CORY : L'argent

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Cette idée m'est venue la veille de l'anniversaire de Matty.

Depuis qu'il connaissait Allison, j'avais bien vu que tout avait changé chez lui. Pour la première fois de sa vie, il avait l'air heureux.

Ce soir là, j'avais rêvé que Matty ne mourrait pas.

Il se mariait avec Allison et il vivait une belle vie. Je le visualise encore. Le plus joyeux que j'avais jamais vu.

En me réveillant le lendemain, j'avais réalisé à quel point je ne voulais pas qu'il s'en aille.
J'avais passé mon enfance à essayer de toujours rester positif et faire comme si il n'était pas malade, mais la vérité, c'est que ses jours étaient comptés et que je commençais à en avoir peur.

Qu'est ce que j'allais faire sans lui ? Mon seul et unique ami.

J'avais donc passé la matinée à réfléchir à toutes les solutions qui se présentaient à moi jusqu'à me rendre compte qu'une seule chose pourrait m'aider. De l'argent.

En réalité, il existait un remède à la maladie de Matty. Ce remède venait tout juste d'être trouvé, pas à temps pour le père de Matty, malheureusement. Seulement Matty n'était pas quelqu'un possédant beaucoup d'argent et le remède était tellement cher qu'il était presque impossible aux Bonfire d'imaginer une seule seconde pouvoir se le payer.

C'était lors du week-end où j'étais venu dormir chez lui qu'il m'avait raconté ça. J'étais alors allé sur internet pour m'informer du prix qui s'élevait à un million de dollars. C'était effectivement assez cher.

À ce moment là, je n'avais pas cherché plus loin, mais c'est plus tard que je me suis rendu compte que trouver l'argent nécessaire à cette opération pourrait peut-être sauver Matty.
Mais où trouver un million de dollars ?

J'avais alors passé la mâtiné à chercher jusqu'à trouver l'idée la plus stupide du monde mais qui pourrait peut-être fonctionner.

Oracio Montelli était sûrement le dealer le plus connu de Miami et aussi le plus riche.
C'est le mercredi, le jour de l'anniversaire de Matty, que je me suis décidé à aller le voir. Après une longue conversation qui n'avais pas manqué de me faire faire dessus, il m'avait enfin attribué un travail à faire. J'allais devoir amener tout un stock a un de ses clients qui allait le payer très cher et lui ramener l'argent. Bien-sûr, dans les films que je me faisais dans ma tête, je ne lui ramenais pas l'argent.

Je me trouvais fou d'avoir eu une idée pareille et je n'étais pas du tout sûr que ça fonctionne bien, mais j'étais désespéré.

J'avais alors filé délivrer le gros colis au client Sebastian Dollis, qui m'avait donné cinq cent mille dollars en billets. La moitié de ce qu'il me fallait.
Pris de panique, j'avais téléphoné à Oracio pour lui demander si il avait besoin que je délivre autre chose, comme j'étais sur la route.
Évidement, il avait quelque chose pour moi. J'étais alors parti voir ce client qui m'avait donné six cent mille dollars. C'était parfait. J'avais plus qu'assez.

J'avais dis à Oracio que je le rencontrerai le soir même pour lui donner l'argent, mais je suis resté chez moi. J'ai écris ce message sur ce petit bout de papier que je voulais donner à Matty mais que j'avais oublié sur mon bureau. J'avais, par la suite, mis tout l'argent dans une enveloppe que j'avais destinée à Matty. J'étais parti à l'hôpital le lendemain matin : une infirmière l'avait donné à son docteur, Mr. Fitts, qui serait chargé de la lui donner sans s'en mêler.

Je trouvais encore mon idee totalement folle, mais à ce moment de la journée, je ne réfléchissais plus. J'étais convaincu que j'allais réussir à sauver mon meilleur ami et je ne pensais à rien d'autre.

Le soir même, Oracio avait sonné chez moi. J'ignorais comment il avait trouvé où j'habitais, mais il était là.
Il m'a demandé où était son argent et je lui ai tout raconté. J'espérais que ça puisse le toucher un minimum, mais rien de tout ça, il m'avait emmené avec lui, au beau milieu d'une ruelle.

- Tu viens de faire foirer un des meilleurs coups de ma vie ! avait-il crié.

C'était ce jeudi soir que j'avais réalisé la connerie que j'avais faite. Voler de l'argent, sale en plus. Mais qu'est-ce qui m'avait pris ?
J'aurais voulu m'excuser, peut-être lui aurais-je rendu l'argent; mais il m'a tiré dessus.

J'ai passé la fin de la soirée seul dans la rue, à me vider de mon sang. Encore vivant parce qu'il n'avait pas visé au bon endroit. Qui sait si j'aurais pu vivre si on m'avait trouvé plus tôt. Seulement je n'avais plus de force, personne n'était dehors et mon portable était resté chez moi.
C'en était fini pour moi.

Le pire c'est que je n'aurais jamais pensé finir ma vie de cette façon. Je ne pensais pas être capable de faire une chose pareille. Je n'avais pas vraiment réfléchi aux conséquences de cette action, mais je n'en avais pas eu envie. Je voulais que Matty vive. Je voulais qu'il continue d'être heureux, qu'il ne perde pas Allison. Moi je n'avais presque rien à perdre. J'avais une famille certes, mais j'avais assez vécu, je n'avais pas eu cette peur constante depuis des années de ne pas me réveiller un beau matin, je n'avais pas perdu mon père, je n'avais pas rencontré de fille comme Allison. Je n'étais pas comme lui. Et lui, il méritait de savoir ce que c'était de vivre. Il méritait de gagner le combat qu'il effectuait depuis des années.
Il méritait tout, car jusqu'à aujourd'hui, il n'avait rien eu.

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