Chapitre 1 : Black Birds

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La soirée se déroulait dans un petit bar qui avait été privatisé pour l'occasion. Je ne connaissais pas les lieux, sûrement un de ces endroits avec une queue interminable, sauf si on avait la chance d'attirer l'œil du vigile et je n'étais pas du genre à quémander pour une entrée.

La salle était assez peu peuplée. Les quelques personnes invitées avaient donc été des privilégiés, tout comme Moly. Ça semblait être une chance d'être ici. Après tout, il y avait Black Birds. Un des nombreux groupes qui avaient bercé mon adolescence boutonneuse. Moly m'avait fait découvrir ce groupe tout comme une multitude d'autre. Celui-ci avait étrangement attiré mon attention, sûrement à cause de leur univers obscur. J'avais fini comme toutes les gamines de mon âge à écrire leurs paroles sur mes cahiers... Puis l'âge adulte avait frappé à ma porte et comme on le sait tous, à cet âge-là, on ne pense plus aux fascinations pour quelques idoles...

Cependant, Moly n'avait pas l'air du même avis que moi, totalement excitée à l'idée de les entendre. Elle n'attendait vraiment que ça de la soirée. Elle aurait plutôt dû me l'annoncer comme ça au lieu d'une vulgaire fête du Nouvel An.

Elle s'empressa de prendre un verre et m'en tendit également un que je refusai aussitôt.

— Si on commence déjà à boire maintenant, on va mal finir la soirée, tentai-je de la raisonner.

— Hum... Tu as raison. Alors ça sera toi qui conduis ! me désigna-t-elle en buvant d'une traite mon verre.

— Moly... Je n'ai pas de permis. C'est impossible, l'interrompis-je immédiatement dans son délire.

— Pourquoi tu ne passes pas ton permis toi ? Je l'ai eu à mes seize ans ! Tu aurais dû faire pareil ! lança-t-elle d'un ton à la fois réprobateur et amusé.

Je ne savais vraiment plus sur quel pied danser avec elle en ce moment. En tout cas, je savais juste que je l'énervais et dans le fond, c'était peut-être suffisant.

Moly finit par s'éloigner de moi, allant voir des personnes qu'elle voyait peu selon ses dires, et je n'avais aucunement envie de la rejoindre. En fait, je ne voulais pas jouer l'hypocrite. Mon quota de mensonges allait bientôt atteindre sa limite.

Puis j'eus l'impression que rester dans un coin à fixer les autres me ferait passer pour quelqu'un d'étrange, alors je me décidai à marcher à travers la salle en espérant m'occuper un peu, une façon de passer le temps. J'aurais vraiment dû prétexter être malade... Enfin, je l'avais peut-être un peu trop souvent utilisé ce mensonge...

Ayant fait rapidement le tour et n'ayant trouvé personne à qui parler – même si je n'étais pas du genre très bavarde –, je m'éloignai de la foule, voulant retoucher mon maquillage, et m'engouffrai dans un couloir devant mener aux toilettes. Évidemment, l'interminable queue aux toilettes des femmes était là... À quoi je m'attendais après tout ? C'est toujours comme ça... Va savoir pourquoi d'ailleurs. Je jetai un bref coup d'œil aux toilettes des hommes. Dans le fond, je n'avais besoin que d'un miroir et aucun homme ne râlait parce qu'une femme se trouvait au mauvais endroit, au contraire.

Tout en me fichant des regards dédaigneux, je me rendis dans les toilettes du sexe opposé. Je posai mon sac sur le rebord du lavabo et me penchai vers le miroir pour retoucher mon rouge à lèvres écarlate. Ensuite, je remis brièvement ma chevelure en place. Pourquoi se pomponner pour une stupide soirée ? Aucune idée. Je cherchais juste une occupation depuis tout à l'heure. Et je n'avais rien contre l'idée de le faire juste pour moi-même.

Une fois ça fait, je rangeai toutes mes affaires dans mon sac jusqu'à être interrompue par une voix grave et suave que je connaissais si bien.

— Que fait une si jolie femme dans les mauvaises toilettes ? demanda-t-il d'un air joueur.

Les Lâches vautoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant