parler... J'espère que cette fois-ci nous sommes réunis pour toujours...

Je baisse légèrement la tête.

-Azylis... Je ne sais pas ce que tu penses exactement de ma conduite et...

Elle me sourit et me force à la regarder dans les yeux.

-Gabriel... Je vais te parler le plus franchement possible. Ta conduite passée me paraît toujours aussi inqualifiable et innommable... Mais j'ai appris quelque chose qui l'emporte sur tout le reste...

-Ah, et c'est ?

Elle me sourit alors d'un sourire merveilleux et unique.

-Je ne veux pas te perdre. Plus jamais... Car je t'aime...

Je serre ses doigts dans les miens. Il me semble à cet instant que personne ne pourra jamais être aussi heureux que nous. Je me force pourtant à lui poser une question qui m'inquiète.

-Azylis... Qu'est ce que tu comptes faire maintenant ? Je veux dire, tu comptes retourner vivre en 2016 ?

Elle relève la tête et me regarde plus attentivement encore si c'était possible.

-Oui. Je n'ai aucune raison de rester ici... Là-bas il y a ma famille et...

Elle se rend compte alors que ses mots sont à double tranchant. J'ai exactement les mêmes arguments contre elle.

Nous nous fixons quelques secondes, chacun de nous indécis.

Elle repose alors la tête sur mon épaule.

-Pourquoi est ce que rien n'est jamais simple ? S'il ne s'agissait que de moi, je serais largement prête à faire un effort... Mais il y a aussi ma famille et je ne veux pas qu'ils puissent souffrir de mes choix...

C'est quelque chose que je peux comprendre. Même si j'ai personnellement tendance à penser un peu plus égoïstement. Mais Azylis fronce les sourcils et murmure.

-Et puis ici, moi, je n'ai pas été graciée...

Mon sang ne fait qu'un tour. Je ne fais que très moyennement confiance à Edilyn.

-C'est un argument suffisant... Et de toute façon Azylis, pour toi je ferai n'importe quoi...

-Moi aussi...

Nous nous rapprochons alors et nos lèvres se joignent dans un baiser qui achève de me rendre totalement et inconsidérément heureux.

Je ne te perdrai plus jamais Azylis.

Intemporel T1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant