Le coup de foudre

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L'incident de la balançoire lorsque j'avais dix ans me marqua à vie. Avec le recul, je ne me souviens plus de la douleur. Seule la sensation de voler dans les airs me reste graver dans la mémoire ainsi que dans toutes les fibres de mon corps. Je ne sais combien de fois j'ai tenté de rechercher par n'importe quel moyen cette sensation. Malheureusement pour moi en 1910, la vie d'une jeune fille bien comme il faut empêchait toutes activités physique chaotique. Si j'avais été un garçon, on ne m'aurait pas autant reproché ce côté casse-cou qui me caractérisait si bien. Malheureusement il en était ainsi fait. A un certain âge je dû renoncer à mes activités en plein air pour me consacrer à l'art de devenir une femme d'intérieur. Ce n'était bien entendu pas fait pour moi. J'excellais dans mes notes à l'école et les professeurs étaient nombreux à faire mon éloge, mes parents en étaient très fiers. Je fus toujours l'une des premières de ma classe, malgré le fait que je n'arrivai pas à me sentir comme une fille de mon âge. J'étais plus masculine que mes petites camarades et ainsi n'appréciait pas les mêmes jeux qu'elles. Il me fallut d'ailleurs attendre ma seizième année pour que je m'intéresse enfin aux garçons. Au grand damne de mes parents qui eux auraient préférés que je m'y intéresse plus tôt, bien qu'ils ne surent pas de qui je m'étais éprise cette année-là. La principale activité de ma mère était de me trouver un mari convenable. Mais lorsqu'en général je parlais à des garçons de mon âge c'était plus pour les embarquer dans des expéditions sportives plutôt que pour flirter avec.

Vers quatorze, quinze ans, je me constituai un petit groupe d'amies très soudés. Plusieurs d'entre elles partageaient la même passion que moi pour le plein air. Nous fîmes de longues promenades dans les forêts de l'Ohio, nous sautâmes des falaises en vacances et nous baignâmes dans des marais sauvages. Nous aimions beaucoup partir à la pêche en tenue de garçons. Notre activité favorite fût l'équitation. Je me pris d'amour pour un bel étalon pur-sang arabe du nom de Liberty. Mon enfance fut très heureuse, je dois l'admettre, bien que ma liberté ne fût quand même un rien limité par mes parents. Surtout lorsque j'atteignis mes dix-huit ans, il ne fut plus alors question de rester à rien faire en plein air. Me trouver un mari et fonder une famille, voilà ce qui importait aux yeux de mes parents.

Toute ma vie je sentis ce poids, cette obligation que l'on imposait aux jeunes filles de ma condition. L'on m'enseigna alors l'art de bien se tenir, de faire la cuisine, de converser, de tricoter et de s'occuper de son intérieur. Ces leçons m'ennuyaient terriblement en comparaison à tous mes anciens loisirs. Je voulais vivre, faire le grand saut comme on dit. M'envoler très loin et vivre seule afin que l'on cesse de me dicter ma conduite.

L'année de mes seize ans, un jour alors qu'une leçon me paressait plus longue que d'ordinaire, je décidai de feindre une douleur au ventre pour me retirer dans ma chambre afin de rêvasser. Soudain j'eu une idée, je m'échappais de ma fenêtre en m'aidant du chêne qui semblait me tendre les bras. Je jugeai mal la distance et perdit l'équilibre à cause de ma robe trop bouffante. Cette fois ci, je restai un peu plus longtemps inconsciente avant que mes parents ne me découvrent. Heureusement les buissons qui entourait le vieux chêne avaient ralentit ma chute. Mais une vive douleur à la jambe me fit sortir de mon inconscience. Après qu'un domestique m'est trouvé là, je fus transporté dans le salon et mon père s'enquit d'appeler le médecin de famille. Il était malheureusement en vacances, nous dûmes faire appel à un de ses congénères, un certain Docteur Cullen. On m'avait conduite dans ma chambre pour plus de confort après que je ne me sois évanouie sous le coup de la douleur. Le docteur put alors m'examiner en toute intimité. Quelle ne fut pas ma surprise à mon réveil. Un doux regard caramel me regardait avec soucis. Il manipula ma jambe avec précaution et soin. Ses mains étaient si froides qu'elles calmèrent la douleur qui irradiait dans tout mon corps. Il me donna un calmant et m'annonça que ma jambe était cassée et qu'il fallait me transporter à l'hôpital. Après l'opération, j'ouvris les yeux et le découvrit à mon chevet.

