Chapitre 25-2

Depuis le début
                                    

« C'est qui ce Jude ? Et puis, je suis bien plus intelligente qu'un stupide humain ! »

Malgré le ton hautain de sa « voix », je ressentis la lassitude et la douleur qu'elle essayait de me dissimuler.

— Mer... Tu entends tout ce que je pense ?

Je plaquai rapidement une main sur ma bouche lorsque je me rendis compte que je venais, stupidement, de m'exprimer à haute voix et relativement fort. Il faut dire que j'étais passablement secouée, au point même d'en oublier où je me trouvais l'espace d'un instant. Ne recevant aucune autre remarque sarcastique ou indignée, je reportai mon attention sur la cage et remarquai qu'elle avait posé sa tête sur ses pattes et semblait lutter contre le sommeil. Ce n'était pas bon ça, pas un comportement digne d'un prédateur qui luttait pour sa survie. Je me levai et commençai à regarder autour de moi à la recherche d'une clef ou d'un outil pour ouvrir le cadenas qui maintenait la porte de la cage fermée.

— Tiens bon, je vais te sortir de là. Il faut juste que je trouve comment, lui dis-je en chuchotant.

Un sentiment de surprise m'envahit, ainsi qu'un petit sursaut d'espoir, venant de ma nouvelle amie féline. Je continuai ma recherche fébrile sans rien dénicher d'intéressant. Je restais un instant debout les bras ballants quand mon regard tomba sur la clef anglaise que j'avais laissée au sol près de la cage quand je m'étais agenouillée. Je m'en saisis et, tandis que je me relevais, mon regard passa sur les écuelles vides à côté d'elle. Son regard suivit le mien et je ressentis sa faim et sa soif aussi fortes que si cela avait été les miennes. Je me saisis rapidement d'un des deux récipients et allai jusqu'au lavabo crasseux et ébréché, que j'avais entraperçu au fond de la pièce, en espérant qu'il y aurait toujours de l'eau. Je tournai le robinet et poussai un soupir de soulagement lorsqu'un liquide couleur de rouille en jaillit. J'attendis qu'il redevienne clair puis en remplis le récipient en inox que je lui rapportai en toute hâte.

— Tiens, je ne peux rien faire pour ta faim dans l'immédiat, mais tu te sentiras mieux si tu te réhydrates. Maintenant il faut que je trouve un moyen de casser ce cadenas sans faire trop de bruit.

Je ne sais pas pourquoi j'éprouvais le besoin de parler à voix haute, car elle avait déjà sûrement tout « entendu » dans mon esprit, mais je pense que c'était pour avoir l'illusion de conserver un semblant de normalité et puis entendre le son de ma voix me rassurait. Je dénichai une espèce de chiffon crasseux rendu presque rigide par toute la saleté et le sang séché qui le maculaient et en enveloppai le cadenas pour atténuer les sons alors que je tapais dessus de toutes mes forces avec mon arme improvisée. Je réussis au bout du troisième coup et m'empressai d'ouvrir la porte de la cage puis de reculer à une distance raisonnable. On ne savait jamais après tout, les animaux sauvages étaient réputés pour être imprévisibles, surtout lorsqu'ils étaient blessés et acculés.

Le temps que j'ouvre la porte, elle avait bu toute l'eau que je lui avais apportée et se sentait déjà un peu mieux. Elle fit un pas prudent vers la sortie comme si elle ne croyait pas vraiment à sa chance, puis se décida à sortir complètement. Elle boitait et ne semblait pas très stable sur ses pattes.

— Tu veux bien me laisser regarder ? Voir si je peux faire quelque chose pour tes blessures ? lui demandai-je gentiment tout en lui montrant mes mains pour qu'elle puisse voir que je n'avais pas de mauvaises intentions.

Féline. Tome 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant