Chapitre 11 : Un élan de stupidité

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Lorsqu'il se retira, il s'allongea à mes côtés et je me lovai dans ses bras, souriant à la fois parce que j'étais satisfaite de cette partie de jambes en l'air mais aussi parce que c'était totalement stupide et que je m'en fichais. Pendant un bref instant, nous échangeâmes un rire complice et jamais l'ambiance n'avait été aussi bonne entre nous.

Alors exténuée, je m'assoupis dans ses bras. Rapidement, je m'endormis, oubliant le reste pendant quelques instants...

*

Lorsque j'ouvris les yeux petit à petit, aucune lumière agressive ne vint me perturber. Au contraire, il faisait même nuit. Mon regard se balada un peu partout dans la pièce jusqu'à tomber sur un réveil qui m'indiqua l'heure. Dix-neuf heures. Le temps s'était écoulé bien rapidement.

Je quittai le lit, complètement nue. L'envie était très tentante d'aller le rejoindre dans ma tenue d'Ève, mais je préférais éviter et me mis alors à la recherche de quelque chose de simple. Heureusement, ce fut chose simple : un t-shirt était posé sur le rebord du lit. Il avait sûrement dû se dire que je me ferais une joie d'emprunter ses vêtements.

Aussitôt, j'enfilai le t-shirt ainsi que ma culotte. Être à moitié nue était aussi très plaisant. La pudeur n'était pas un de mes défauts et je ne refusais que rarement une petite coucherie. Qu'on me traite de pute si l'on souhaite, mais peu importe...

Aussi peu vêtue, je vagabondai dans ce labyrinthe pour le retrouver. Bien rapidement, j'entendis sa voix et suivis celle-ci pour finalement me retrouver dans la cuisine. Il était au téléphone et ne remarqua même pas mon entrée. Enfin, ce fut jusqu'à ce que je me penche sur le comptoir, mettant volontairement en évidence ma poitrine. Il marqua une brève pause dans son appel et m'adressa un doux sourire.

— Hum... Je vais te rappeler, lâcha-t-il faiblement.

Immédiatement, il raccrocha, rangea son portable et se pencha en face de moi, prenant appui sur le comptoir. J'étais désormais l'unique centre de son attention.

— Tu as bien dormi ? s'enquit-il en caressant de son index ma mâchoire.

— Très bien même... Mais en même temps, je n'avais pas mon ordinateur pour me déconcentrer.

Nous échangeâmes un bref sourire.

— Et je croyais que tu ne voulais pas coucher avec moi, déclara-t-il, amusé.

— Je suis comme n'importe qui. Des fois, j'ai juste envie, mais ça ne fait pas de moi une pute.

Son index remonta jusqu'à mes lèvres, s'immisçant délicatement alors dans ma bouche. Je ne pus m'empêcher de le sucer allègrement. Nous nous défiâmes alors du regard. Recommencer était plus que tentant, mais il mit rapidement fin à cette possibilité.

— Est-ce que tu aurais faim par hasard ? m'interrogea-t-il.

— Maintenant que tu poses la question...

— C'est soit restaurant, soit on commande, lança-t-il d'un ton enthousiaste.

— Je vois que monsieur ne sait pas cuisiner, plaisantai-je.

— En effet...

J'avais l'impression que son visage s'était attristé pendant un court instant, comme si je venais de dire une grosse connerie. Je repris alors le dessus de la conversation pour éviter le pire :

— Je n'ai aucune envie de sortir, alors une commande fera l'affaire.

Toute pointe de tristesse s'effaça de son visage et il s'empara de son portable, prêt à composer un numéro.

— Une préférence ?

— N'importe quoi fera l'affaire, répliquai-je, refusant de jouer les difficiles.

— Japonais, ça te va ?

— Parfait.

Aussitôt, il passa un bref coup de fil. Il devait avoir l'habitude tellement ça avait été rapide.

— Au fait, merci pour le t-shirt, lançai-je presque timidement.

— Tu n'as pas à me remercier, ce n'est rien ça...

— J'aurais pu remettre ma robe... mais c'est une délicate attention d'avoir pensé à ce que je puisse avoir envie de quelque chose de plus confortable. Enfin, j'aurais pu me balader nue aussi...

De nouveau, un sourire fut échangé. Le contact se passait tellement bien, peut-être même trop bien. Ce ne pouvait être qu'éphémère, mais rien ne m'empêchait d'en profiter pleinement.

Soudainement, il me fit signe de le suivre et je m'exécutai, cédant à ma curiosité, mais aussi parce que son sourire irrésistible avait été convaincant. Après quelques couloirs, il me conduisit devant une porte, assez hésitant à m'y faire entrer.

— Ne me dis pas que c'est une de ces chambres cheloues d'accro au BDSM, lançai-je, presque apeurée.

Un ex m'avait déjà fait le coup. Je n'allais pas tomber une deuxième fois dans le panneau. Ça m'avait suffi pour comprendre que ce n'était pas mon genre de relations, mais aussi que ce type était malsain. Heureusement, j'avais coupé court avant que ça n'aille trop loin et j'avais rencontré des personnes qui avaient pu me montrer le bon côté du BDSM.

Aussitôt, il rit à ma stupide remarque et je soupirai, soulagée que ce ne soit qu'une connerie de mon imaginaire.

— Non, rien à voir avec ça. Je ne suis pas ce genre d'homme. Je suis assez banal sur ce point... mais cette pièce n'est pas banale. Peu de personnes y sont entrées...

— Pourquoi je pourrais y entrer ? On se connaît à peine...

Peut-être qu'il faisait le coup à toutes les filles pour leur faire croire qu'elles étaient "spéciales". J'avais vraiment du mal à y croire, pourtant, je percevais une pointe de sincérité dans son regard teintée d'un brin de mélancolie que je ne comprenais absolument pas.

— Je ne pourrais pas l'expliquer, mais c'est comme si c'était assez... naturel.

Soit il était un excellent menteur, soit il était vraiment sincère. J'allais lui accorder le bénéfice du doute pour cette fois. J'agissais de plus en plus stupidement aujourd'hui, mais demain, peut-être que tout ça n'existerait plus.

— Tu n'es pas obligé de me montrer ce qu'il y a dedans si tu n'en as pas envie, renchéris-je en posant ma main sur son bras.

— Ne t'en fais pas, je ne me force pas, j'en ai vraiment envie.

Il prit ma main dans la sienne et y déposa un doux baise-main. Pourquoi me donnait-il l'impression que ce qui se passait entre nous était bien plus important qu'on pourrait le croire ? Ou étais-je juste en train de me mentir à moi-même pour ne pas m'attacher ? En fait, les deux solutions étaient possibles.

Sans pour autant enlever sa main de la mienne, il ouvrit la porte de son autre main et je fus immédiatement stupéfaite face à ce qui se présentait sous mes yeux...

Les Lâches vautoursWhere stories live. Discover now