un amour d'enfance

Oublier...

                 Ce n'était pas de l'amour, juste une obsession malsaine qui le rendait complètement vulnérable. Tristan frappa le mur et cria de rage et de douleur. Ce n'était pas sensé se passer comme ça. Lui seul et totalement dévasté à cause d'une fille : c'était quelque chose qui n'était jamais sensé arriver. C'était justement pour cela qu'il s'était construit ce code de conduite pour ne jamais ressembler à ça. Mais peut-être que c'était justement son carma. Il payait pour tout ce qu'il avait fait à ces idiotes qu'il avait manipulées et jetées, toutes ces cruches qui étaient tombées amoureuses de lui.  Est-ce qu'elles avaient ressenti la même chose que lui ? Voilà qu'il se mettait à penser comme une gonzesse ! Il devait se ressaisir, passer à autre chose. 

                 Sa chambre était dans le même état que son cerveau. Un vrai chantier. Il était au moins sûr d'une chose, jamais plus il ne s'autoriserait à être aussi faible. Plus jamais il ne pourrait aimer. Il s'en voulait, en voulait à cette idiote de ne pas l'avoir aimé comme toutes les autres et à son meilleur ami d'être son meilleur ami et d'être ce qu'il fallait à Sana... Lorsqu'il avait lu ces lettres il l'avait compris qu'il n'avait aucune chance, et qu'il n'en aurait jamais aucune. Tom devait rester loin de celle qu'il aimait depuis des années par pure charité pour lui, par pitié. Il n'avait pas besoin de cela. Il avait toujours su à quel point Tom aimait son amour d'enfance, à quel point sa disparition l'avait affecté. Lorsqu'il avait su que Sana était cette fille, que Tom continuait à lui écrire pendant toutes ces années... il ne pouvait tout simplement pas faire cela à son ami. Son seul ami. Son meilleur ami. Le destin était un bel enfoiré !

                   Il décida qu'il valait mieux protéger ce qu'il lui restait de dignité et  oublier cette fille. Il allait sortir, pourquoi pas une soirée étudiante? On était jeudi soir... Il se prépara en vitesse mais alors qu'il franchissait la porte il tomba nez à nez avec Tom. 

_ Salut mec, je vais à la soirée de fac de médecine ça te dit?

            Tristan savait d'avance que son ami n'allait pas être intéressé par une soirée où tous les étudiants seront bourrés avant les douze coups de minuit. savaitm

_ Non, Tristan je voulais te parler d'un truc...

_ Ça peut pas attendre demain? Y a des minettes qui n'attendent que moi, si tu vois ce que je veux dire...

_C'est à propos de Sana, je pensais qu'il y avais quelque chose entre vous...

_ Ah, sérieux ? Si elle t'intéresse tu peux y aller. Je ne fais pas dans ce genre de marchandise et entre nous tu peux faire beaucoup mieux...

_ Qu'est ce que tu veux dire? Je croyais que tu l'aimais? 

_ Tu plaisantes ? Je voulais juste savoir comment ça serait de sortir avec une prude mais franchement ça n'a pas de goût ! Elle devrait vraiment se décoincer un peu, elle pue la pucelle à des kilomètres !

                 Tom poussa son ami contre le mur de son avant bras gauche et était sur le point de lui décrocher une droite. Mais il respira profondément et dit entre ses dents le poing en l'air: 

_ Ne parles pas d'elle comme ça ! Tu ne la connais pas. 

_ Parce que toi tu l'as connais ?  Elle n'est pas très différente des autres idiotes que j'ai connu. Vous êtes un peu pareil tous les deux en fin de compte. Un joli couple de petit vieux qui vivent dans les rêves...  Vous ne connaissez rien à la vrai vie ! 

                 Tristan souhaitait presque que son ami le frappe. Au moins il aura désormais une véritable raison de plus lui parler. Il ne sera plus obligé de supporter de les voir amoureux nageant dans le bonheur alors que lui souffrait. Mais Tom s'éloigna de lui.

_ Tu ne comprends rien, dit Tom.

_ Je ne suis pas aussi malin que toi c'est sûr !

                   Tom le lâcha brusquement, tourna les talons et s'en alla. C'était mieux ainsi, pensa Tristan. Il n'aurait pas pu supporter de les voir ensemble. Il allait oublier tout cela au fond d'un verre ou d'une dizaine... Une bile amère lui brûlait la gorge.