69 Joie de vivre

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Grâce à l'argent que Jean lui avait donné, Ed avait pris un car pour aller à Trévoux. Le trajet avait été long, mais en regardant le paysage qui défilait lentement, il ne s'était pas ennuyé. Sa liberté n'avait pas de prix, il était heureux et il voyait la vie différemment. Avec l'aide de Dieu, Jean venait de lui offrir une seconde vie et il ne la gâchera pas !

En descendant du car, Ed salua le chauffeur puis il contempla un bord de Saône envahi par les bateaux de croisière et les embarcations de plaisance. Malgré un soleil de plomb, les touristes affluaient pour profiter du charme de la vieille ville. Ed s'approcha de la rive et il régala sa curiosité en observant les bateaux, c'étaient des monstres d'ingéniosité ! Puis en tendant l'oreille, il constata que les vacanciers qui descendaient des pontons n'étaient pas français, à la sonorité, il opta pour des Allemands. Tranquillement, le jeune homme continua sa balade et son regard s'attarda sur les joueurs de pétanque à l'ombre des arbres. Ils étaient joyeux et semblaient partager de bons moments. En longeant le camping, Ed se laissa transporter par les odeurs de saucisses grillées, puis il se focalisa sur les cris provenant de la piscine. Même si Ed ne voyait rien à cause d'une haie, sans difficultés, il imaginait les bambins et les ados s'amuser. Le long du chemin de halage, dans la pelouse, il repéra quelques jeunes femmes étendues sur des serviettes de bain. Badigeonnées de crème, elles profitaient du soleil pour se faire rôtir comme des steaks. Ed se surpris à observer leur joli fessier, son instinct animal revenait au galop. D'ailleurs depuis combien de temps n'avait-il pas baisé ? À vrai dire aucune importance, la vie ne se résumait pas qu'au plaisir charnel !

Après un bon quart d'heure de marche, à l'ombre des arbres, il croisa des couples qui se baladaient main dans la main. Son cœur se serra, il ne put s'empêcher de penser à Marianne, et les dernières paroles de Jean lui revinrent à l'esprit : 

« Je ne te jugerai pas et je ne te dénoncerai pas à la police, cette pierre était diabolique, tout le monde se serait laissé piéger ! Va en paix mon fils ! »

Le démon avait laissé une plaie béante dure à supporter mais l'espoir était revenu, et sa blessure cicatrisera sûrement avec le temps. Edward laissa son passé derrière lui, puis émerveillé, il suivait des yeux plusieurs papillons colorés, ils virevoltaient dans tous les sens, c'était quand même chouette la nature !

Soudain, en l'interpellant, une personne le tira de sa rêverie. Le jeune homme tourna la tête et découvrit Gisèle. La vieille dame avait un large sourire, ses yeux pétillaient et avant qu'il puisse réagir, elle l'enlaça en murmurant :

— Mon p'tit gone, je pensais jamais t'revoir ! Et t'sais grâce à toi, il est revenu !

Gisèle le regarda droit dans les yeux, et des larmes de joie coulèrent le long de son visage ridé. Ému, Ed resta silencieux puis à quelques mètres, il remarqua la présence d'un vieillard, ses yeux perçants, aucun doute, c'était Sadjo Bel. Malgré ses quatre-vingt-quinze ans, cet homme dégageait une force incroyable, il semblait aussi robuste qu'un vieux chêne. Respectueusement, Ed le salua de la tête.

L'homme à la hache (histoire mystérieuse, drôle et effrayante)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant