Chapitre 9-3

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— Ça n'a toujours pas de sens, car si les deux affaires sont liées, ils vous connaissent vous et cette « communauté » ! Ils doivent donc savoir où je me trouve.

— Le savoir et pouvoir vous atteindre sont deux choses différentes, affirma Charles avec suffisance.

— Comment ont-ils atteint les vôtres alors ?

— En attendant qu'ils sortent du sort de protection qui entoure le hameau. Vous avez dû les surprendre en en sortant si tôt. Ils ne s'y attendaient pas et ne devaient pas être prêts.

— Vous n'arrêtez pas de dire « ils » comme si vous les connaissiez, revins-je à la charge avec colère. Maintenant j'arrête de jouer. Soit vous me dites de quoi il retourne, soit je me casse et je tente ma chance toute seule, dis-je d'une voix ferme tout en les regardant chacun à tour de rôle.

— Nous ne savons rien précisément. Nous avons juste des hypothèses solides. Nous pensons que c'est...

— Carla..., l'interrompit Charles d'une voix grondante qui me fit froid dans le dos.

Il n'avait prononcé que son prénom, mais la façon dont il l'avait dit planait comme une menace presque physique dans la pièce qui me fit frissonner. Je vis Carla se décomposer brièvement devant le regard glacial de son mari, puis elle se redressa et lui fit face.

— Non, Charles, elle a raison ! Nous ne pouvons pas lui demander son aide et la laisser dans l'ignorance, surtout maintenant que son amie est en danger. De toute façon, ce ne sont que des hypothèses, rien de plus. Que pourrait-elle bien en faire ?

Il ne répondit pas immédiatement et se contenta de la fixer, dans le but évident de lui imposer sa volonté de son regard implacable.

— Soit... Mais s'il y a un problème, c'est toi et toi seule qui en assumeras les conséquences, lui assena-t-il d'une voix pleine de menaces en voyant qu'elle ne céderait pas.

— Très bien, dit-elle d'un ton glacial, tandis qu'elle se tournait à nouveau vers moi. Nous pensons que ce sont des gens qui connaissent notre existence et qui ont décidé, soit de nous étudier comme des cobayes, soit de nous forcer à révéler notre existence au grand jour. Quoi qu'il en soit, ils sont organisés et ont de toute évidence les moyens de mener leur projet à exécution. Notre seule chance désormais est de découvrir qui ils sont exactement et où ils se cachent pour pouvoir arrêter ce désastre avant qu'il ne soit trop tard.

Je restai un instant hébétée. S'ils avaient raison et que leurs hypothèses se révélaient fondées, que pouvais-je bien faire pour empêcher ça ? Une grande lassitude m'envahit et je me sentis soudain insignifiante et complètement inutile. Je me laissai tomber sur la chaise la plus proche et, découragée, pris ma tête entre mes mains. Je me sentais complètement perdue, j'avais l'impression d'être en train de me noyer. C'était d'une armée qu'ils avaient besoin et pas d'une... d'une quoi au juste ? Je ne savais plus qui j'étais ou même ce que j'étais. Tout ce que je venais d'apprendre en si peu de temps était en train de se mélanger dans ma tête et toute cette histoire commençait à m'embrouiller le cerveau. Si je ne me ressaisissais pas rapidement, j'étais bonne pour l'asile du coin.

Féline. Tome 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant