Chapitre 2-1

Depuis le début
                                    

À la seconde où nos peaux ne furent plus en contact, la douleur pulsatile et invalidante qui résonnait dans mon crâne, sembla se volatiliser comme par magie, emportant avec elle la faiblesse et la nausée et me rendant ma pleine capacité de réflexion. Non mais qu'est-ce que c'était que ce bazar ?!

Avec une grimace, je ramenai mes bras douloureux vers l'avant et reculai en prenant bien garde à ne pas la quitter des yeux. Évidement vu la taille de l'appartement et surtout du salon, je n'allais pas bien loin et fus très rapidement arrêtée par le canapé qui vint cogner contre mes jambes. Bien que je me sente beaucoup mieux, j'étais encore fébrile et c'est d'une main un peu tremblante que je me massai les poignets. Ce que l'on pouvait affirmer, c'est qu'elle avait une sacrée poigne !

Nous restâmes là à nous fixer sans dire un mot pendant de longues minutes. Alors que ce silence pesant me tapait de plus en plus sur les nerfs, il ne semblait pas déranger "blondie" qui toujours aussi stoïque paraissait pouvoir rester là des heures durant, sans que cela ne lui pose aucun problème. Elle esquissa un sourire arrogant lorsqu'elle surprit un de mes énièmes coups d'œil en direction de la porte.

— Vous n'allez quand même pas être assez stupide pour essayer de vous enfuir à nouveau ? Je croyais que vous étiez sensée écouter ce que j'avais à dire ?!

— Oui et justement...j'attends toujours, lui rétorquai-je crânement.

— Vous pourriez m'inviter à m'assoir ? me provoqua-t-elle.

Avant de se diriger d'une démarche féline vers le fauteuil, où elle s'assit nonchalamment et croisa ses longues jambes.

— De toute évidence vous n'avez besoin d'invitation ! Ni pour vous assoir, ni même pour entrer ici d'ailleurs. Vous allez me demander quoi après ça, un petit café ? Si vous cessiez ce petit jeu et que vous me donniez la véritable raison de votre présence ici ?

Je crânai et la provoquai, mais en fait je n'en menai pas large. Après sa petite démonstration de force, je savais que je n'avais quasiment aucune chance de m'enfuir, à moins de détourner son attention assez longtemps pour la feinter ou l'assommer, au choix. Quoique soyons clair, si la seconde option s'offrait à moi, je la saisirais sans hésiter et avec plaisir en plus.

Commençant à me sentir un peu idiote debout devant mon canapé, je m'assis et essayai d'adopter à mon tour une pose classe et décontractée. Ce qui, en peignoir...était perdu d'avance ! Et puis à quoi je jouais à la fin ? S'il y avait bien une chose que je ne ressentais pas...c'était de la décontraction ! Je cessai donc de faire semblant d'entrer dans son petit jeu et me relevai brusquement pour me saisir du téléphone posé sur un guéridon branlant non loin du canapé.

Elle ne bougea pas, n'eut pas même un frémissement. Mais l'éclair froid et inquiétant qui passa dans son regard, me fit comprendre que quoi que je décide, elle ne me laisserait pas le temps d'aller jusqu'au bout de mon geste. Je restai là, à tenir le combiné d'une main tremblante et m'apprêtai à tenter ma chance malgré tout, quand je vis se succéder sur son visage des émotions que je n'aurais jamais penser y voir. Du découragement, de la peur et de la résignation. Cela ne cadrait tellement pas avec le personnage, que je me trouvai décontenancé l'espace d'un instant. Instant dont elle profita pour remettre son masque froid et impersonnel et se lever d'un seul mouvement souple. Pour autant elle ne vint pas m'arracher le téléphone des mains mais se contenta de me tourner le dos et de se diriger vers la porte.

— Vous partez ?! demandai-je bêtement avant d'avoir eu le temps de me retenir.

Ce que je regrettai aussitôt, car elle stoppa net son avancé à l'instant où les mots sortirent de ma bouche. J'étais enfin sur le point de m'en débarrasser et je la retenais...non mais quelle idiote !

— Je n'ai, de toute évidence, aucune chance de vous convaincre ou de vous faire entendre raison. Je ne vais donc pas perdre plus de temps en votre compagnie, m'assena-t-elle d'une voix dure sans même se retourner. Je ne sais même pas pourquoi il a pu penser que vos origines vous intéresseraient...Pff...Vous n'êtes même pas consciente de ce que vous êtes !

Le ton méchant et le regard à l'avenant qu'elle me lança, me glacèrent mais pas autant que sa dernière phrase.

— Pardon ?! Qu'est-ce que vous avez dit ? demandai-je dans un souffle, tout en reposant le téléphone que je tenais toujours dans ma main.

J'avais beau avoir conscience que je tombai très certainement dans un piège, c'était plus fort que moi. Cette femme, qui qu'elle soit, s'était de toute évidence renseignée sur moi et savait très bien sur quel bouton appuyer pour me faire réagir au quart de tour. La question était, pourquoi ne l'avait-elle pas fait avant ?

— C'est la première fois que vous évoquez mon passé...pourquoi seulement maintenant ?

— J'ai parlé de vos origines, pas de votre passé. Vous ne vous êtes jamais demandée pourquoi vous étiez différente...

Féline. Tome 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant