Une tournure inattendue

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Charles revint en 1919, pour lui deux ans s'était écoulé sous les affres de la guerre. Mais rien n'avais changé dans son caractère, si ce n'est qu'il buvait de plus en plus et qu'il broyait du noir. Il me roua de coup une fois de plus. Il faiblissait sous l'influence de l'alcool. Je lui en donnais alors plus que nécessaire.

Un jour la vie me joua un tour des plus surprenants. L'ayant fait boire à outrance pour que je puisse m'éclipser de la maison. Il comprit la manœuvre et me força de nouveau à coucher avec lui. Là ce fut la goutte d'eau. Je décidai alors de quitter la maison pour de bon. Quelques semaines pour tout préparer et je découvris que j'étais enceinte. Je ne savais que faire mais m'étant sentis mal, le médecin annonça l'heureuse nouvelle à Charles et à mes parents. J'étais de nouveau piégé, mais je ne pouvais décemment pas élever cet enfant sous ce toit avec cet ivrogne et batteur de femme. Non, il fallait que je trouve un moyen d'en finir et au plus vite. Il m'était impossible de me tourner vers mes parents. Ils m'auraient servis le même boniment qu'autrefois, celui d'être une bonne épouse en étant raisonnable. Pour eux il était hors de question que je fuis mon mariage.

C'est pourtant ce que je fis. Je me tournai vers ma famille, une partie à laquelle mes parents ne parlaient plus beaucoup. Ainsi je savais qu'ils ne seraient pas au courant. J'écrivis à ma cousine Shirley de Milwaukee dans l'état du Wisconsin. Je dû partir un jour où Charles était sorti en ville pour aller boire comme de coutume. J'avais tout planifié à l'avance. Sur plusieurs jours, j'avais du préparer une valise avec le nécessaire pour vivre pour moi et le bébé. Je pris les choses les plus importantes, des souvenirs d'étant petite que je pourrai donner au bébé, une garde-robe simple, mes bijoux et mes livres, mon nécessaire à tricoter ainsi qu'un napperon avec un C brodé dessus que j'avais commencé depuis peu. J'achèterai le reste sur place. J'étais transporté de ce voyage et de cette nouvelle vie qui s'offrait à moi, et cette fois je ne le devais qu'à moi. Certes j'étais terrifié à l'idée que Charles ne découvre ma fuite et ne se lance à ma poursuite. Je ne craignais que de me cacher dans ma famille ne s'avère trop simpliste et qu'il ne le tarde pas à le découvrir. Je dû pourtant me contenter de ce plan pour l'instant. Le jour J, je me dépêchais de partir à pied pour la gare et prit le prochain train pour l'état voisin. Je fus soulagé quand j'arrivai à la prochaine destination. Je me sentais enfin libre. Mais un drôle de sentiment m'accompagnait, comme si tout cela avait été trop simple.

Les Cullen Tome II EsméOù les histoires vivent. Découvrez maintenant