Alice

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Je me rappelle de mon tout premier job. C'était en été, j'avais 16 ans et j'étais monitrice dans une colonie. Il y avait aussi ce mec qui me plaisait bien, il avait 19, lui.

On s'était rapproché en quelques jours... On s'était même embrassé mais je me souviens aussi qu'il en voulait plus.

Je l'avais directement arrêté. Et je continue d'être fière de moi jusqu'à aujourd'hui pour cela.

Quoi qu'il en soit, c'était tout de même mon premier job. Bien différent de celui-ci... Et cela en bien des points! Car en colo' on favorise plutôt les shorts larges beiges et polos rouge criards, le tout surmonté d'un sifflet vert fluo.

Alors que cette robe me serre beaucoup trop... Et ces talons, Dieu! Mais pour l'instant, je dois m'y faire, en tout cas jusqu'à trouver mieux... Ce qui ne va pas être simple car après tout, le seul désagrément de ce travail est la tenue!

Je suis bien payée, les heures ne sont pas nombreuses et je suis logée dans une chambre de l'hôtel d'en face. Bon, c'est pas la meilleure chambre mais quand on se retrouve SDF du jour au lendemain, on est peu regardant sur la qualité du foyer qui nous héberge.

Juste reconnaissant, très reconnaissant.

Shane avait été adorable avec moi, il avait parlé à Jared mais il n'en fallait pas beaucoup pour le convaincre de me prendre, vu qu'il, je cite, "ne peut rien me refuser après ce que j'ai fait pour lui" Ouais... Bon, je pense surtout qu'il avait besoin d'une serveuse rapidement. Quoi qu'il en soit, maintenant j'ai un job alors qu'importe?

Je marche doucement dans les couloirs de l'hôtel pour éviter de tomber. Je me demande comment je vais tenir toute la nuit...

Allez courage! Je finirai bien par m'y habituer car en y repensant, ce n'est pas aussi horrible que ça... Cela aurait pu être bien pire!

Un peu plus tôt, la directrice m'avait demandé de la rejoindre dans son bureau pour la paperasse.

Quand je rentre dans l'immense pièce, je la trouve vide. En l'attendant, j'admire la décoration de goût.

Le meuble principal est en bois sombre, les murs, dont je ne vois pas la couleur, sont recouverts par une immense bibliothèque remplie de dossiers.

Le mur derrière le bureau est une baie vitrée d'où on peut voir la rue séparant l'hôtel du "Wonderland"

De mon perchoir, je peux regarder tout ce qui se passe. En partant des voitures qui roulent à une vitesse incroyable sur la chaussée jusqu'au groupe de jeunes qui se balade sur le trottoir profitant des derniers rayons de soleil.

Avant, moi aussi j'allais et venais gaiement avec mes amis. Mais ça, c'était bien avant la mort de mes parents.

Après c'était comme si tout mon monde s'était écroulé... Mes amis n'arrêtaient pas de s'excuser pour rien et petit à petit à s'éloigner de moi... Et je me suis vite retrouvée seule.

Seule. Seule pour toujours.

J'ai toujours détesté que les gens s'excusent quand ce n'est pas leur faute et qu'ils n'ont rien à voir avec tout ça.

On croirait qu'à chacun de leurs 《Je suis désolé》, ils voudraient juste s'excuser à quel point ils vous trouvent pathétique et que vous n'inspirez plus que pitié et rejet...

Comme si ça n'était pas assez dur pour vous, il faut qu'ils vous rappellent la chute que vous avez eu dans leur cercle social aussi...

La porte s'ouvrit alors sur la directrice, me sortant ainsi de mes pensées macabres.

《- Bonjour Alice.》

《- Bonjour madame.》

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READ MEWhere stories live. Discover now