Partie 1 | Chapitre 7

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Nous sommes retournés dans nos dortoirs respectifs en silence, sans nous dire au revoir. Ces mots sont trop durs, ils sont la preuve que l'instant est terminé et nous préférons conserver l'illusion d'être encore réunis. Et c'est dans cette optique que je me glisse dans mon lit sans éveiller ceux avec qui je dois partager le dortoir. Demain est un autre jour. Demain est notre jour.

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J'avance vers le bureau directorial d'un pas confiant, en vérifiant d'un geste en apparence futile que ma plaidoirie et mes preuves sont bien dans la poche intérieur de ma cape. Soulagé d'en sentir l'épaisseur rassurante sous ma paume je peux maintenant m'appliquer à reprendre un visage e circonstance. Je n'imaginais pas retrouver Père et Mère dans de telles circonstances, je dois bien l'avouer. Mais cela pimentera leur morne semaine, et étant donné que je vais gagner contre la vieille chouette je n'ai pas d'inquiétude à avoir. Grand-père n'en entendra probablement pas parler et c'est bien mieux ainsi pour tous. Au croisement je retrouve ma sœur, et lui adresse de sous mes mèches rebelles un regard destiné à elle seule. Nos yeux semblent fusionner ensemble l'espace d'un battement de cil, et je sais que je peux compter sur elle. Elle aura lu le dossier, et sait comment agir. Nous poursuivons et bientôt franchissons le seuil de ce tribunal improvisé. Je souris comme savent le faire les Shields, de manière conventionnelle et suffisamment froide pour faire pâlir Mère et lever un sourcil à Père. Songeaient-ils que nous soyons là pour plaisanter ? Il s'agit d'une affaire des plus sérieuses. Notre réputation y est engagée.

- Bonjour à tous.

Ma voix semble s'éterniser dans le silence du lieu, et je sens nos parents s'approcher plus que je ne les vois. Mère remet mes cheveux en place en soupirant à mon oreille, puis je la vois se pencher sur Artemis. Ma pauvre sœur... Enfin, pour le moment Père tire sur mon catogan pour attirer mon attention, et je capte dans son regard que je ne dois pas le décevoir. D'un haussement d'épaule, je lui signifie que je ne comprend pas comment il peut douter de nous. J'ignore royalement le regard du -plus pour longtemps- professeur McGonagall, ultime bravade du Serpent avant que ne débute la séance dans laquelle je représente l'accusation.

- Bien, nous pouvons débuter.

Je m'entend donner un ordre tout naturellement, je n'ai pas envie de m'éterniser ici.

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Cette dernière phrase résonne dans ma tête. Apollon ne s'arrêtera plus dorénavant. Je sens mon cœur s'accélérer ; je ne devrais pas avoir peur, il a tout préparé dans les moindres détails, nous ne pouvons que réussir dans cette entreprise périlleuse. Je croise un instant le regard empli de déception du professeur Fitwick qui veille sur notre assemblée du haut de son bureau. A cet instant, je me rends compte que mon attitude n'est pas adaptée au comportement que l'on attribue en général aux élèves de la maison Serdaigle. Mais je ne m'attarde pas sur ce ressenti, j'assume entièrement ma responsabilité dans cette entrevue et tente de me donner une certaine prestance, digne de mon rang, afin de lui montrer mon indifférence envers son jugement.

- Je voudrais tout d'abord vous remercier, Monsieur le Directeur, de nous accorder du temps pour régler ce différend, annonçai-je.

- Quoi qu'il fut nécessaire de nous réunir ici vu l'importance du sujet, ajouta Apollon. J'aurais pris tout refus pour un manquement à vos responsabilités, malgré tout le respect que je vous accorde.

Je vois du coin de l'œil Père élever un sourcil en entendant la dernière remarque de mon frère. McGonagall quant à elle réprime un grognement désapprobateur. Il est vrai qu'Apollon sait piquer au moment où il le faut, mais je ne pensais pas qu'il aurait été capable de faire ce genre de remarque à notre directeur. Je décide de ne pas laisser paraître mon trouble face à cette pique mesquine et continue.

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Et ce fut sur ce ton que se poursuivit l'entretient qui signait la fin d'une époque à Poudlard.

- ... C'est pourquoi je réclame l'interruption immédiate et définitive du contrat d'enseignant de cette femme qui n'a pas de respect pour les valeur de sa propre maison, alors vous pouvez imaginez ce qu'il en est avec les Serpentards.

Le silence ce fit enfin, après une dizaine de minutes durant lesquelles les jumeaux s'étaient relayés naturellement dans un réquisitoire construit et qui ne laissait pas place au doute. Ils avaient gagné.

- Bien, je crois que tout ceci est désormais terminé. Ces plaisanteries nous ont mené jusqu'au repas, quel heureux hasard ! Désirez-vous partagez un peu de votre précieux temps avec nous Père, Mère ? Car cela serait...

- ...Une véritable joie pour nous. Conclut Artémis, souriant poliment.

La langue affûtée des enfants Shields avait eu raison des adultes présents, et la jeune fille put sentir son frère lui embrasser la joue en murmurant suavement « A qui le tour ? » à son oreille.  

  

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The Twins' Link in HogwartsWhere stories live. Discover now