L'homme à la hache (histoire mystérieuse, drôle et effrayante)

37 - Un métier ingrat

Dans une voiture de police en patrouille, deux agents écoutaient attentivement l'opérateur radio :

« Tentative d'homicide avec une arme blanche au vingt-huit rue du Gange. Suspect mort ou grièvement blessé suite à une chute. Individu gisant sur le toit d'une berline blanche. »

Sur le siège passager Jimmy déclara :

— La soirée commence bien, c'est pour nous Fred !

Frédéric appuya sur l'accélérateur. Gyrophare allumé, la voiture fila à toute allure et les intersections se succédèrent.

— Putain t'es le meilleur ! On va arriver les premiers sur place !

— Yeah ! J'connais bien le coin, c'est la prochaine à droite. Attention !

La manœuvre fut parfaitement exécutée, les pneus du véhicule crissèrent sur le bitume. En sortie de virage, Jimmy se décrispa et entonna :

— Whoooou ! C'est bon ça !

Après avoir ralenti le rythme et enclenché les pleins phares, Fred lâcha :

— L'immeuble est à cent cinquante mètres, ouvre grand les yeux !

— Regarde les warnings, c'est là-bas !

En se rapprochant, ils distinguèrent leur cible, et Jimmy hurla :

— Putain ! Le suspect n'est pas mort ! Regarde-le, il se barre ! Faut pas qu'il nous glisse entre les doigts !

— Ici Fred. Suspect en fuite direction rue Esquargeot. Demande de renfort.

La voiture se stoppa au niveau de la berline accidentée et en courant les deux policiers s'élancèrent à la poursuite du type masqué.

Dans la ruelle obscure Jimmy discerna une silhouette. C'était sûrement leur homme et il venait de se fondre dans la nuit. « Dans cet état, il ne pourra pas aller bien loin » songea Frédéric. Concentré, avec le pistolet à la main, les deux agents avançaient lentement. En tendant l'oreille, Jimmy détecta un sifflement rauque en provenance d'un conteneur dédié à la collecte des ordures. Une respiration difficile ? Un homme souffrant ? Ils pointèrent leurs armes devant eux puis s'approchèrent de la poubelle, elle semblait être condamnée par un cadenas. Ils se décalèrent pour inspecter l'autre côté et le bruit s'intensifia. Soudainement, ils allumèrent leur lampe torche pour éblouir l'individu. La stupeur laissa place à la désillusion, sous d'épaisses couvertures, un sans-abri dormait paisiblement et la lumière ne semblait pas l'incommoder. Comprenant leur erreur, les policiers se précipitèrent à l'autre bout de la rue. Sur la route adjacente, il n'y avait pas un chat, le suspect s'était éclipsé.

Rapidement d'autres véhicules de police affluèrent en masse et le quartier fut bouclé.