Avant-propos - Fermi, Humains et Paradoxe

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Voici la première partie de l'extrait de mon livre, financé avec succès sur Ulule :-D !

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Bonne lecture :-) ! 

Manu

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Une trentaine de spectateurs fixait avec attention le maître de conférences. Son visage était précocement ridé par les années passées à essayer de remplir les têtes d'étudiants avides de tout, sauf de savoir. Son visage était émacié du fait du régime strict que lui imposait sa deuxième épouse, et sa peau, d'un vert bleuté, faisait ressortir les rares poils gris de sa barbe, pourtant déjà très clairsemée. Ses yeux vairons, l'un bleu et l'autre jaune vif, donnaient à ses interlocuteurs l'impression de toujours fixer une troisième personne derrière leur dos. Beaucoup pouvaient ainsi se sentir mal à l'aise en sa présence. Juste au-dessus, son épaisse paire de sourcils broussailleux marquait la limite inférieure de son immense encéphale chauve, d'un bon mètre de diamètre, qui était relié au reste de son corps par un large cou musculeux.

En tant que professeur, il enseignait dans la célèbre école de philosophie de Cnid'E. Sa réputation allait jusqu'à la bordure extérieure du nuage de Magellan, et n'avait d'égale que sa clairvoyance et sa répartie. Au fil des décennies, il avait appris que la seule chose dont vous pouvez être vraiment sûr, lorsque vous vous questionniez sur l'univers, était votre parfaite ignorance. Évidemment, personne n'avait jamais voulu l'entendre de la sorte. Ainsi, le plus grand savoir de cette race échappait à toutes les autres.

Il tenait dans sa main gauche une télécommande, dans sa droite une règle aux inscriptions étranges, et avec sa troisième, il tentait désespérément de se retirer le cil qui venait de lui glisser dans l'œil.

Devant lui, l'assistance, suspendue à ses lèvres, attendait, gênée par cet être considéré comme un grand penseur, mais qui, ce soir-là, ressemblait bien plus à une mouche en train de se débattre pathétiquement, prise au piège dans une toile d'araignée. Malgré les apparences, le professeur faisait partie de la plus vieille race intelligente connue à ce jour : celle des Tetpleinaraboriens, considérée comme l'unique détentrice d'un savoir universel.

Le professeur s'appelait Geartyfliua, même si ses amis le surnommaient « Gearty », ce qui ne signifiait rien de particulier dans sa langue, mais qui l'exaspérait. Il était natif d'une petite planète proche du centre de la galaxie. Curieusement, cette planète ne portait pas de nom et effectuait un tour autour d'une de ses trois étoiles jumelles en seulement dix jours, ce qui la classait comme l'orbite la plus rapide du secteur. Un murmure commençait à monter du fond de la salle, lorsqu'un « Ça y est ! Je l'ai ! » retentit, victorieux.

Encore une phrase qui rentrera dans l'histoire, pensa un jeune diplômé qui ne se rappelait plus très bien la raison de sa présence ici.

— Très bien, reprit le professeur en balayant son auditoire d'un rapide mouvement de tête, ce soir je vais vous montrer une archive qu'il m'a été difficile de faire sortir de la banque centrale des peuples disparus.

Tout en parlant, il parcourait l'estrade avec une démarche saccadée. Cette allure, spécifique aux Tetpleinaraboriens, était due à leur inutile troisième jambe. Ce membre, et Dieu seul sait qu'il fut un caprice de l'évolution, les handicapait plus qu'il ne les soutenait, et leur donnait une impression de toujours être bancals. D'une pression de son pouce, Geartyfliua appuya sur la télécommande.

— Mais mieux vaut passer directement à l'essentiel du débat, poursuivit-il, un sourire malicieux aux lèvres.

Alors que le film commençait, la vieille créature à peau verte grisonnante s'assit péniblement dans le cri strident de son fauteuil en cuir. Des « Chut » furent lancés, bien qu'emplis de futilité. Le reportage qui défilait avait un arrière-goût de la Grande Époque, celle où le savoir était le moteur du monde. Malheureusement, la bobine avait mal vieilli : des striations et des taches parsemaient les images jaunies, rendant le document insupportable à visualiser pour des êtres habitués à une technologie cinématographique de qualité.

Le Tour de l'Univers en 10-43 seconde (Le Sens de l'Univers, tome 1) - extraitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant