Le temps perdu en hésitations me fut fatal. Au moment où je m'apprêtai à dire à Aria d'aller se cacher avec Féline le temps que je cherche Adam, un bruit de bottes résonna soudain dans le couloir. Je n'eus que le temps de pousser Aria et la panthère dans la cellule d'où elles venaient de sortir avant que l'homme ne pénètre dans la pièce.

Il s'avança d'un pas tranquille, un gros fusil d'assaut braqué sur ma poitrine, le tout accompagné d'un sourire lubrique qui me rappelait quelqu'un.

— J'espérais bien que ce soit toi ! s'exclama-t-il d'une voix désagréable tandis qu'il continuait d'avancer, me détaillant des pieds à la tête. Mon frère m'a tellement vanté ton physique de rêve... que j'étais un peu jaloux.

Malgré moi, je me mis à reculer. Il n'était pas question que je laisse ce type m'approcher et encore moins me toucher. Je préférerais encore qu'il me tue. Je savais maintenant pourquoi il me paraissait familier. C'était le frère de l'autre pervers et, a priori, ils n'avaient pas que leur filiation en commun.

— C'est mon jour de chance. Avec le grabuge qu'il y a là-haut, ils m'ont laissé venir seul, fanfaronna-t-il avec un sourire de prédateur. Je vais pouvoir m'amuser un peu, dit-il en se passant la langue sur les lèvres. Miam... En plus, tu es déjà à moitié déshabillée ! C'est gentil de me faciliter le boulot, continua-t-il en ricanant tandis qu'il s'approchait encore plus près.

À force de reculer, je finis par heurter le mur du fond et me cognai douloureusement la tête au râtelier. Je brandis ma clef anglaise devant moi d'une main tremblante, ce qui le fit partir d'un rire moqueur désagréable. Je devais gagner du temps ! Dans mon malheur, je venais d'apprendre que l'inspecteur était bien là-haut avec ses hommes, et je ne pouvais pas échouer maintenant !

— N'approchez pas ! lui ordonnai-je d'une voix chevrotante, qui même à moi me parut pathétique.

— Et tu crois que c'est avec ça que tu vas m'en empêcher ?

Il se mit alors à rire franchement et franchit la distance qui nous séparait en deux enjambées. Dans une tentative désespérée, j'essayai de le frapper à la tête, malgré l'arme toujours braquée sur moi. S'il voulait me violer, il y avait peu de chances qu'il me tire dessus tout de suite. Malheureusement, je ratai mon coup et il m'arracha l'arme des mains, avant de me gifler violemment. Ma tête partit vers la droite et alla heurter le mur.

Je dus m'évanouir quelques secondes, car lorsque je revins à moi, j'étais allongée sur le sol, mon soutien-gorge gisant à côté de moi et les mains du garde en train de me tripoter. Je me forçai à ne pas penser à ce qu'il était en train de faire et tentai d'entrer en contact avec Féline. Avec un peu de chance, elle m'entendrait. L'homme était tellement concentré sur sa tâche qu'il avait posé son arme et tournait le dos à la porte. C'était le meilleur moment pour attaquer. Alors que j'envoyais l'information psychique à la panthère, j'entendis la porte s'ouvrir doucement.

Mais si moi je pouvais l'entendre, mon tortionnaire aussi. Il fallait que je trouve un moyen de détourner son attention. Je me forçai donc à reporter mon regard sur lui et constatai avec horreur qu'il avait déjà presque terminé d'ouvrir sa braguette. Je tentai le tout pour le tout et décidai de le provoquer.

— Les petites bites, c'est comme les petits cerveaux, c'est de famille ?

Cela fonctionna au-delà de mes espérances et le détourna de son objectif quelques secondes, le temps de m'assener une autre gifle et de me traiter de salope. Il avait dû, pour me frapper, lâcher mon bras et j'en profitai pour attraper mon soutien-gorge. Je n'avais pas d'idée précise en tête au moment où je l'avais pris, mais à l'instant où il se pencha de nouveau sur moi dans une intention évidente, je lui passai mon soutif autour du cou. Puis croisant les bretelles, je me mis à tirer de toutes mes forces pour l'étrangler. Au même moment, Féline lui sauta sur le dos avec un rugissement furieux et tandis qu'elle se maintenait avec ses griffes, elle entreprit de lui arracher la gorge.

Ce fut long et particulièrement salissant, car le moins que l'on puisse dire est qu'il ne se laissa pas faire ! Il se débattit violemment pour essayer de faire tomber Féline qui n'avait pas encore atteint sa jugulaire, saignant et hurlant à la mort. Lorsqu'elle y parvint dans un grondement de satisfaction, l'homme cessa tout d'un coup de bouger et tomba lourdement sur moi, tandis qu'un flot chaud et visqueux se déversait sur ma poitrine. Dégoutée et horrifiée, je pédalai comme une forcenée


pour m'extraire de sous le cadavre, essayant vainement d'enlever le sang qui me recouvrait avant de remettre mon soutien-gorge légèrement distendu avec mes mains tremblantes. Je sentis que j'étais prise d'une sorte de hoquet et un bruit bizarre résonnait dans la pièce. Il me fallut un petit moment pour me rendre compte que ce bruit, c'était moi qui riais, d'un rire nerveux et limite hystérique, mêlé de larmes. Je finis par me relever et constatai, étonnée, que je n'avais mal nulle part. Même plus à la tête ! J'étais comme... déconnectée, certainement en état de choc. Restait à savoir combien de temps il durerait, car je pressentais que je n'allais pas apprécier le retour à la réalité. 


Féline. Tome 1 Where stories live. Discover now