- Alors comme ça on a essayé de s'envoler par la fenêtre à ce qu'il parait ? demanda-t-il d'un ton amusé.

- On peut dire ça...

- Je crois qu'il n'ait pas encore temps pour vous de voler, petit oiseau, en tout cas vous ne pourrez pas marcher avant un bon petit mois, mademoiselle Platt.

- Esmé. Un mois vous dites ?

Son sourire était craquant. C'était véritablement un très bel homme. Je n'en avais encore jamais vu de comme ça auparavant.

- Oui un bon mois...

- Oh c'est tout moi ça ! j'ai voulu essayé d'échapper à l'ennui et me voilà réduite à endurer pire que l'ennui lui-même. Je me demande ce que je vais bien pouvoir faire aliter comme ça aussi longtemps.

- Je me doute que vous trouverez quelque chose.

- Du tricot, déclarais-je sur un ton blasé

Nous rîmes de bon cœur.

- Vous ne pouvez rien faire de mieux docteur ?

- Eh bien Esmé, j'aimerai beaucoup vous aidez, vous avez l'air déterminé à remarcher et je comprends mais malheureusement je ne suis que médecin, pas magicien, déclara-t-il en faisant triste mine.

- Oh ce n'est pas grave, dis-je avec un sourire timide. Si au moins je peux rester ici, c'est déjà pas mal. Vous me distrairez avec mon état chaque jour. Je préfère mille fois cela à retourner chez moi.

- Oh vous pourrez rentrer chez vous dans quelque jour. C'est une petite fracture. Je ne vous serais pas d'une grande aide.

- Oh si vite... c'est dommage.

Il me jeta un regard intrigué. J'étais peut être allé trop loin. Je crus littéralement mourir de honte. Comment avais-je pu lui parler aussi ouvertement de ce que je ressentais. Après tout je ne le connaissais que depuis quelques minutes. Mais il s'avéra d'une gentillesse admirable et fut très attentifs les jours qui suivirent. Sa nature charmante me décontenançait. Je n'avais jamais eu affaire à quelqu'un d'aussi ouvert et compréhensif de toute ma vie. C'était comme s'il comprit mon état intérieur et ce que je ressentais réellement. C'est extrêmement dur de rencontrer ce genre de personne dans une vie et j'avais la chance de l'avoir trouvé. Et malheureusement j'allais devoir lui dire adieu. Je pensais à lui pendant des jours après que je sois rentré de l'hôpital. Ce fût littéralement mon premier coup de foudre. Il m'avait éblouie. Bien entendu, ma vie allait devoir reprendre son cour dès l'instant où je reprendrais des forces et que ma jambe serait définitivement guéris. Mes parents s'employèrent à me faire la morale sur ce que j'avais fait. Et à l'avenir il me serait donc impossible de faire ce qui me chanterait. J'étais résigné à rester à la maison à faire mes devoirs de jeune fille présentable et à m'instruire pendant toute ma convalescence. Je ne pouvais m'empêcher de flâner à travers la demeure familiale en rêvant à l'idée qu'un jour lorsque je serai enfin diplômé je partirai en ville rejoindre ce médecin, Carlisle, c'était son prénom. Ces rêveries étaient tout ce qui me faisait tenir. 

Les Cullen Tome II EsméWhere stories live. Discover now