Chapitre 3 - Bibliothèque

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La matérialisation. Graal tant recherché par les théologiens, phénomène classique pour les physiciens, invention purement loufoque pour les créationnistes, la matérialisation repose sur un principe simple. Prenez deux photons, mettez-les dans un champ magnétique assez puissant, et là où il n'y avait que dualité onde/corpuscule apparait un bout de matière en quark et en gluons, pour ne pas dire en chair et en os.

Longtemps, on a expliqué ce phénomène comme la seule conséquence d'E = mc², mais il s'agissait en fait de quelque chose d'encore plus insensé et de plus vaste. En effet, ce processus permet à des « particules » supraluminiques de s'amasser dans le monde de l'infraluminique qui est le nôtre. Ce phénomène est à la base d'un moyen de déplacement courant pour les races pandimensionnelles vivant dans une dimension supraluminique, et souhaitant partir en vacances dans notre dimension.

Des penseurs – qui ne sont rien d'autre que des rêveurs ayant la chance d'avoir un QI très élevé – ont même envisagé que c'est ce phénomène qui serait à la base de la création de l'univers. Bien sûr, une telle idée paraît saugrenue de nos jours, la véritable origine de l'univers étant bien connue des races la méritant. Quoi qu'il en soit, vous n'êtes pas encore prêt pour le savoir. N'insistez pas. Gardez juste à l'esprit qu'en lisant ce livre, vous saurez pratiquement tout sur l'impossibilité de comprendre l'univers.

Si je vous parle de matérialisation, ce n'est pas seulement pour combler votre ignorance, mais parce qu'un vaisseau en forme de raie Manta est justement en train de se matérialiser aux abords d'une planète balnéaire surpeuplée. Si vous étiez fan de Cousteau et de France 5, vous sauriez à quoi ressemble une raie Manta.

Cette planète balnéaire rassemblait des milliers d'êtres qui s'exposaient dangereusement aux rayonnements les plus ionisants de l'espace : ce qu'on appelle tout bêtement les « rayons de soleil ». Ce comportement illustre le paroxysme de la débilité générale qui semble s'être emparée de la galaxie, en même temps que la vie prenait conscience de sa piètre valeur. Devant des hublots, encore en finalisation de matérialisation, passèrent d'étranges silhouettes, pas complètement remises de leur passage en ce bas monde. Une fois achevé, le vaisseau prit la direction de la suffocante planète.

Mais revenons sur la planète où notre héros a atterri. Lui n'avait pas besoin de se matérialiser. Bien que, vu le manque de cohérence que tout ceci avait produit dans son cerveau, c'était tout comme. Intéressons-nous au ressenti du monarque. Lorsque, comme lui, vous vivez dans une vaste plaine, et que les seuls reliefs artificiels existants atteignent péniblement les 147 mètres, vous ne pouvez pas vraiment comprendre comment un édifice masquant le ciel peut tenir debout. Sareth faillit tomber à la renverse lorsqu'il essaya d'apercevoir le sommet de la bibliothèque.

— C'est haut, n'est-ce pas ? lui dit Georges le chauffeur de taxi. Mais la magie du lieu disparaît entièrement lorsque vous apprenez que ce n'est que du préfabriqué. Enfin bon, vous voilà devant la plus grande bibliothèque du système d'Arctérix-KW72 situé dans la constellation de la Lyre, et dont fait partie la planète Casimir sur laquelle on se trouve. La planète fut baptisée ainsi en l'hommage d'un mathématicien pandimensionnel dont les travaux ont été oubliés depuis longtemps. Vous y trouverez toutes les réponses à vos questions, de la recette du diabolo-plutonium au sens de la vie, en passant par la vérité sur l'assassinat de la diva-au-nom-imprononçable. Bonne chance !

Le taxi s'envolait déjà lorsque le roi prit conscience qu'il se trouvait face à une mine de savoir inimaginable. Une mine de savoir dont sa civilisation n'aurait jamais pu commencer à entrevoir ne serait-ce que le début d'une probable hypothèse. Sareth entra par une porte de six mètres de haut permettant à n'importe quelle race d'entrer. Sauf peut-être pour les Géants de la planète Xersix, dont la taille peut avoisiner les huit mètres.

Le Tour de l'Univers en 10-43 seconde (Le Sens de l'Univers, tome 1) - extraitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant