Chapitre dix-sept

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Je m'en doutais. Je savais que je referais ce rêve. C'était comme ça, un rêve par jour. Et je me doutais qu'il arriverait dans la voiture. Pour une fois, j'étais plutôt "contente" de pouvoir de nouveau voir quelque chose. Cette histoire avec Chrystal me faisait peur, je voulais en savoir plus, la voir, comment allait-elle ?

Mais ce que je voyais, est-ce-que ça se passait au moment actuel de mon rêve ou bien était-ce ce qu'il allait se passer, pour quelqu'un, je ne sais quand ?

Pour Eléonore... Pour Eléonore c'était ce qu'elle voyait. J'en avais déduit, que c'était ce qu'elle voyait. Serais-je à chaque fois à la place d'un autre ? Ou est-ce que pour cette vision là, c'était de mon point de vue ?

Arrêterais-je de rêver, le jour où ça se passera ?

Trop de questions me trottaient en tête, et pourtant, je n'avais pas le temps de m'y attarder pour l'instant : le rêve se déroulait sous mes yeux, et je n'y prêtai aucune attention.

Chrystal était encore là, au même endroit qu'à mon rêve précédent. Mais cette fois-ci, elle dormait, ou du moins, essayait. Elle gigotait dans tous les sens, sans doute dû à un mauvais rêve ? Ses bras, attachés derrière son dos étaient rouges griffés et entaillés, décorés par d'énormes hématomes, sans doute suite à ses vaines tentatives de se libérer de ses menottes. Soudain, des bruits de pas lents et durs se firent entendre, tandis que ma vision se rapprochait de la cellule de l'Empathe.

Il y eu un rire, ou plutôt, un ricanement amer, ce qui réveilla Chrystal, en sursaut. Elle me regarde, moi, ou n'importe qui d'autre se tenant à ma place. Je la vois, maintenant, exactement comme elle l'était dans mon premier rêve. Ses pieds repliés sous elle, son visage crasseux et inquiet, me demandant d'un seul regard de fuir... Puis la décharge.


Je me réveille, cette fois encore, en sursaut.

La voiture est en arrêt. Je ferme les yeux.

Les visages de chaque garçon présent dans la jeep –sauf Matthieu...- sont tournés vers moi. Je passe d'un visage à l'autre, sans comprendre. Tiago, lui, est à la fenêtre, la tête entre ses grandes main, comme s'il n'en croyait pas ses yeux, ses oreilles, ou peu importe. Je déglutis.

- O-on est arrivés ? je demande le front plissé.

- Oui, répond alors Damon, en regardant par terre, la mâchoire serrée.

- Cassandre tu... commence Tristan.

- Tu as rêvé, l'interrompt Tiago, en relevant la tête, les yeux rouges, montrant qu'il avait pleuré, ou presque.

Je les regarde un à un. Comment l'avaient-ils su ? Mon regard se pose sur Tristan, une lueur inquiète traversant ses yeux. Une goutte de sueur perle sur son front.

- Tu...

- J'ai vu ce que tu as vu, oui, commence Tristan les yeux baissés. Enfin, c'est en voyant que tu t'agitais, dans ton sommeil. J'ai commencé à essayer de comprendre ce qu'il se passait. On n'arrivait pas à te réveiller. Ça fait trois heures, Cassandre. Trois heures que tu rêve, et qu'on n'arrive pas à te faire reprendre conscience.

Il relève son regard vers moi, puis, regarde brièvement Aaron.

- Il nous a raconté ton rêve, en entier, durant le trajet, poursuit Damon. On a dû le raconter à Tiago, une fois arrivés.

Ceci expliquait la réaction de Tiago, et ses rougeurs sous les yeux. Je me mords les lèvres, désolée. Il redresse sa main et agite sa paume en fermant les yeux, comme s'il ne voulait rien savoir, et détourne la tête, s'en retournant à sa moto, pour commencer à décharger ce qu'il portait, lui, ce qu'il y avait dans le coffre. Matthieu ouvre sa portière et le suis, sans m'adresser un regard.

Regard NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant