Chapitre neuf

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Le piaillement des oiseaux me fait fait rouvrir les yeux. La douce chaleur du soleil levant me caresse la peau. Si je pouvais voir, je plisserais les yeux sous leurs effets pour mes pupilles.

J'étais toujours dans ma chambre. Dans mon petit cocon habituel. J'irais au lycée dans un peu plus d'une heure. En réalité, tout dépendais de l'heure qu'il était. Eléonore viendrais me réveiller, ou plutôt toquer à ma porte. J'irais prendre mon petit déjeuner, puis me laver, m'habiller...

Puis je me souvins. Tout défila dans ma tête en quelques secondes. La sensation de chaque instant. Rien de plus. Rien de moins.

Mes dix-huit ans. Maman. Eléonore. Matthieu. Sa main. Sa présence. Le débarras. Eléonore. La manière dont je l'ai vu. La bête. L'odeur de Damon. Sa présence rassurante. Les cris de la bête. La voix de Chrystal.

N'avais-je donc pas rêvé ? Ou peut-être que si, justement. Peut-être n'était-ce qu'un rêve. Un songe dans lequel j'aurais vraiment été moi. Dans lequel j'aurais vraiment été une aveugle.

J'entendais quelqu'un s'activer dans la cuisine. Maman ? Ou peut-être que c'était aujourd'hui, mon anniversaire, que c'était aujourd'hui que j'aurais dix-huit ans. Et que c'était réellement un rêve. Un simple rêve. Un rêve normal. Un rêve que toute jeune fille de mon âge aurait pu faire, avec la vue en plus.

La porte grince. Tout comme dans mon rêve, des pas calmes. Mais pas de chant d'anniversaire. Juste quelqu'un, qui s'assoit sur mon lit, faisant légèrement s'affaisser le matelas. Une main douce sur mon épaule. Une main rassurante. Une main avec une odeur de tabac. Une main grande, grosse. Une main d'homme. Damon.

- Tu es réveillée, lovely ?

Je ne réponds pas tout de suite. Le simple fait de savoir que Damon était réel. Qu'il n'était pas le fruit de mon imagination. Que tout était réel. Que tout ce qu'il s'était passé hier était vrai. Qu'Eléonore était morte. Que ma mère n'était pas ma mère. Que mon père était peut-être vivant. Que ma grand-mère était morte pare qu'elle voyait l'avenir dans ses rêves. Le groupe d'Empathe...

- Oui.

- Je t'ai apporté ton déjeuner.

Je déglutis. Matthieu ? Chrystal ? Où étaient-ils ? Que faisaient-ils ? Que leur était-il arrivé ? Que s'était-il passé, cette nuit, pendant que je dormais, sans avoir été au pays des songes ?

- Matthieu et Chrystal dorment encore. Ils sont tombés comme des masses. On saura maintenant que la seule manière de leur faire cesser leurs gamineries c'est de leur faire faire une sieste. Avec vous trois, j'aurais vraiment l'air physiquement d'un père de famille, si ça continue. Vous me fatiguez pas mal, dit-il d'un ton taquin.

- Tu lis dans mes pensées ? je demande sérieusement.

- Je suis un Empathe, Cassandre.

- Mais... Je ne peux pas faire ça, moi !

- Si tu peux. Tu viens juste de te réveiller et je suis actuellement sain d'esprit !

- Je suis sainte d'esprit !

- Tu te poses beaucoup trop de questions malheureuses. On pourrait croire que tu as l'impression qu'ils sont morts !

- Qu'est-ce que tu as senti quand je me posais toutes ces questions ?

- L'anxiété, la panique, comme quand tu as réalisé que ta sœur était morte. Mais ton regard cherchait quelque chose. Malgré toi, tu contrôles la direction d'où vont tes yeux. J'en ai déduit que tu avais l'impression que les autres étaient morts.

Regard NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant